Au Kazakhstan, un virage réglementaire majeur vient d’inverser les perspectives sur l’usage des cryptomonnaies : contrairement aux déclarations du président en mai 2025, ces actifs numériques ne pourront finalement pas être utilisés pour régler des achats, bien qu’ils puissent être détenus à des fins d’investissement dans un cadre strictement régulé.

Au Kazakhstan, un revirement politique sur l’usage des cryptomonnaies

Le parlement du Kazakhstan a examiné en décembre 2025 une réforme du droit bancaire qui modifie profondément la place des cryptomonnaies dans l’économie nationale. Alors que les autorités avaient ouvert la porte à l’usage étendu des monnaies numériques pour les transactions quotidiennes, le projet de loi adopté interdit désormais leur utilisation comme moyen de paiement.

Le texte récemment soumis au Sénat clarifie qu’il ne sera pas permis d’utiliser des cryptomonnaies pour payer des biens et services dans le pays. Cette orientation va à l’encontre d’annonces antérieures du président Kassym-Jomart Tokaïev, qui en mai 2025 avait évoqué le lancement d’une zone pilote appelée « CryptoCity » où des transactions en cryptos pourraient être testées dans un cadre contrôlé. S’exprimant le 25 décembre 2025 au Sénat, Madina Abylkasymova, cheffe de l’Agence pour la régulation et le développement du marché financier du Kazakhstan, a fait savoir que « l’utilisation de cryptomonnaie pour les paiements ne sera pas autorisée, mais elle sera permise pour l’investissement ».

Même si les transactions restent possibles, elles sont cantonnées aux plateformes autorisées au sein de l’Astana International Financial Centre (AIFC). Dans ce cadre, les utilisateurs peuvent investir et échanger des cryptomonnaies dans un environnement juridiquement sécurisé, mais sans les employer directement pour des paiements de biens ou services.

Cryptomonnaies : pourquoi ce changement de cap réglementaire ?

Cette décision s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la régulation des actifs numériques au Kazakhstan. Les autorités financières ont notamment souligné que l’absence d’un cadre clair avait provoqué un exode massif de capitaux numériques : environ 15 milliards de dollars de cryptomonnaies ont été retirés du pays, selon les estimations des responsables bancaires.

Pour les autorités, cette fuite illustre les risques liés à un marché non structuré, avec des transactions hors supervision qui peuvent exposer les investisseurs à des fraudes ou à des pertes. L’obligation de limiter l’usage des cryptomonnaies à l’investissement vise à stabiliser le marché tout en protégeant les utilisateurs contre des usages inappropriés ou risqués.
Parallèlement, la Banque nationale du Kazakhstan travaille à l’élaboration d’une réserve nationale d’actifs cryptographiques et à des règles plus claires pour la gestion et l’opération des plateformes d’échange. Ces mesures font partie d’une stratégie visant à contenir les risques tout en capitalisant sur le potentiel économique des cryptomonnaies dans un cadre contrôlé.

Un marché sous surveillance mais encore dynamique

Malgré l’interdiction des paiements directs, le marché des cryptomonnaies au Kazakhstan demeure actif. Les investisseurs peuvent continuer à acquérir, vendre ou détenir des actifs numériques via des plateformes réglementées, et certaines discussions gouvernementales suggèrent même que des cadres supplémentaires pourraient être introduits pour élargir ce marché sous supervision officielle.

Ce tournant réglementaire montre comment un pays riche en ressources naturelles et en talent technologique tente d’équilibrer l’innovation avec la sécurité financière. Dans ce contexte, le Kazakhstan se positionne comme un acteur prudent mais ouvert à l’intégration progressive des cryptomonnaies dans son système économique, tout en excluant leur usage comme moyen immédiat de régler des achats ou des paiements de tous les jours.