Le 15 août 2025, la capitale du Tadjikistan a franchi un cap symbolique dans sa politique de transition énergétique. En intégrant de nouveaux bus électriques à sa flotte urbaine, Douchanbé confirme une volonté stratégique affirmée depuis plusieurs années. À travers ces investissements, le pays d’Asie centrale s’impose peu à peu comme un acteur régional de l’électromobilité.
Bus au Tadjikistan : Douchanbé électrifie ses lignes, Bohtar suit
Le Tadjikistan accélère sa marche vers une mobilité décarbonée. Le 15 août 2025, Douchanbé a signé l’acquisition de 30 bus électriques supplémentaires, produits localement par la coentreprise tadjiko-turque Akia Avesto Automotive Industry. Ces modèles de type Akia Nero sont dotés d’une batterie lithium-ion de 350 kWh, leur conférant une autonomie maximale de 300 kilomètres. Chaque véhicule peut transporter jusqu’à 100 passagers, avec 32 places assises et répond aux normes européennes.
Un mois plus tôt, le 15 mai 2025, une première livraison de 30 unités avait déjà été célébrée en présence du président Emomali Rahmon et du maire de Douchanbé. À cette occasion, la direction d’Akia Avesto avait rappelé que ses chaînes de production, actives depuis 2018, avaient déjà assemblé plus de 500 véhicules (bus et trolleybus confondus).
Les avantages économiques sont également mis en avant : selon les représentants de l’usine, le coût d’exploitation d’un bus électrique est 9 à 10 fois inférieur à celui d’un modèle diesel.
Une stratégie verte coordonnée et soutenue
Derrière ces chiffres, une stratégie nationale prend forme. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) soutient la démarche en finançant un projet parallèle à Bohtar, deuxième ville à adopter l’électromobilité. D’ici début 2026, jusqu’à 47 minibus électriques seront déployés. Le financement comprend un prêt souverain de 6,4 millions d’euros ainsi qu’une subvention de 3,6 millions d’euros, soit un total de 10 millions d’euros, couvrant l’achat des véhicules et l’installation des stations de recharge.
La ville de Douchanbé, quant à elle, vise une électrification complète de ses transports publics d’ici 2028. Cette ambition s’appuie non seulement sur les livraisons en cours, mais aussi sur une planification structurée. Un atelier national co-organisé le 1er mai 2025 par l’ONU (ESCAP) a permis de renforcer la coordination interinstitutionnelle sur la deuxième phase du projet-pilote e‑bus.
Le Tadjikistan bascule vers l’électromobilité
L’intégration des bus électriques dans le transport public n’est qu’une facette d’une mutation bien plus large. Depuis 2024, le Tadjikistan a importé plus de 30.000 véhicules électriques, dont 12.821 rien qu’entre janvier et mai 2025. Dès le 1er septembre 2025, tous les taxis de Douchanbé devront être 100% électriques. Cette réforme s’accompagne de mesures incitatives puissantes : exonération fiscale de 10 ans pour l’importation de véhicules électriques, attribution de plaques vertes, et subventions pour l’installation de stations de recharge.
Un programme gouvernemental pilote, validé au plus haut niveau, structure l’ensemble de la transition. L’objectif ? Remplacer les flottes thermiques à grande échelle, créer une base industrielle locale, réduire la dépendance au diesel importé, et renforcer l’indépendance énergétique du pays.
Loin d’être un simple geste symbolique, l’achat de bus électriques à Douchanbé et Bohtar illustre une dynamique plus vaste. Le Tadjikistan se positionne comme un laboratoire régional de la mobilité électrique, combinant développement industriel, politiques fiscales ciblées et soutien international structuré. À terme, l’objectif n’est pas seulement de verdir les transports, mais bien de redessiner la chaîne logistique, industrielle et énergétique d’un pays en pleine recomposition.