Dans le vaste échiquier géopolitique de l’Asie centrale, le Kirghizistan se trouve confronté à une question épineuse : celle du rapatriement de ses ressortissants partis combattre aux côtés de groupes djihadistes. Une démarche complexe, où se mêlent enjeux humanitaires, sécuritaires et diplomatiques.
Les dilemmes kirghizes
Au cœur de l’Asie centrale, le Kirghizistan est confronté à un défi de taille. En effet, ces dix dernières années, quelques centaines de ses citoyens ont rejoint les rangs de groupes djihadistes en Syrie et en Irak. Ces combattants, loin de leur terre natale, se sont retrouvés pris au piège dans des camps de détention kurdes après la défaite de l’État islamique.
Face à cette situation, le Kirghizistan, poussé par des considérations humanitaires, a pris la décision audacieuse de rapatrier ses ressortissants. Toutefois, cette démarche, bien que louable, n’est pas sans risques. En effet, le retour de ces combattants sur le sol kirghize soulève de nombreuses interrogations sécuritaires. Comment garantir que ces individus, une fois de retour, ne constitueront pas une menace pour la société ? Comment s’assurer de leur réintégration réussie ?
Le Tadjikistan, un exemple voisin
À titre comparatif, le Tadjikistan, pays voisin du Kirghizistan, est également confronté à la question du rapatriement de ses djihadistes. Récemment, les autorités tadjikes ont annoncé le retour d’une centaine de femmes et d’enfants depuis la Syrie. Ces derniers avaient rejoint des organisations djihadistes et se sont retrouvés, à l’instar des Kirghizes, dans des camps de détention kurdes.
Le Tadjikistan, malgré sa proximité géographique avec des zones à risque comme l’Afghanistan, a adopté une politique de rapatriement proactive. Une loi d’amnistie a été mise en place en 2018, permettant non seulement le retour des femmes et des enfants, mais aussi des combattants. Cependant, si des terrains ont été alloués à ces revenants pour recommencer une nouvelle vie, la réinsertion s’avère complexe et insuffisamment organisée sur le long terme. Cette démarche de rapatriement est également perçue comme un moyen de mieux surveiller et ficher ces individus.
Le Kirghizistan, en décidant de rapatrier ses djihadistes, s’engage dans une voie semée d’embûches. Entre enjeux sécuritaires, diplomatiques et humanitaires, le pays doit trouver un équilibre délicat pour garantir la sécurité de sa population tout en respectant ses obligations internationales. Un défi auquel des pays européens, comme la France ou la Belgique, sont aussi confrontés.