Fidèle à sa stratégie visant à renforcer son industrie manufacturière et à réduire sa dépendance aux exportations de matières premières, le Kazakhstan vient d’annoncer la construction d’un vaste complexe textile dans la région de Turkestan. L’investissement, porté par un groupe chinois, doit permettre la création d’un site industriel complet, intégré et tourné vers l’export.
Un usine textile intégrée au cœur de la région de Turkestan
La future usine textile, dont le coût est estimé à 76 milliards de tenges, soit environ 150 millions d’euros selon les taux de change actuels, sera implantée dans la région de Turkestan, au sud du Kazakhstan. Cette localisation n’est pas anodine. Elle correspond à une zone historiquement agricole, disposant d’un fort potentiel de production de coton, matière première essentielle pour l’industrie textile.
L’accord d’investissement a été signé entre le ministre kazakhstanais de l’Industrie et de la Construction, Ersayın Nagaspaev, et Xu Jie, directeur général de la société Turkestan Textile, filiale du groupe chinois Lihua Group Co. Ltd. Ainsi, contrairement à des projets limités à une seule étape de transformation, cette usine textile ambitionne de couvrir l’intégralité de la chaîne industrielle, depuis la transformation du coton jusqu’à la fabrication de vêtements finis.
Par ailleurs, cette approche intégrée répond à un objectif clairement affiché par les autorités. En effet, le site produira non seulement du fil et des tissus, mais également des produits finis destinés au marché intérieur et à l’exportation. Cette structuration complète du cycle textile vise à capter davantage de valeur ajoutée localement, tout en réduisant les importations de produits transformés.
Le textile comme pilier d’un cluster industriel sino-kazakhstanais
Au-delà de l’usine annoncée, ce projet textile s’inscrit dans un plan plus large de création d’un cluster industriel coton-textile dans la région de Turkestan. L’investissement total prévu pour ce cluster dépasse 200 milliards de tenges, soit environ 395 millions d’euros. Ce programme est soutenu par un accord entre le Premier ministre kazakhstanais Olzhas Bektenov et le président du groupe chinois Xinjiang Lihua, Zhang Qihai.
Dans ce contexte, cette future usine textile constitue l’un des éléments centraux de ce dispositif industriel. Le cluster prévoit la construction de plusieurs unités industrielles couvrant l’ensemble de la filière, de la culture du coton à la confection. Ainsi, l’objectif est de créer une chaîne de valeur complète et cohérente, capable de fonctionner de manière autonome.
En outre, le développement du cluster textile repose sur des infrastructures lourdes. Le projet global inclut la mise en place de plus de 500 kilomètres de canaux d’irrigation ainsi que la construction de plus de 200 stations de pompage. Ces investissements doivent garantir un approvisionnement stable en coton, condition indispensable au fonctionnement continu des installations industrielles.
1.300 emplois devraient être créés grâce à cette future usine
Sur le plan industriel, les capacités annoncées soulignent l’ampleur du projet textile. L’usine devrait produire jusqu’à six millions d’articles par an. Ce volume place le futur site parmi les plus importants complexes textiles de la région, avec une orientation claire vers la production de masse.
En parallèle, l’impact social est également mis en avant par les autorités. Le projet permettra la création d’environ 1.300 emplois directs dans la région de Turkestan. Ce chiffre est significatif pour une zone où l’industrie reste moins développée que dans le nord du pays. De plus, les autorités estiment que l’écosystème textile générera de nombreux emplois indirects dans la logistique, l’agriculture et les services.
D’un point de vue macroéconomique, le développement de cette industrie textile répond à plusieurs objectifs stratégiques. D’une part, il s’agit de réduire les exportations de coton brut, historiquement importantes au Kazakhstan. D’autre part, il est question de renforcer les exportations de produits à plus forte valeur ajoutée, notamment vers les marchés régionaux et internationaux.
Enfin, la participation d’investisseurs chinois s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération industrielle entre Astana et Pékin. Le Kazakhstan cherche à attirer des capitaux étrangers capables d’apporter des technologies, des savoir-faire industriels et des débouchés commerciaux. Dans ce cadre, le secteur textile apparaît comme un levier pertinent, compte tenu des ressources agricoles locales et de la demande mondiale en produits manufacturés.
