Après avoir fait de l’intelligence artificielle une priorité nationale, le Kazakhstan franchit une nouvelle étape : le pays annonce la création d’une université de recherche entièrement dédiée à cette discipline. Avec un statut spécial, l’établissement devra former les talents qui façonneront l’avenir numérique du pays et renforcer sa position internationale dans ce domaine stratégique.
Une institution nationale au statut spécial
Le 1er octobre 2025, le président Kassym-Jomart Tokaïev a annoncé la création d’une université consacrée à l’intelligence artificielle au Kazakhstan. Ce projet s’inscrit dans la stratégie du pays visant à faire de l’IA un levier de modernisation économique et d’innovation scientifique. L’institution, qui bénéficiera d’un statut particulier, sera conçue comme un centre de recherche de référence, capable d’attirer des partenaires internationaux et de former une nouvelle génération de spécialistes. Selon le chef de l’État, elle devra répondre directement aux besoins de l’économie nationale tout en s’intégrant aux réseaux académiques mondiaux.
Le Kazakhstan, qui a récemment créé un ministère de l’Intelligence artificielle et du Développement numérique par décret présidentiel du 18 septembre 2025, cherche à se doter d’infrastructures universitaires adaptées à cette nouvelle orientation stratégique. Le président Tokaïev a précisé que la future université jouirait d’un statut spécial, distinct des établissements classiques, afin de garantir sa capacité à nouer des coopérations internationales.
Cette ambition s’inscrit dans une dynamique nationale plus large. Il faut savoir que l’intelligence artificielle est devenue une discipline obligatoire dans 93 universités kazakhstanaises, avec 25 nouveaux parcours académiques lancés dans 20 établissements. Cette réforme structurelle traduit la volonté du gouvernement de faire entrer l’IA dans l’ensemble du système éducatif, du premier cycle à la recherche avancée.
Coopérations internationales et projets financés
Le projet d’université spécialisée ne se limitera pas à l’enseignement théorique. Le président a insisté sur l’importance de partenariats internationaux. Dans ce cadre, Coventry University Kazakhstan a annoncé début octobre sa coopération avec le Centre de soutien au gouvernement numérique, afin de développer des recherches communes et de publier des analyses conjointes sur l’intelligence artificielle. Ces initiatives préfigurent l’approche envisagée pour la future université : une plateforme ouverte aux échanges de savoirs et aux collaborations académiques.
Sur le plan budgétaire, les efforts sont déjà conséquents. Le gouvernement a alloué près de 9,7 milliards de tenges (15 millions d’euros) pour financer 62 projets liés à l’intelligence artificielle, impliquant 479 chercheurs répartis dans 27 universités et 6 instituts scientifiques. Ces financements témoignent d’une volonté de bâtir un écosystème complet, capable de produire non seulement des diplômés mais aussi des innovations concrètes.
Former enseignants et citoyens aux usages de l’IA
Au-delà de la recherche de pointe, l’annonce présidentielle met également l’accent sur la formation des enseignants et des citoyens. Le président Tokaïev a souligné la nécessité de former les enseignants à l’usage des réseaux neuronaux, afin que ces outils soient progressivement intégrés dans les méthodes pédagogiques du pays. Il a aussi évoqué la création d’une plateforme nationale de reconversion professionnelle, qui utilisera des solutions d’intelligence artificielle pour aider les travailleurs à s’adapter aux mutations du marché de l’emploi.
Cet objectif rejoint une ambition plus large : démocratiser l’accès aux compétences numériques. Le Kazakhstan souhaite que un million de ses citoyens maîtrisent des compétences en IA d’ici cinq ans, grâce à des programmes comme AI Sana ou Day of AI. Ces projets nationaux visent à familiariser la population avec les usages de l’IA, depuis l’automatisation de tâches simples jusqu’à la recherche appliquée.