La dynamique économique entre Pékin et ses voisins d’Asie centrale connaît une accélération sans précédent, portée par des accords stratégiques et un potentiel commercial encore largement inexploité.
La Chine, premier moteur des échanges en Asie centrale
Les dernières données de la Banque eurasiatique de développement confirment une tendance forte : la Chine a vu ses échanges avec l’Asie centrale progresser de manière spectaculaire en seulement quatre ans. Au cœur de cette montée en puissance, un sommet politique et économique qui s’est tenu en juin 2025 à Astana. Ce dernier avait scellé de nouveaux partenariats bilatéraux et multilatéraux.
En 2024, le volume des échanges de marchandises entre la Chine et les pays d’Asie centrale a atteint soixante-six milliards deux cents millions de dollars américains, soit environ soixante milliards six cent millions d’euros. Cela représente une hausse de 2,8 fois par rapport à 2020. Selon la Banque eurasiatique de développement, 60% de ce commerce correspond aux importations des États d’Asie centrale depuis la Chine. Le Kazakhstan domine ce flux avec trente milliards cent millions de dollars (46%), suivi de l’Ouzbékistan (dix-huit milliards — 27%) et du Turkménistan (dix milliards six cents millions — 16%).
Des parts de marché inégales mais en expansion
L’importance de la Chine en tant que partenaire commercial de l’Asie centrale augmente rapidement. Sa part dans le commerce total des pays de la région est passée de 17,7% à 24,1% entre 2020 et 2024 (+6,4 points de pourcentage. Ce poids varie toutefois d’un pays à l’autre : 55% du commerce extérieur du Turkménistan dépend désormais de Pékin, contre environ 35% pour le Kirghizstan et 20 à 22% pour le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan.
Une stratégie chinoise tournée vers la diversification
Lors du second Sommet Chine–Asie centrale à Astana en juin 2025, Pékin avait signé trois accords multilatéraux et cinq bilatéraux couvrant la coopération économique, la facilitation du commerce et le développement des minéraux verts. Le porte-parole du ministère chinois du Commerce, He Yadong, avait alors précisé : « La Chine va activement développer ses importations d’énergie, de minéraux et de produits agricoles de haute qualité en provenance des pays d’Asie centrale, tout en augmentant ses exportations d’automobiles, d’appareils électroménagers, d’équipements de télécommunications et de textiles légers vers cette région ».
Les autorités visent aussi à développer les secteurs émergents : véhicules électriques, biomédecine, nouvelles énergies, économie numérique, tout en intensifiant le passage des trains de fret Chine–Europe par le corridor centre-asiatique.
Un potentiel encore sous-exploité
La Banque eurasiatique de dévelopement évalue à 39,3 milliards de dollars (environ 36 milliards d’euros) le potentiel commercial encore inexploité, soit 60% du volume actuel. Ce gisement se décompose en trente-deux milliards pour l’export chinois (automobiles, électronique, biens de consommation) et sept milliards trois cents millions pour les exportations centre-asiatiques (cuivre, or, uranium).
Ces projections s’inscrivent dans un contexte de montée en gamme des échanges, appuyée par des réformes douanières, de nouveaux accords d’investissement — notamment avec le Kazakhstan et le Tadjikistan — et un soutien chinois à l’adhésion de l’Ouzbékistan et du Turkménistan à l’Organisation mondiale du commerce.
En moins d’une demi-décennie, la Chine s’est imposée comme le partenaire commercial incontournable de l’Asie centrale, renforçant à la fois son poids économique et son influence géostratégique. Si le rythme actuel se maintient et que les projets identifiés se concrétisent, le corridor eurasiatique pourrait devenir l’un des pôles majeurs du commerce mondial dans la décennie à venir.