L’Ouzbékistan met en lumière une stratégie audacieuse pour contrer l’augmentation des divorces et endiguer les mariages précoces : la promotion des contrats matrimoniaux comme outil de prévention et de consolidation du lien familial.
Ouzbékistan : 95.300 mariages pour 23.300 divorces
Le 14 octobre 2025, lors d’une réunion de haut niveau à Tachkent présidée par le président d’Ouzbékistan, le gouvernement ouzbek a évoqué l’idée de promouvoir les contrats matrimoniaux afin de freiner les divorces et stabiliser les familles. La question est abordée dans un contexte où les divorces semblent croître et les mariages se raréfier, posant un défi majeur à la politique familiale.
En 2025, les statistiques nationales montrent un déséquilibre préoccupant entre les unions et les ruptures. Entre janvier et juin 2025, 23.300 divorces ont été officiellement enregistrés, soit 800 de plus que sur la même période en 2024. Le phénomène touche surtout les zones urbaines (60,6% des cas, contre 39,4% en milieu rural).
Durant cette même période, 95.300 mariages ont été conclus — un recul de 2.100 par rapport à l’an passé. Cette conjonction marque une tendance à la fragilité des unions dans un contexte social en mutation. Par ailleurs, sur le seul premier trimestre 2025, 9.063 mariages ont été dissous devant les tribunaux. Le porte-parole de la Cour suprême, Aziz Obidov, précise que ce chiffre s’inscrit dans un flux de contentieux plus large, dans lequel 6.010 demandes de divorce ont été rejetées, 1.481 classées sans suite et 577 clôturées. Ces tendances indiquent que le taux de divorces appelle une réponse politique, alors que le recul des mariages affaiblit la dynamique familiale traditionnelle.
Le contrat matrimonial, une mesure présentée comme remède
Lors de la réunion gouvernementale, il a été proposé de promouvoir les contrats matrimoniaux comme moyen de prévenir les conflits et ruptures au sein des couples. Cet outil contractuel vise à définir les droits et obligations patrimoniales entre époux, et peut être signé avant ou pendant le mariage, sous forme écrite et avec officialisation notariale. L’idée est de donner plus de transparence dans la gestion des biens, de limiter les litiges patrimoniaux et de rendre les couples plus conscients dès l’origine des clauses à appliquer en cas de séparation.
Selon le Code de la famille ouzbek, le contrat peut ajuster la répartition entre propriété commune ou séparée, prévoir un régime particulier ou déterminer ce que chaque époux recevra en cas de divorce. Il peut également être modifié ou annulé d’un commun accord. Cette approche cherche à responsabiliser les époux et à limiter les effets néfastes du divorce, notamment pour les plus vulnérables.
Accélérer les divorces en cas de violences conjugales
L’efficacité de cette mesure dépendra de la mise en œuvre concrète et de l’adhésion sociale. Le contrat matrimonial n’est pas obligatoire dans la législation actuelle : il s’agit d’un outil facultatif. De plus, l’Ouzbékistan envisage de supprimer la période de réconciliation obligatoire dans les procédures de divorce lorsqu’une partie est victime de violence conjugale, ce qui pourrait accélérer les ruptures dans les cas de conflit aigu.
Un autre obstacle réside dans la culture juridique et sociale : accepter un contrat en amont suppose de sensibiliser les citoyens au fait que le mariage n’est pas seulement un lien émotionnel, mais aussi un engagement contractuel, avec des conséquences patrimoniales.
Enfin, l’outil devra trouver sa place dans une politique familiale plus vaste, notamment face aux mariages précoces, qui affaiblissent souvent les femmes et les enfants. Un contexte dans lequel des sanctions existent déjà : par exemple, en novembre 2024, un blogueur a été sanctionné pour avoir diffusé des messages favorables aux mariages précoces dans une région du pays.
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