Les trains entre Tachkent et Samarcande s’apprêtent à changer de dimension. Alors que la liaison ferroviaire actuelle atteint ses limites, l’Ouzbékistan prépare une nouvelle ligne à grande vitesse capable de relier les deux grandes métropoles en seulement 1h30, transformant en profondeur les équilibres du transport national.
Les trains actuels sur le chemin de fer entre Tachkent et Samarcande montrent leurs limites
Le 19 novembre 2025, lors d’une table ronde, le ministère des Transports de l’Ouzbékistan a dévoilé les contours d’un ambitieux projet de trains à grande vitesse entre Tachkent et Samarcande. Cette annonce marque une nouvelle étape dans la modernisation du chemin de fer national et dans la structuration d’un réseau ferroviaire plus rapide, plus fluide et mieux séparé entre voyageurs et marchandises.
Aujourd’hui, les trains assurant la liaison entre Tachkent et Samarcande circulent sur une infrastructure héritée de plusieurs phases de modernisation successives. Toutefois, malgré les améliorations techniques, le chemin de fer doit désormais absorber simultanément le trafic voyageurs et le fret. Or, selon le ministère des Transports, cette cohabitation n’est plus optimale. En effet, la priorité donnée aux trains de voyageurs pénalise régulièrement les convois de marchandises, ce qui freine la performance globale du système ferroviaire. Par conséquent, les autorités estiment que la séparation des flux est devenue une nécessité stratégique pour la liaison ferroviaire.
Dans cette optique, des efforts intermédiaires sont néanmoins engagés. La capacité de la ligne actuelle Tachkent–Samarcande doit être augmentée de 20%. Cependant, malgré cette hausse annoncée, les trains continueront à se partager la même infrastructure, ce qui limite mécaniquement la fiabilité, la régularité et les marges d’exploitation du chemin de fer. Dès lors, et compte tenu de la croissance rapide de la demande, une nouvelle solution ferroviaire dédiée s’est imposée dans le débat public.
Les trains de la nouvelle liaison ferroviaire promettent des performances inédites
Le projet désormais officialisé prévoit la construction d’une ligne entièrement nouvelle dédiée aux trains à grande vitesse. Le tracé reliera Tachkent à Samarcande en visant un temps de parcours de seulement 1h30. De plus, la future liaison ferroviaire desservira directement le nouvel aéroport international de Tachkent avant de rejoindre le cœur de Samarcande. Cette configuration doit renforcer l’interconnexion entre transport aérien et ferroviaire, tout en fluidifiant les déplacements régionaux.
Trois scénarios techniques ont été présentés par l’entreprise sud-coréenne Saman Engineering. La première option affiche une longueur de 282 kilomètres, un temps de trajet de 1h26 et une vitesse moyenne de 185,7 km/h, avec 74 ponts et trois tunnels totalisant 8,9 kilomètres. La deuxième option prévoit 291,7 kilomètres, un parcours en 1h33 à 179,4 km/h, avec 82 ponts et un tunnel long de 16 kilomètres. Enfin, une troisième option dépasserait 302 kilomètres pour un temps estimé à 1h45, avec 105 ponts et deux tunnels totalisant 9,6 kilomètres. Dans tous les cas, les trains franchiraient un saut technologique majeur par rapport à l’offre actuelle.
Les trains à grande vitesse au cœur d’une stratégie ferroviaire nationale
Derrière ce projet, l’État ouzbek affiche une volonté claire de transformation du système ferroviaire. « Il est important de construire une ligne spéciale à grande vitesse », a déclaré Jasurbek Choriev, vice-ministre des Transports. Cette prise de position officielle confirme que les trains rapides sont désormais considérés comme un pilier structurant du futur du transport national. En parallèle, l’étude de faisabilité du projet est financée par la Korea Eximbank,, ce qui témoigne de l’intérêt international pour cette nouvelle liaison.
Sur le plan opérationnel, le calendrier se précise. Le ministère des Transports annonce que l’étude technico-économique sera entièrement finalisée d’ici la fin de l’année 2025. À partir de janvier 2026 commencera la préparation des documents d’appel d’offre. Par ailleurs, six trains électriques du constructeur Hyundai Rotem doivent être livrés d’ici la fin de l’année 2025. Cette commande confirme que les autorités anticipent déjà l’exploitation concrète de la future liaison ferroviaire, au-delà de la seule phase d’étude.