Le 4 décembre 2025, le président de l’Ouzbékistan a admis que des décennies de culture du coton dans son pays avaient été menées « sans science », provoquant des rendements médiocres et des souffrances pour des millions de travailleurs. Ses déclarations marquent un tournant symbolique dans le débat sur l’avenir de l’industrie du coton en Ouzbékistan.
Industrie du coton : Shavkat Mirziyoyev fait un constat sans détour
Lors de sa visite dans la région de Syrdaryo début décembre 2025, le 4 décembre précisément, Shavkat Mirziyoyev a fait des déclarations fortes sur l’état passé de la production cotonnière dans le pays. Ces propos relancent le débat sur l’industrie du coton en Ouzbékistan, son héritage et ses transformations récentes.
Lors de cette visite dans la région de Syrdaryo, le président a attaqué violemment les anciennes méthodes de production de coton. « Notre vie est passée en vain à cause du coton. Nous avons souffert 27 ans à cause de ce coton, tout le monde travaillait dans les champs, mais nous n’avons jamais réussi », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’il n’y avait jamais eu de « science » dans la culture du coton — pas de méthodes modernes, pas d’appui technique, pas d’équipements adéquats. Résultat : la récolte n’atteignait même pas 25 quintaux par hectare. Pour illustrer le contraste, il a mentionné que lors de sa visite dans une autre région (Jizzakh), il avait rencontré un fermier qui avait réussi à obtenir 85 quintaux par hectare. Un autre participant à la rencontre a rapporté un rendement de 76 quintaux/ha — ce que Shavkat Mirziyoyev a qualifié de « miracle ».
Enfin, le président ouzbek a reconnu que pendant des années la production de coton ne couvrait même pas les coûts engagés : quasiment tout le travail et l’effort investi s’étaient avérés vains.
Coton : l’Ouzbékistan vise un rendement plus élevé en 2026 grâce aux fertilisants
Ces aveux interviennent dans un contexte de réformes ambitieuses autour de l’industrie cotonnière et textile en Ouzbékistan. Déjà, la fibre du coton produite dans le pays est désormais transformée à 100% au lieu d’être massivement exportée brute. Le secteur textile représente une part significative de l’économie nationale — sa transformation et son développement sont jugés cruciaux pour l’avenir économique du pays.
Pour 2026, le gouvernement a aussi fixé un objectif ambitieux : produire 4,5 millions de tonnes de coton, tout en modernisant les pratiques agricoles via l’introduction de technologies avancées, de fertilisation améliorée et un renforcement de la formation des agronomes.
Ainsi, les déclarations de Mirziyoyev ne sont pas simplement rhétoriques : elles s’inscrivent dans une stratégie plus large de restructuration de l’industrie cotonnière et textile, visant à moderniser les pratiques, améliorer la productivité, et transformer le coton en valeur ajoutée pour l’économie.
Un cadre moral et politique pour justifier les réformes en cours
Ces propos marquent sans doute un tournant symbolique. Premièrement, en dénonçant les méthodes de production d’hier — absence de science, inefficacité, pauvreté des récoltes — Shavkat Mirziyoyev ouvre la voie à une rupture nette avec le passé. Le simple fait de reconnaître publiquement ces défauts peut avoir un impact fort, tant sur la perception nationale que sur la confiance des investisseurs dans l’industrie du coton et du textile.
Deuxièmement, cet aveu offre un cadre moral et politique pour justifier les réformes en cours : modernisation, subventions, soutien aux agriculteurs, technologies nouvelles — tout cela paraît plus légitime après un constat d’échec assumé.
Enfin, c’est un signal envoyé à l’échelle internationale : en reconnaissant les erreurs passées, l’Ouzbékistan pourrait améliorer son image vis-à-vis des partenaires étrangers, des acheteurs de coton et des entreprises textile — à une époque où les marchés mondiaux attachent de plus en plus d’importance à la durabilité et aux conditions de production.
