Certains étrangers pourront bientôt recevoir des terrains au Kazakhstan
Certains étrangers pourront bientôt recevoir des terrains au Kazakhstan

L’État kazakhstanais prépare un changement sensible de sa politique foncière. En 2025, une réforme pourrait permettre à certains étrangers, issus de la diaspora kazakhe, d’obtenir gratuitement des terrains. Derrière cette annonce, c’est toute la question des kandas, de l’immigration et des équilibres régionaux qui est relancée.

Des terrains gratuits pour kandas : qui sont les bénéficiaires potentiels ?

Le 28 octobre 2025, un projet de modification du Code foncier a été rendu public au Kazakhstan. Il prévoit, pour la première fois, l’attribution de terrains à certains étrangers, en particulier aux kandas, ces Kazakhs de la diaspora titulaires d’un nouveau statut. Cependant, derrière cette ouverture, le cadre juridique reste strict, tandis que les autorités tentent, en parallèle, de répondre au déficit démographique et à la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs régions du pays. Cette réforme des terrains s’inscrit donc dans une stratégie migratoire et foncière de long terme.

Le projet de loi vise directement les kandas, terme officiel désignant les Kazakhs de souche nés à l’étranger et revenus s’installer durablement au Kazakhstan. Ainsi, ces rapatriés bénéficient déjà de plusieurs aides publiques, notamment pour le logement et l’insertion professionnelle. Désormais, en outre, le gouvernement souhaite leur permettre d’accéder à des terrains, sous certaines conditions. Toutefois, ces personnes restent juridiquement des étrangers tant qu’elles n’ont pas acquis la citoyenneté kazakhstanaise. De ce fait, l’attribution de terrains constituerait une avancée majeure. Par ailleurs, selon le média économique Kursiv, un régime juridique spécifique doit être introduit dans plusieurs codes, dont le Code de la migration, afin d’organiser cette nouvelle possibilité foncière.

Sur le plan démographique, les kandas représentent une population en croissance constante. Depuis le début de l’année 2025, 11.012 personnes ont obtenu ce statut. De plus, leur origine géographique est largement concentrée en Asie centrale et orientale. Ainsi, 45,7% viennent d’Ouzbékistan, donc du principal voisin du Kazakhstan, tandis que 42,1% arrivent de Chine, ce qui confirme l’importance des communautés kazakhes à l’étranger. En revanche, de plus petites parts proviennent du Turkménistan, de Russie et de Mongolie, toujours selon la même source. Toutefois, en dépit de leur poids croissant, l’accès aux terrains restait jusqu’ici limité, ce qui explique l’ampleur du débat actuel.

Terrains et droits fonciers des étrangers : ce que la réforme change

Aujourd’hui encore, la législation du Kazakhstan interdit formellement aux étrangers, aux personnes sans nationalité et aux kandas de posséder des terres agricoles en pleine propriété. Ainsi, les droits fonciers restent étroitement encadrés afin de préserver le contrôle national sur les ressources stratégique. Toutefois, le nouveau projet prévoit une exception importante. Désormais, certains étrangers issus de la diaspora pourraient recevoir des terrains destinés à l’habitat individuel ou à un usage personnel non agricole. En effet, il ne s’agit pas d’ouvrir l’accès aux grandes exploitations, mais bien de faciliter l’installation durable. Cependant, ce changement viendrait modifier un équilibre juridique très sensible.

Concrètement, la réforme s’appuie sur un nouveau document officiel, une carte administrative délivrée à certains représentants de la diaspora. Au 1er octobre 2025, 71 cartes ont déjà été émises pour un total de 153 bénéficiaires. En outre, ces bénéficiaires sont considérés comme des Kazakhs étrangers n’ayant pas encore obtenu la nationalité, mais intégrés dans un régime juridique transitoire. Ainsi, l’État souhaite renforcer leur enracinement par l’accès aux terrains. Toutefois, la réforme ne concerne pas l’ensemble des étrangers présents au Kazakhstan. Bien au contraire, seuls les kandas relevant de ce nouveau statut seraient concernés, ce qui limite fortement la portée immédiate de la mesure.

L’attribution de terrains, un levier de plus dans l’attractivité du Kazakhstan pour les kandas

Au-delà de la dimension juridique, la politique des terrains répond aussi à une logique territoriale. Depuis plusieurs années, les autorités orientent l’installation des kandas vers les régions en manque de main-d’œuvre. Ainsi, les nouveaux arrivants sont encouragés à s’établir dans les régions d’Akmola, d’Abai, de Kostanaï, de Pavlodar, d’Atyraou, ainsi que dans plusieurs zones du nord et de l’est du pays. Par conséquent, l’attribution de terrains pourrait devenir un outil majeur de rééquilibrage démographique. Toutefois, ce mécanisme suppose un encadrement précis, car l’implantation durable dépend aussi de l’accès à l’emploi, aux infrastructures et aux services publics, en plus du foncier.

La structure sociale des kandas confirme d’ailleurs cette orientation économique. Il faut savoir que 58,4% des arrivants sont en âge de travailler, tandis que 32,8% sont mineurs et 8,8% seulement des retraités. En outre, leur niveau de formation est relativement diversifié. Ainsi, 15,3% disposent d’un enseignement supérieur, 28,4% d’un enseignement secondaire spécialisé, 50,6% d’un enseignement secondaire général et 5,7% n’ont pas de diplôme formel. Dès lors, l’accès aux terrains ne constitue pas seulement une politique de logement, mais aussi un levier économique. Cependant, l’État devra désormais arbitrer entre ouverture foncière, sécurité juridique et stabilité sociale, car les enjeux liés aux terrains dépassent largement la seule question migratoire.

Par Païsiy Ukhanov
Le 10/29/2025

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