Au Tadjikistan, le gouvernement s’engage à renforcer sa politique de biodiversité en lançant l’élaboration d’une nouvelle « Stratégie nationale de conservation de la biodiversité ». Il s’agit d’un tournant de taille dans la gestion des écosystèmes et des ressources naturelles du pays, qui vise à articuler protection environnementale et développement durable dans un contexte politique, et pour un État riche en biodiversité.
Aligner les politiques nationales sur les cadres internationaux
Le Tadjikistan s’apprête à adopter, dès la fin 2025, une nouvelle feuille de route de sa politique en matière de biodiversité. La nécessité d’une mise à jour de la politique en matière de biodiversité s’impose en effet à plusieurs titres. Tout d’abord, l’état actuel des écosystèmes tadjiks — parmi les plus variés d’Asie centrale — appelle des réponses adaptées.
Ensuite, des dialogues régionaux ont souligné la nécessité d’aligner les politiques nationales sur les cadres internationaux — notamment la « Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework ». Ainsi, lors d’un forum tenu du 30 juillet au 1 août 2024 à Douchanbé, des intervenants ont affirmé que « les résultats du dialogue… contribueront à la préparation des documents correspondants des parties pour la prochaine Conférence des Parties ».
Par ailleurs, l’ancien document stratégique du pays datait, et la mise en œuvre des mesures inscrites appelait un renforcement. Cette actualisation répond donc tant à des exigences internes — gestion des ressources, pauvreté, écologie — qu’à des engagements internationaux.
L’État attend trois choses de cette nouvelle stratégie :
– un cadre politique clair et intégré pour la protection de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources naturelles — autrement dit, la politique de biodiversité doit être mieux articulée avec les politiques agricoles, forestières et de gestion de l’eau ;
– l’identification des menaces, des priorités d’intervention et des mécanismes institutionnels : experts et représentants de 35 ministères et départements ont participé à la réunion de travail pour la rédaction de la stratégie ;
– le renforcement du financement, de la coordination intersectorielle, de la sensibilisation du public et de l’intégration de la biodiversité dans le développement socio-économique.
Un élément chiffré intéressant : 70% de la population du pays dépend des ressources naturelles et génétiques, et les produits de l’agrobiodiversité constituent la base de la sécurité alimentaire et de l’existence durable des populations des zones montagneuses. Autre point : cette nouvelle stratégie nationale ne vise pas uniquement la « biodiversité » générique, mais elle inclut explicitement l’agrobiodiversité — ce qui montre un angle plus large de gouvernance environnementale et agricole.
Cependant, des défis politiques demeurent : financements durables, capacités locales, suivi des indicateurs, transparence et gouvernance. Le cadre international impose également des exigences accrues en matière de reportings et d’alignement : comme l’a relevé le rapport de 2024 sur le dialogue régional, « les conclusions… contribueront à la préparation des documents correspondants des parties ». Aussi, la mise en œuvre exigera des ressources humaines, financières et techniques appropriées — un défi pour le pays.
