Antilope saïga : le Kazakhstan entend bien chasser cette espèce en danger critique
antilope saïga

Alors que l’antilope saïga est une espèce classée en danger critique par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Kazakhstan souhaite la chasser afin de vendre ses précieuses cornes.

L’antilope saïga, une espèce mise à mal par la chasse

L’antilope saïga, une espèce majestueuse, dont l’habitat se situe majoritairement dans les steppes du Kazakhstan, fait face à une menace existentielle : sa population mondiale est passée de plus d’un million dans les années 1970 à seulement 50.000 individus aujourd’hui, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette espèce est victime d’une intense pression de chasse pour sa viande et surtout pour ses cornes, qui sont extrêmement prisées dans la médecine traditionnelle chinoise en raison de prétendues propriétés curatives. Seuls les mâles portant des cornes, les braconniers avaient fait le choix de la chasse sélective, laquelle a créé un déséquilibre dans la population, perturbant le ratio des sexes et provoquant des échecs de reproduction.

Face à la menace pesant sur l’antilope saïga, l’UICN a lancé un appel pressant à la conservation de cette espèce en danger critique. Elle préconise le renforcement des lois anti-braconnage, l’application rigoureuse de la législation existante et l’extension des zones protégées pour préserver l’habitat naturel de la saïga. Ces mesures visent à enrayer le déclin de l’espèce et à permettre une récupération de sa population.

Le Kazakhstan va à contre-courant des injonctions de l’UICN

Toutefois, la politique du Kazakhstan vis-à-vis de l’antilope saïga est ambiguë. Le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles du Kazakhstan, Erlan Nysanbayev, a récemment annoncé des projets controversés concernant les cornes de saïga. Le Kazakhstan entend en effet chasser cette espèce protégée afin de vendre ses cornes à l’export. Et cela, en dépit de l’interdiction au niveau international du commerce de dérivés des saïgas. Le ministre a annoncé que des négociations étaient même en cours avec l’UICN pour lever cette interdiction.

Le Kazakhstan n’hésite cependant pas à chasser dès à présent les saïgas, prétextant d’une « régulation de la population ». Le pays est même à tel point confiant en sa capacité à vendre prochainement ces cornes qu’il les stocke déjà. C’est l’entreprise publique « Ohotzooprom » qui s’en charge, a fait savoir le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Erlan Nasynbaïev, le 9 novembre 2023.

L’antilope saïga, une espèce très recherchée par la médecine traditionnelle chinoise

Les cornes de l’antilope saïga ont une longue histoire d’utilisation dans la médecine traditionnelle chinoise, remontant à des siècles. Elles sont considérées comme un ingrédient précieux et rare, prisé pour leurs prétendues propriétés curatives. Dans la médecine chinoise, on estime que les cornes de saïga peuvent avoir des effets bénéfiques sur la circulation sanguine, la réduction de l’inflammation, le renforcement du système immunitaire et même la guérison de certaines affections graves. Elles sont souvent broyées en poudre ou utilisées pour préparer des décoctions médicinales. Cependant, il est important de noter que ces allégations de propriétés curatives n’ont pas été scientifiquement prouvées, et il n’existe aucune preuve solide de leur efficacité médicale.

La politique du Kazakhstan vis-à-vis de l’antilope saïga illustre un dilemme complexe entre la conservation d’une espèce en danger critique et les avantages économiques potentiels. L’avenir de l’antilope saïga est entre les mains du Kazakhstan…

Illustration par wirestock sur Freepik

Newsletter

Pour rester informé des actualités de l’Asie centrale