À l’aéroport et à la gare centrale de Tachkent, l’Ouzbékistan s’apprête à déployer un dispositif inédit de lutte contre le VIH. D’ici fin 2025, des automates distribueront gratuitement des tests rapides, ciblant en priorité les voyageurs de retour de l’étranger, dans un contexte épidémiologique toujours préoccupant.
Comment fonctionneront les automates de tests VIH destinés aux voyageurs revenant de l’étranger
Le VIH reste un enjeu majeur de santé publique en Ouzbékistan, avec plusieurs milliers de nouveaux cas détectés chaque année. Pour renforcer le dépistage, les autorités sanitaires misent désormais sur un outil accessible, anonyme et entièrement automatisé, installé dans deux lieux stratégiques de la capitale.
Le dispositif repose sur l’installation de distributeurs automatiques de tests VIH dans l’aéroport international de Tachkent et à la gare ferroviaire centrale Nord. Ainsi, dès leur arrivée sur le territoire, les voyageurs pourront, d’une part, accéder facilement à un kit de dépistage et, d’autre part, l’utiliser en toute autonomie. Toutefois, pour éviter les détournements, il sera nécessaire de scanner une pièce d’identité au moment du retrait, non pour identifier la personne, mais afin de limiter la distribution à un seul test par individu. Par ailleurs, les autorités précisent que seules des données anonymisées, telles que l’âge et le sexe, seront conservées, sans sauvegarde des informations personnelles. Le VIH reste donc au cœur de cette organisation logistique rigoureuse.
Les tests distribués seront principalement des tests salivaires rapides de dépistage du VIH. Ainsi, contrairement aux examens sanguins classiques, ces tests ne nécessitent ni prise de sang ni présence d’un professionnel de santé. « Pour réaliser un test VIH à partir de la salive, la présence d’un soignant n’est pas requise. La personne peut se tester elle-même, le processus est très simple », a déclaré un représentant du Centre républicain de lutte contre le sida. Par conséquent, le dispositif repose sur l’auto-dépistage, ce qui permet de lever plusieurs freins liés à la peur, au temps d’attente et à la stigmatisation encore associée au VIH.
Pourquoi les autorités ciblent le VIH chez les personnes revenant de l’étranger
Si ces distributeurs concernent l’ensemble de la population, ils ciblent néanmoins en priorité les personnes revenant de l’étranger. En effet, entre 3.000 et 4.000 nouveaux cas de VIH sont détectés chaque année en Ouzbékistan. Or, parmi ces nouvelles contaminations, entre 30 et 35% concernent des citoyens récemment revenus d’une migration de travail. Ainsi, les flux migratoires constituent, désormais, l’un des principaux vecteurs indirects de diffusion du VIH dans le pays.
Face à cette situation, les autorités sanitaires estiment qu’un dépistage plus fréquent est indispensable. « Compte tenu de la situation épidémiologique actuelle, nous devons examiner plus souvent les citoyens revenant de l’étranger », a déclaré le responsable du Centre anti-sida. Ainsi, tout en renforçant la prévention, ce dispositif permet également d’améliorer la détection précoce du VIH, enjeu décisif pour limiter la transmission et faciliter la prise en charge médicale.
Atteindre des personnes souvent éloignées des structures médicales classiques
Les statistiques publiées dans les médias nationaux soulignent un autre phénomène majeur. Environ 80% des nouvelles infections au VIH en Ouzbékistan seraient liées à des contacts sexuels. Ainsi, bien que la transmission par voie sanguine existe toujours, notamment à travers l’usage de matériel contaminé, la dynamique actuelle de l’épidémie est avant tout liée aux comportements sexuels à risque, ce qui renforce la nécessité d’une prévention ciblée.
Dans ce contexte, les automates de dépistage ne constituent qu’un maillon d’une stratégie plus large de lutte contre le VIH. D’une part, ils facilitent l’accès au test pour des personnes souvent éloignées des structures médicales classiques. D’autre part, ils permettent d’atteindre des publics qui, par crainte ou méfiance, évitent les consultations en centre spécialisé. Le projet est lancé en mode pilote afin d’en évaluer l’efficacité avant une éventuelle extension à d’autres régions du pays.
Accessibilité, anonymat et gratuité, les trois piliers de ce programme de dépistage
Depuis plusieurs années, l’Ouzbékistan renforce progressivement sa politique de lutte contre le VIH. En parallèle du dépistage hospitalier, les autorités développent des outils de proximité afin de toucher les populations les plus exposées. À ce titre, les distributeurs automatiques représentent une évolution majeure, car ils associent accessibilité, anonymat et gratuité, trois leviers essentiels dans la prévention des maladies infectieuses.
Par ailleurs, le choix de l’aéroport et de la gare n’est pas anodin. Ces deux plateformes concentrent quotidiennement des milliers de voyageurs, y compris des travailleurs migrants de retour de Russie, du Kazakhstan ou de Turquie. Ainsi, en combinant prévention, dépistage rapide et orientation vers les structures de soins si nécessaire, l’État ouzbek entend réduire les retards de diagnostic du VIH, souvent responsables d’une aggravation des formes cliniques et d’une poursuite silencieuse de la transmission.
Déploiement du dispositif VIH et perspectives nationales
Le calendrier fixé par les autorités prévoit l’installation des automates d’ici fin 2025. Toutefois, à ce stade, il s’agit d’une phase pilote. Les résultats du dispositif seront donc analysés, notamment en termes de nombre de tests distribués, de taux de positivité et de recours aux structures médicales après un dépistage positif. Les autorités souhaitent ainsi mesurer concrètement l’impact de cette innovation sur la dynamique du VIH.
À terme, si l’expérience s’avère concluante, le ministère de la Santé pourrait étendre ce système à d’autres gares, aéroports régionaux, voire à certains centres commerciaux. Une telle généralisation permettrait alors d’ancrer durablement le dépistage rapide du VIH dans les pratiques quotidiennes de la population. L’enjeu est clair : transformer un test ponctuel en un réflexe de santé publique.
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