Une démonstration technologique réalisée le 5 août dans la région d’Almaty marque le premier test officiel de la constellation chinoise SpaceSail au Kazakhstan. Ce projet satellitaire, porté par l’entreprise Shanghai Spacecom Satellite Technology (SSST), s’inscrit dans une stratégie globale visant à offrir un accès à Internet haut débit dans les zones rurales et reculées du pays.
Internet par satellite : une démonstration à 200 Mbps dans le sud du Kazakhstan
C’est au cœur d’un village de la région d’Almaty que les ingénieurs chinois de SSST ont mené un test grandeur nature du réseau satellite SpaceSail. Selon les données transmises, la vitesse de connexion a atteint jusqu’à 200 Mbps en téléchargement, avec une latence estimée à moins de 40 millisecondes, des performances comparables à celles des connexions fixes urbaines.
Ce test s’est déroulé en présence de représentants kazakhs du ministère du Développement numérique et de plusieurs opérateurs techniques locaux. L’objectif affiché est de démontrer la viabilité de cette technologie pour les écoles rurales, les postes de santé isolés, les unités mobiles de secours ou encore les exploitations agricoles éloignées des infrastructures en fibre.
Shanghai SpaceSail : l’ambition orbitale chinoise
Le projet SpaceSail est piloté par Shanghai Spacecom Satellite Technology (SSST), une entreprise née du soutien stratégique du gouvernement municipal de Shanghai. Officiellement baptisée « Qianfan » (« mille voiles »), la constellation prévoit le déploiement de 15 000 satellites en orbite basse (LEO) d’ici 2030. L’objectif : fournir une couverture Internet globale, en haute fréquence (Ka-band), avec un coût d’exploitation réduit grâce à des lancements groupés et une architecture logicielle propriétaire.
La première phase du programme inclut 648 satellites actifs attendus d’ici fin 2025, dont plusieurs ont déjà été mis en orbite depuis les bases spatiales de Jiuquan et Taiyuan. Contrairement aux systèmes géostationnaires traditionnels, les satellites LEO opèrent à environ 1 200 kilomètres d’altitude, permettant des temps de latence réduits et une couverture plus dense des zones rurales. SSST a déjà signé des accords de déploiement avec le Brésil (Telebras), la Malaisie (Measat Global) et l’Afrique du Sud, et vise désormais plus de 30 pays, parmi lesquels le Kazakhstan occupe une place stratégique.
Quels services opérationnels au Kazakhstan ?
La phase de test initiée en août 2025 constitue une étape préliminaire avant le lancement commercial des services en 2026. Une délégation kazakhe s’était rendue en juin dernier dans les laboratoires de SSST à Shanghai pour examiner les procédés de fabrication, les stations terrestres et les dispositifs utilisateurs. Les autorités kazakhes ont salué « l’efficacité, la compacité et la facilité de déploiement » des kits SpaceSail, composés d’un petit terminal parabolique auto-orienté et d’un modem satellite autonome.
Le marché de l’Internet par satellite au Kazakhstan est loin d’être un terrain vierge. La société américaine SpaceX, via sa filiale Starlink, a débuté ses opérations pilotes dès 2023. Après plusieurs mois de discussions avec le régulateur kazakh, Starlink a obtenu son autorisation de distribution commerciale au T3 2025, avec des premiers kits disponibles dans les grandes villes dès septembre.
La confrontation entre SpaceSail et Starlink pourrait donc se cristalliser dès l’année prochaine. Si SpaceX bénéficie d’une longueur d’avance technologique et commerciale, SSST entend s’imposer par des tarifs plus accessibles et un maillage plus dense dans les zones rurales. Une troisième entreprise, OneWeb (soutenue par Eutelsat), a également manifesté son intérêt pour le marché centre-asiatique, sans avoir encore entamé de démarches locales concrètes.