Le 25 octobre 2025, vers 11 h du matin, un important fragment du glacier Ismaïl Somoni s’est détaché dans le district de Tadjikabad, au Tadjikistan. Cette rupture spectaculaire survient dans un contexte de fonte accélérée des glaciers du Tadjikistan et alerte sur les effets concrets du réchauffement climatique en zone montagneuse.
Un effondrement de masse glacière spectaculaire
La section détachée du glacier présente des dimensions considérables. Selon le comité pour les situations d’urgence de la République du Tadjikistan, l’élément de glace s’étendrait sur environ 2 km de long, une hauteur d’environ 25 mètres et une largeur estimée entre 150 et 200 mètres. L’incident s’est produit près du village de Safedobi, dans le district de Tojikobod, à proximité du versant du sommet connu auparavant sous le nom de Pic du communisme, renommé plus tard sommet Ismaïl Somoni.
La masse détachée a glissé le long d’un ravin. À 14 h, la situation était « prise sous contrôle », sans victimes ni dommages majeurs à ce jour. Des experts alertent cependant : en raison des précipitations prolongées et de l’instabilité accrue, cette zone et les terres agricoles proches, notamment celles du village de Gulrez, pourraient être menacées.
La rupture de glaciers, un phénomène de plus en plus fréquent au Tadjikistan
Le glacier Ismaïl Somoni est l’un des principaux glaciers d’altitude du Tadjikistan. Il s’étend à proximité du sommet de 7.495 m nommé pic Ismaïl Somoni. À haute altitude, ces glaces jouent un rôle essentiel dans la régulation hydrologique, stockant l’eau sous forme de glace et alimentant à long terme les cours d’eau, les nappes et les systèmes d’irrigation.
L’événement s’inscrit dans une tendance préoccupante de multiplication des ruptures de masses glaciaires, parfois qualifiées « d’alerte rouge » pour les environnements montagnards. Une analyse récente parle d’une « réduction de l’épaisseur de neige de l’ordre de 40 cm » et d’un recul marqué des précipitations dans la région Pamir-Karakoram depuis 2018.
Les terres agricoles proches de l’événement sont exposées à des flux soudains de glace ou d’eau générés par de tels détachements. Le glissement de glace pourrait, en cas de pluies intenses, déclencher des coulées, éboulements ou crues.
Par ailleurs, la perte progressive de masse glaciaire réduit le stock « frais » d’eau qui, à long terme, alimente les rivières et l’irrigation. Pour un pays comme le Tadjikistan, où l’agriculture occupe une place stratégique, la diminution des glaciers est un signal fort d’alarme.
Les autorités tadjikes et les services de secours ont déclenché une surveillance renforcée de la zone affectée, ce qui témoigne d’un réflexe de gestion de crise, mais aussi de l’écart à combler pour une adaptation planifiée aux glissements liés aux changements climatiques. À l’avenir, il sera bien évidemment nécessaire d’accélérer les études sur l’évolution des glaciers dans la région Pamir, afin de mieux anticiper les ruptures de masse. Enfin, de vastes défis d’adaptation aux effets du recul glaciaire se profilent : gestion de l’eau, diversification agricole, infrastructures résistantes aux aléas montagnards.
