La Garde nationale ouzbèke, longtemps reléguée à un rôle secondaire, connaît aujourd’hui une transformation majeure, devenant un acteur clé de la sécurité intérieure du pays. Cette évolution soulève à la fois des espoirs de stabilisation et des inquiétudes quant à l’avenir de la gouvernance en Ouzbékistan.
La Garde nationale, créée en 1992 au sein du ministère de l’Intérieur, a initialement bénéficié d’une définition large de ses fonctions, incluant la protection de l’indépendance du pays, des droits constitutionnels, et de l’intégrité territoriale. Sous la présidence de Shavkat Mirziyoyev, l’agence a subi une restructuration significative, concentrant ses responsabilités sur le maintien de l’ordre public, la protection du président et de certains actifs gouvernementaux, ainsi que la lutte contre le terrorisme.
Cette restructuration s’inscrit dans un contexte où la Garde nationale prend le relais de l’ancien Service de sécurité nationale, longtemps redouté pour ses abus. Depuis 2017, la Garde est dotée d’un statut indépendant et son mandat s’est élargi, incluant désormais la défense des intérêts étatiques et privés, la participation à la prévention du terrorisme et de l’extrémisme, et le contrôle des armes. La capacité de mener des enquêtes préliminaires, de détenir et de retenir des individus a également été ajoutée à ses prérogatives, témoignant d’une expansion significative de son pouvoir.
Cette montée en puissance s’accompagne d’une collaboration internationale croissante. Récemment, la Garde a entamé une coopération avec la Gendarmerie turque, qui inclut un programme de formation pour le personnel de la Garde nationale ouzbèke. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre d’un accord plus large entre l’Ouzbékistan et la Turquie, visant à renforcer les liens militaires et de renseignement, et éventuellement, à partager des renseignements sur des pays tiers considérés comme nuisibles à leurs intérêts mutuels.
Toutefois, cette évolution n’est pas exempte de controverses. La Garde nationale, désormais dirigée par Bakhodir Tashmatov, ancien ministre adjoint de la Défense, et son adjoint Batyr Tursunov, ancien membre du KGB, doit faire face à des accusations de corruption et de pratiques douteuses. Un incident récent, impliquant un membre de la Garde plantant un couteau dans un club de karaoké pour incriminer le propriétaire, met en lumière les défis persistants auxquels l’institution est confrontée.
En conclusion, bien que la Garde nationale ouzbèke gagne en importance et en capacité, la voie vers une sécurité intérieure renforcée est semée d’obstacles. La collaboration avec la Turquie et d’autres nations peut certes apporter un savoir-faire et une expertise précieuse, mais il reste essentiel de surveiller de près l’évolution de cette force en matière de droits humains et de pratiques éthiques, afin d’assurer un équilibre entre sécurité et liberté civile.