Le Kazakhstan et la République kirghize ont franchi une nouvelle étape dans le renforcement de leurs relations bilatérales, à l’occasion d’une visite officielle du ministre kazakhstanais des Affaires étrangères Murat Nurtleu à Bichkek, le 1er août 2025. Cette rencontre de haut niveau a permis de consolider une coopération multidimensionnelle qui gagne en profondeur et en stabilité, à un moment stratégique pour l’ensemble de l’Asie centrale.
Une relation portée par les échanges commerciaux et l’intégration énergétique
Le Kazakhstan est désormais l’un des trois principaux partenaires commerciaux du Kirghizistan, avec des échanges bilatéraux ayant atteint 1,7 milliard de dollars en 2024. Les deux pays ont affiché leur ambition de porter ce volume à 3 milliards de dollars dans les prochaines années, un objectif qui s’appuie sur des projets concrets et une interconnexion croissante des infrastructures. « Le commerce entre nos deux pays reflète la solidité de nos liens historiques et la complémentarité de nos économies », a affirmé Murat Nurtleu lors de sa conférence conjointe avec son homologue kirghize Jeenbek Kulubaev.
Parmi les projets structurants en cours figure la création d’un complexe industriel logistique frontalier à Karasu, destiné à faciliter le transit des marchandises entre les deux pays et vers les marchés eurasiens plus larges.
Énergie et sécurité de l’eau : deux axes centraux
L’un des volets majeurs du partenariat concerne le secteur énergétique. Le Kazakhstan, grâce à ses capacités d’exportation d’électricité et de carburants, joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement du Kirghizistan, notamment durant les mois d’hiver. En retour, Bichkek s’engage à garantir une gestion rationnelle de ses ressources hydriques, un enjeu crucial pour les deux États dans un contexte régional de stress hydrique croissant.
La convergence entre Astana et Bichkek s’inscrit dans un contexte régional mouvant, où les puissances extérieures (UE, Russie, Chine, Turquie, États-Unis) multiplient les démarches pour accéder aux ressources critiques, infrastructures et corridors stratégiques d’Asie centrale.
D’après Eurasianet, l’Italie, par la voix de sa Première ministre Giorgia Meloni, a récemment proposé une stratégie pour le « cœur géopolitique » eurasiatique, appelant à un nouveau pacte technologique, industriel et énergétique entre l’Europe et l’Asie centrale. Toutefois, cette ambition reste encore peu concrète. Dans cette optique, le Kazakhstan et le Kirghizistan souhaitent éviter une dépendance excessive à une seule puissance, et misent sur la diversification diplomatique et la régionalisation constructive.
Éducation, culture et diplomatie populaire : des liens humains consolidés
La coopération ne se limite pas aux secteurs économiques et énergétiques. Le Kazakhstan soutient activement le développement des écoles de langue kazakhe au Kirghizistan, l’ouverture de centres culturels communs, ainsi que l’élargissement des programmes d’échange universitaire.
Les deux gouvernements ont également discuté de la facilitation des régimes de visas, du développement de corridors touristiques régionaux et du soutien à l’entrepreneuriat transfrontalier.
L’alliance kazakho-kirghize s’affirme aujourd’hui comme l’un des axes les plus solides de la coopération régionale en Asie centrale, à la croisée des intérêts économiques, énergétiques et stratégiques. À travers une approche pragmatique, fondée sur l’interdépendance constructive, les deux États tracent ensemble une voie de développement partagé, de sécurité collective et de souveraineté maîtrisée.