Investissements au Turkménistan : opportunités affichées, risques réels
Turkménistan

Le Turkménistan multiplie les gestes d’ouverture et organise en septembre 2025 un forum international à Awaza pour attirer des investissements étrangers ; pourtant, les signaux structurels restent contradictoires et posent des risques concrets pour les investisseurs directs, qu’il convient d’évaluer avec rigueur avant toute décision d’allocation d’actifs, met en garde le média en exil Turkmen.news.

Les autorités turkmènes mettent en avant l’importance du secteur privé et la multitude d’accords signés

Alors que le Turkménistan tenait son « Turkmenistan Investment Forum »(TIF 2025) à Awaza, la réalité économique du pays continue de poser des questions majeures pour les investissements directs étrangers, entre promesses officielles et fragilités institutionnelles.

Le TIF 2025 s’est donc tenu les 18 et 19 septembre 2025 dans la zone touristique d’Awaza. Selon les organisateurs, le forum a attiré plus de 800 délégués venus d’environ 45 pays, ce qui illustre l’intérêt international affiché pour les opportunités locales, notamment dans l’énergie et les infrastructures. Parallèlement, les autorités ont communiqué des chiffres encourageants — la part du secteur privé dans l’économie a été portée à 72,8% en 2024 — et ont fait état d’accords signés couvrant la santé, l’industrie et le développement de zones économiques spéciales. Ces éléments donnent des motifs légitimes pour considérer des investissements, mais ils doivent être pondérés par l’analyse des garanties réelles offertes aux entrants étrangers, rappelle Turkmen.news.

Risques juridiques et garanties limitées

Sur le plan du droit des investissements, la situation demeure incertaine : malgré la signature ou la ratification récente d’accords bilatéraux (par exemple l’accord de protection des investissements ratifié par le Kazakhstan le 18 septembre 2025), les observateurs et médias spécialisés soulignent l’absence de garanties juridiquement solides et la persistance de précédents d’expropriation ou de différends difficiles à résoudre localement. En conséquence, les investisseurs doivent anticiper des délais et des coûts supplémentaires liés à la protection de leurs actifs, à la structuration contractuelle et à l’éventuelle recourse à l’arbitrage international, sachant que les cas répertoriés dans les bases d’arbitrage régionales montrent une activité préalable de litiges impliquant des États de la région. Par conséquent, toute opération requiert des clauses contractuelles robustes et des garanties externes — assurances politiques, mécanismes d’arbitrage et protections contre les modifications réglementaires.

Contraintes macroéconomiques et risques opérationnels

Sur le plan macroéconomique et opérationnel, les signaux sont ambivalents : d’un côté, l’État met en avant un accroissement du rôle du privé et multiplie les accords multilatéraux; de l’autre, des analyses récentes pointent des fragilités structurelles classiques — contrôles des changes stricts, opaque gouvernance administrative et risques de bureaucratie et de corruption — qui compliquent la rapatriation des bénéfices, la gestion de devises et l’exécution des projets. Ces contraintes se traduisent concrètement par des surcoûts opérationnels et une volatilité des marges, car les entreprises doivent provisionner des réserves pour complications réglementaires et coûts de conformité accrus. Dès lors, les montages financiers doivent intégrer des hypothèses prudentes et prévoir des mécanismes pour gérer la liquidité locale et l’exposition aux contrôles des changes.

Éléments pratiques pour l’évaluation des investissements

Pour des investisseurs directs, plusieurs étapes sont alors indispensables. D’abord, exiger des engagements contractuels clairs et vérifiables, incluant protections contre les changements unilatéraux de cadre réglementaire et recours à l’arbitrage international, étant donné l’existence de précédents de différends d’investisseurs dans la région. Ensuite, effectuer une due diligence approfondie sur les partenaires locaux et la chaîne d’approvisionnement, car la gouvernance d’entreprise et la capacité opérationnelle ont un impact direct sur le risque pays. Enfin, prévoir des instruments de couverture politiques et financiers (assurance contre le risque politique, garanties d’exportation, hedging de change) et calibrer la taille initiale de l’engagement pour limiter l’exposition jusqu’à preuve tangible d’un environnement contractuel stable.

Par Païsiy Ukhanov
Le 09/23/2025

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