UNICEF : en Ouzbékistan, un partenariat inédit pour transformer l’apprentissage préscolaire en Asie centrale
UNICEF : en Ouzbékistan, un partenariat inédit pour transformer l’apprentissage préscolaire en Asie centrale

Le 25 octobre 2025, le ministère de l’Éducation préscolaire et scolaire d’Ouzbékistan a signé, aux côtés de l’UNICEF et de la Fondazione Reggio Children, un accord officialisant la création du tout premier Centre de recherche et d’innovation en apprentissage préscolaire d’Asie centrale. Ce partenariat inédit réunit les compétences institutionnelles du gouvernement ouzbek, l’expertise internationale de l’UNICEF et le savoir-faire pédagogique de la fondation italienne connue pour son approche éducative de Reggio Emilia.

Un laboratoire de recherche appliquée à l’apprentissage préscolaire

Ce nouveau centre, qui sera installé à Tachkent, ambitionne de devenir une référence régionale dans le domaine de l’apprentissage préscolaire. Il aura pour mission de promouvoir une pédagogie centrée sur l’enfant et d’expérimenter des approches éducatives novatrices fondées sur la recherche. Selon le communiqué de l’UNICEF, il « prioritisera l’innovation dans la formation professionnelle des enseignants, encouragera la recherche en éducation et renforcera le développement de la pensée critique, de la créativité et des compétences socio-émotionnelles dès les premières années ». L’objectif est de transformer la manière dont les jeunes enfants apprennent, en plaçant leur curiosité et leur capacité d’exploration au centre du processus éducatif.

L’initiative s’inspire directement de la philosophie de Reggio Emilia, une pédagogie née dans la région italienne du même nom après la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui reconnue dans le monde entier. Elle repose sur la conviction que chaque enfant est porteur d’un potentiel infini et capable de construire activement son savoir à travers le jeu, l’expérimentation et la coopération. Les enseignants deviennent alors des accompagnateurs, guidant les élèves à travers des projets où l’imagination, la communication et l’autonomie jouent un rôle moteur. Dans cette optique, le centre ouzbek s’imposera comme un laboratoire de recherche appliquée à l’apprentissage préscolaire, où les méthodes d’enseignement seront continuellement évaluées et enrichies par les résultats des travaux menés sur place.

Un véritable hub pour l’apprentissage préscolaire pour l’ensemble de l’Asie centrale

Mais au-delà de sa portée nationale, cette structure a une ambition régionale. En effet, le Centre fonctionnera comme un hub pour toute l’Asie centrale. Il collaborera avec des établissements publics et privés du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan et du Turkménistan souhaitant adopter la pédagogie de Reggio Emilia ou s’en inspirer. L’idée est de créer un réseau de pratiques et d’échanges, où l’innovation pédagogique devient un levier de coopération régionale. Une telle approche pourrait transformer le paysage de l’éducation préscolaire dans des pays qui, jusqu’ici, se concentraient davantage sur la scolarisation que sur la qualité de l’enseignement dans la petite enfance.

Pour l’Ouzbékistan, ce projet s’inscrit dans une dynamique nationale forte de réformes éducatives. Depuis 2017, le gouvernement a multiplié les investissements dans le secteur préscolaire, avec pour ambition d’augmenter la couverture et d’améliorer la qualité. Aujourd’hui, plus de deux millions d’enfants âgés de trois à six ans sont inscrits dans des établissements d’éducation préscolaire à travers le pays, selon l’UNICEF. Le défi, désormais, n’est plus seulement d’élargir l’accès, mais de garantir un apprentissage préscolaire de qualité, capable de développer chez chaque enfant des compétences intellectuelles et émotionnelles solides.

Pallier l’insuffisante formation des maîtres en Asie centrale

Ce partenariat avec la Fondazione Reggio Children apparaît ainsi comme une réponse stratégique à cette exigence. En introduisant une approche axée sur la créativité, la collaboration et la résolution de problèmes, le nouveau centre vient combler un manque souvent pointé du doigt par les experts : l’insuffisante formation pratique des enseignants du préscolaire. Il offrira aux formateurs et éducateurs un cadre où la recherche pédagogique et la pratique se nourriront mutuellement, dans une logique d’amélioration continue.

La dimension économique n’est pas négligeable. L’UNICEF rappelle régulièrement que chaque dollar investi dans le développement de la petite enfance peut générer jusqu’à treize dollars de retour à long terme pour la société, grâce à de meilleurs résultats scolaires, une productivité accrue et une réduction des inégalités sociales. En soutenant un apprentissage préscolaire de qualité, l’Ouzbékistan parie donc sur l’avenir de sa population et sur une croissance plus inclusive.

Le centre, qui ouvrira ses portes en 2026, devrait également contribuer à renforcer la recherche régionale dans le domaine de l’éducation de la petite enfance, encore peu développée en Asie centrale. À terme, il pourrait devenir un pôle de formation et d’échange international, reliant les pratiques locales aux standards éducatifs les plus innovants. En misant sur la pédagogie de Reggio Emilia et sur une approche basée sur la recherche, l’Ouzbékistan aspire à donner à chaque enfant un départ dans la vie fondé sur la curiosité, la confiance et la créativité – autant de clés pour apprendre à apprendre, dès les premières années.

Par Païsiy Ukhanov
Le 10/26/2025

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