Le 17 novembre 2023, une annonce historique a émergé du Tadjikistan, pays montagneux et isolé d’Asie centrale. Le gouvernement a déclaré son intention de relier ses réseaux de télécommunication à ceux de la Chine voisine, un geste symbolisant non seulement un progrès technologique mais aussi un rééquilibrage géopolitique notable dans la région.
Le Tadjikistan, l’une des républiques les plus pauvres de l’ex-Union soviétique, est confronté à un défi majeur : celui de la connectivité. Dominé par des paysages montagneux couvrant 93% de son territoire, le pays a l’un des accès Internet les plus lents et les plus coûteux au monde. Cette situation entrave gravement le développement économique et social, laissant seulement 22% de la population tadjike accéder à Internet en 2017, selon la Banque mondiale.
L’accord avec la Chine promet la création de lignes de communication internationales à haute vitesse, un développement crucial pour le Tadjikistan. Cette avancée s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large de construction d’une autoroute reliant Douchanbé, la capitale tadjike, au poste-frontière de Kulma dans les montagnes du Pamir, marquant ainsi une étape significative vers l’ouverture du pays sur le monde extérieur.
Parallèlement à ces avancées technologiques, le Tadjikistan, sous la gouvernance du président Emomali Rahmon depuis trois décennies, semble opérer un virage stratégique en s’éloignant de la Russie. Historiquement, les relations entre Douchanbé et Moscou étaient étroites, en grande partie dues à la dépendance économique du Tadjikistan envers les transferts d’argent des migrants tadjiks en Russie. Cependant, le conflit en Ukraine a incité le Tadjikistan à diversifier ses alliances, choisissant de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Cette décision du Tadjikistan de se connecter avec la Chine pourrait donc marquer un tournant dans son histoire, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités économiques et renforçant son indépendance politique. Toutefois, il reste à voir comment cette initiative influencera les dynamiques régionales à long terme, notamment en termes de liberté numérique et de dépendance technologique.