Pour la première fois, les forces de sécurité du Tadjikistan ont neutralisé des contrebandiers venus d’Afghanistan grâce à un drone de fabrication nationale, une action qui marque un tournant majeur dans la lutte régionale contre le trafic de drogue depuis l’Afghanistan et fait office de jalon dans la surveillance frontalière du pays.
Une opération nocturne entièrement pilotée depuis le territoire tadjik
Dans la nuit du 20 au 21 novembre 2025, les forces du Comité d’État pour la Sécurité Nationale (GKNB) ont conduit une opération inédite contre un groupe armé de contrebandiers originaires de l’Afghanistan, utilisant pour la première fois un drone d’origine tadjike dans une action létale, annonce la télévision tadjike. Cette évolution technologique s’inscrit dans un contexte où le Tadjikistan, pays frontalier de l’Afghanistan sur plus de 1.300 kilomètres, renforce ses dispositifs face à un trafic transfrontalier de drogue en hausse, alimenté notamment par les réseaux afghans situés de l’autre côté du fleuve Piandj.
Les services de renseignement tadjiks (GKNB) ont détecté dans la soirée du 20 novembre 2025 les mouvements d’un groupe composé de sept individus provenant de l’Afghanistan. L’Afghanistan, déjà au centre de nombreux axes de contrebande, reste un foyer d’origine pour les trafics régionaux, ce qui rend ces infiltrations récurrentes. Grâce à cette observation initiale, les forces tadjikes ont pu suivre l’avancée des intrus, ce qui a facilité la préparation de l’intervention et renforcé les chances de succès
À 22h50, un drone de fabrication nationale a été déployé par les forces du GKNB. Son service presse met en avant la rapidité de la manœuvre, ce qui souligne combien l’Afghanistan reste un foyer majeur du trafic dans la région. « L’utilisation des drones a considérablement accru l’efficacité de l’opération », met en avant le GKNB. L’appareil télépiloté a localisé les contrebandiers peu après la traversée de la frontière, dans un secteur escarpé du district de Khamadoni, une zone connue pour les passages clandestins qui relient l’Afghanistan et le Tadjikistan par des itinéraires difficiles d’accès. Grâce à la vision nocturne embarquée, les opérateurs tadjiks ont pu agir rapidement et de manière coordonnée.
Un groupe afghan pris pour cible et des saisies massives de drogue
L’intervention menée sur la frontière avec l’Afghanistan a abouti à la neutralisation directe de deux individus, retrouvés morts le matin du 21 novembre. Le GKNB n’a pas précisé si les cinq autres membres du groupe avaient été interceptés ou s’ils avaient réussi à retourner en Afghanistan. Cependant, la découverte rapide des corps et du matériel abandonné démontre une désorganisation soudaine des trafiquants, probablement causée par la nature inattendue et technologique de l’intervention. Dans cette région frontalière où les réseaux liés à l’Afghanistan opèrent souvent en petites unités mobiles, ce type de réaction est courant lorsqu’une opération se déroule plus rapidement que prévu.
Sur place, les forces ont saisi cinq sacs contenant 116 paquets de drogue. Cette saisie montre l’ampleur du trafic en provenance de l’Afghanistan et l’importance stratégique de la région de Khatlon dans les flux transnationaux. En effet, depuis plusieurs années, ce secteur frontalier sert de voie majeure pour la circulation des produits stupéfiants vers l’Asie centrale puis l’Europe. L’Afghanistan, malgré les mutations politiques internes, demeure l’un des premiers producteurs mondiaux d’opiacés, ce qui renforce l’enjeu sécuritaire pour les États voisins.
Une première opération planifiée avec un drone et un tournant dans la doctrine sécuritaire
Le centre de presse du GKNB affirme qu’il s’agit de la première opération planifiée utilisant un drone de fabrication tadjike dans la pratique de la surveillance frontalière. Cette reconnaissance officielle souligne un changement d’échelle dans la stratégie du Tadjikistan face aux menaces provenant de l’Afghanistan, qui restent fortes en raison de la proximité géographique et de l’activité soutenue des réseaux de trafic. Cette évolution technologique vise à réduire la dépendance aux forces au sol, très sollicitées sur les zones montagneuses où les groupes afghans circulent avec agilité.
Le GKNB assure par ailleurs que ces drones, conçus et pilotés localement, ouvrent la voie à une surveillance plus précise de la frontière avec l’Afghanistan. Le fait que l’appareil soit national revêt une importance stratégique : cela réduit les coûts logistiques, permet un usage plus flexible et renforce la souveraineté technologique du pays. Avec un linéaire frontalier long et difficile à contrôler, le Tadjikistan cherche désormais à intégrer ces outils dans son dispositif permanent de surveillance.
Illustration www.freepik.com.