L’Ouzbékistan amorce une vaste refonte de son réseau ferroviaire, en combinant achats massifs de matériel roulant à grande vitesse et renouvellement stratégique de sa flotte de locomotives.
Un gigantesque programme de modernisation ferroviaire : 220 millions d’euros au total !
Dès décembre 2026, les six premiers trains électriques haute vitesse du constructeur sud-coréen Hyundai Rotem devraient commencer à arriver en Ouzbékistan. Ces rames, baptisées « Jaloliddin Manguberdi », sont destinées à circuler sur la ligne Tachkent–Urgench–Khiva à compter de 2026, et sont conçues pour atteindre une vitesse de 250 km/h, avec une capacité de 351 passagers répartis dans sept voitures. Cette mise en service permettra de ramener le trajet entre Tachkent et Khiva de 14 heures à environ 7h40.
Le financement de ces trains à grande vitesse repose largement sur un prêt consenti par l’Export-Import Bank de Corée. Pour un coût total de 220,03 millions d’euros, l’Ouzbékistan contribue à hauteur de 21,3 millions d’euros, tandis que les Chemins de fer d’Ouzbékistan apportent 13,5 millions d’euros, le reste étant financé sur 40 ans, avec 10 ans de période de grâce.
En parallèle, des discussions sont en cours pour localiser en partie la production de trains Hyundai Rotem sur place, dans l’usine de réparation de wagons à Tachkent, signe d’une volonté d’appropriation technologique.
L’Ouzbékistan ambitionne de faire doubler le volume de passagers ferroviaires
Mais la modernisation ne s’arrête pas aux trains rapides : l’Ouzbékistan a conclu un accord majeur avec le constructeur chinois CRRC Zhuzhou pour renouveler sa flotte de locomotives. Dans le cadre de ce contrat, CRRC fournira 38 locomotives neuves — électriques, diesel et de manœuvre — et procédera à la modernisation de 12 électro-locomotives déjà en service. Le contrat, d’un montant de 181 millions de dollars, prévoit des modalités de paiement échelonné jusqu’en 2034.
Ce virage stratégique s’inscrit dans un plan plus large d’expansion ferroviaire : l’Ouzbékistan envisage d’augmenter sa production annuelle de wagons, passant de 40 à 50 unités, et vise à fabriquer 250 nouveaux wagons passagers et 10.000 wagons de marchandises d’ici la fin de la décennie. S’y ajoutent plus de 6.000 wagons déjà existants qui seront remis en état.
Le vice-ministre des Transports, Jasurbek Choriev, indique que cette stratégie vise non seulement à doubler les volumes de passagers (de 10 à 20 millions par an), mais aussi à rétablir une cadence ambitieuse pour les trains de banlieue autour de Tachkent. Sur le plan infrastructurel, des projets électrification sont également en cours. Le tronçon Bukhara–Urgench–Khiva (465 km) a été entièrement électrifié, comme annoncé au printemps 2025. Par ailleurs, d’autres lignes sont prévues pour être électrifiées et modernisées, avec la construction de nouvelles sections et la rénovation de gares stratégiques.
L’ampleur de ces annonces témoigne d’un effort concerté pour hisser le mot-clé trains au cœur du développement économique ouzbek. En misant à la fois sur des technologies sud-coréennes de pointe pour les rames à grande vitesse et sur une collaboration de longue date avec la Chine pour les locomotives, l’Ouzbékistan affirme son ambition d’un réseau ferroviaire moderne, performant et intégré à ses plans de croissance à long terme.
