À l’approche du grand jour, les futurs mariés de la région de Jaksyn’ dans la région d’Akmola, au Kazakhstan, vont désormais bénéficier d’un accompagnement inédit : avant le mariage, une discussion menée par les « biy» viendra les préparer à la vie conjugale et transmettre des valeurs familiales.

Un entretien centré sur la responsabilité entre les deux époux

Le mariage est un moment clé dans la vie des jeunes couples. Au Kazakhstan, ce rite revêt des dimensions culturelles et traditionnelles fortes. Dans la région d’Akmola, les jeunes couples seront reçus par les « biy » pour un entretien avant leur union. Ce dispositif s’inscrit dans une démarche de valorisation des traditions locales et de renforcement des liens familiaux.

Dans le cadre de cette initiative, il a été décidé qu’un organisme appelé « Conseil des biy » mènerait des entretiens de sensibilisation avec les jeunes mariés avant le mariage. Lors d’un table-ronde tenue au tribunal du district, le président par intérim, Kasym Kalmagambetov, a expliqué que les « biy » et médiateurs aideront les couples « à s’entendre paisiblement, sans stress et sans dépenses inutiles ».

Parmi les mesures envisagées : l’ouverture de « cabinets » du Conseil dans le centre jeunesse et dans les mairies rurales, la tenue de discussions sur les valeurs familiales, le respect et la responsabilité, ainsi que le renforcement des activités dans les écoles pour encourager le respect des aînés et faire appel à des psychologues pour le soutien. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une politique locale visant à promouvoir le mariage responsable et soutenir les couples au moment de se lancer dans la vie commune.

Les « biy », une institution vieille de 500 ans, emblématique de la culture kazakhe

Pour mieux comprendre cette actualité, il convient de rappeler ce que sont les « biy » et le « Conseil des biy » dans le contexte kazakhstanais. Le terme « biy » désigne un juge populaire ou un sage élu par la communauté, exerçant des fonctions judiciaires, politiques ou sociales chez les Kazakhs. Le Соnseil des biy est un organe institué dans l’ancien Khanat kazakh, notamment sous Tuake-khan. Il réunissait des biy éminents des trois « jouz » (clans) du pays. Le rôle des biys est d’arbitrer des conflits entre tribus ou clans, d’établir des normes coutumières et de promouvoir la conciliation plutôt que la confrontation. C’est notamment à eux qu’on attribue la participation à l’élaboration du code de droit coutumier (les « Sept Lois ») au début du XVIIIe siècle, traitant notamment du mariage, des héritages et des terres. Ainsi, le choix de faire intervenir aujourd’hui les biy dans le cadre du mariage des jeunes respecte une tradition ancienne de médiation, de transmission de valeurs et de régulation sociale.

Cette initiative s’adresse directement aux jeunes mariés du Kazakhstan, auxquels elle propose (ou, plutôt, impose) un accompagnement avant le mariage. Pour ces jeunes mariés, être reçus par les biy signifie qu’ils bénéficieront : d’une information sur les responsabilités familiales et le respect mutuel, d’un discours de valeurs culturelles traditionnelles et d’un espace de dialogue pour exprimer attentes et questions avant le mariage.

Du point de vue culturel, ce dispositif relie l’institution du mariage à un cadre social et moral plus large. Il s’agit de renforcer non seulement l’union individuelle, mais aussi la cohésion familiale et communautaire.

Enfin, sur le plan pratique, cette démarche pourrait aider à prévenir des conflits ultérieurs, alléger la charge des tribunaux en amont et offrir un repère aux jeunes mariés dans un monde en mutation.