Depuis sa création en 2019 et son positionnement comme modèle de ville intelligente, Arkadag est au centre d’un projet politique et urbanistique majeur au Turkménistan. Or, en dépit des communications officielles sur la modernité des infrastructures, le média en exil Tukmen.news rapporte des opérations visant à réduire la population d’habitants n’ayant pas d’emploi dans la ville.
Arkadag : des délogements expéditifs des habitants sans emploi dans la ville
Comme le révèle le média en exil Turkmen.news, des descentes de police dans des appartements ont lieu en ce moment à Arkadag, et les habitants sans emploi dans la ville sont systématiquement évacués. En effet, selon ce récit, des camions stationnent en bas des immeubles pour accueillir les biens des habitants en vue de leur transport hors de la ville. Même des ambulances ont été mobilisées pour les personnes qui feraient soudain un malaise à l’annonce de la nouvelle.
Arkadag, vitrine d’un Turkménistan exemplaire ou son vrai visage ?
Arkadag a été pensée et promue comme une « ville intelligente », voulue moderne et connectée, avec un déploiement de 4G+ et des préparations au déploiement de la 5G, des logements neufs et des infrastructures estampillées « smart city », censés en faire une vitrine de la modernité nationale. De plus, le projet administratif s’est matérialisé par des transferts fonciers : en mars 2025, la mairie a entériné le transfert de 65 hectares depuis Ashgabat vers Arkadag.
Toutefois, malgré ces ambitions, plusieurs enquêtes et reportages indiquent que de nombreux logements restent inoccupés et que la population effective est bien inférieure aux projections : les estimations de capacité oscillent de 64.000 à 73.000 habitants selon différentes fiches et présentations, mais la réalité du peuplement apparaît plus réduite, avec des commerces peu fréquentés et des écoles partiellement vides, ce qui interroge la viabilité sociale et économique du modèle.
Peupler Arkadag de personnes travaillant sur place, synonyme de réussite du projet aux yeux du régime
Politiquement, Arkadag porte une double fonction : elle est à la fois vitrine technologique et instrument de légitimation politique, puisque son nom évoque le leader national, Gurbanguly Berdimuhamedov. Dès lors, l’emploi de mesures administratives de peuplement peut apparaître comme une façon de maîtriser non seulement l’ordre urbain mais aussi la représentation publique de la réussite du projet.
Historiquement, des évictions forcées et des relogements ont été documentés au Turkménistan, notamment à Ashgabat et dans les zones urbanisées, par des ONG de droits humains et par des médias d’investigation. À Arkadag, le régime recourt donc aux bonnes vieilles recettes déjà éprouvées.
