Kazakhstan : des salariés plus chers, mais une productivité à la traîne
Kazakhstan : des salariés plus chers, mais une productivité à la traîne

Au Kazakhstan, les coûts salariaux grimpent bien plus vite que la productivité du travail dans plusieurs secteurs clés, révélant un déséquilibre croissant dans l’emploi et une tension inédite entre salaires et rendement.

Coûts de la main-d’œuvre en hausse : une pression sur l’emploi

Alors que le Kazakhstan cherche à moderniser son économie et à attirer davantage d’investissements, une dynamique inquiétante se dessine sur son marché du travail : les travailleurs deviennent sensiblement plus coûteux sans gains proportionnés de productivité, peut-on lire dans une analyse du média kazakhstanais Finprom, qui s’appuie sur les derniers chiffres publiés par le Bureau national des statistiques.

Au Kazakhstan, les salaires moyens ont augmenté de manière significative au cours des dernières années. En 2024, le salaire moyen mensuel s’est établi à 405.416 tenges, soit une hausse de 11,3% par rapport à 2023, avec une progression réelle de 2,4% après prise en compte de l’inflation, d’après les données officielles du Bureau national de statistique.
Au premier trimestre 2025, la tendance s’est maintenue avec un salaire moyen de 423.133 tenges, soit une croissance de 10,7% sur un an, même si la progression réelle s’est étouffée face à la hausse des prix. Dans ce contexte, le minimum légal reste fixé à 85.000 tenges par mois depuis 2025, un niveau qui sert de plancher mais qui ne suffit pas à compenser les coûts de la vie dans les zones urbaines.

Ainsi, malgré ces augmentations, la pression inflationniste et le ralentissement de la croissance réelle des salaires posent question sur le pouvoir d’achat effectif des Kazakhstanais.

Productivité du travail : un décalage par secteur

La croissance des coûts salariaux surpasse souvent l’augmentation de la productivité du travail dans de nombreux secteurs de l’économie du Kazakhstan. Dans les secteurs du transport et de l’entreposage, les dépenses en salaires ont augmenté de 2,3 fois, alors que la productivité n’a progressé que de 32%. Dans l’industrie minière, les coûts salariaux ont crû de 2,1 fois, contre une hausse de productivité de 61,3%. Et dans le secteur hôtelier et de la restauration, les dépenses ont presque doublé (+2,2 fois) mais la productivité n’a augmenté que de 68,7%.

Ce déséquilibre s’observe aussi dans des secteurs comme l’eau et l’assainissement, où la productivité a doublé, mais les coûts salariaux ont “seulement” augmenté de 71%, suggérant des efforts d’efficacité plus substantiels que dans d’autres branches.
Le résultat est clair : dans plusieurs branches clés de l’économie, l’augmentation des coûts salariaux dépasse largement les gains de productivité, ce qui peut réduire la compétitivité des entreprises locales sur le long terme.

Au Kazakhstan, la productivité reste loin devant celle des pays de l’OCDE

Derrière ces chiffres se dessinent des tensions sur le marché du travail. Le Kazakhstan affiche une croissance soutenue du nombre de postes vacants, soulignant un déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi, notamment dans des grandes villes comme Almaty et la capitale Astana. Par ailleurs, malgré les hausses salariales, la productivité globale du pays reste faible comparée aux économies avancées : selon des données antérieures, le Kazakhstan se classe loin derrière les pays de l’OCDE en termes de productivité du travail, environ trois fois moindre en moyenne.

À cela s’ajoutent des facteurs structurels tels que la forte présence de salaires « gris » non déclarés, qui représentent une part non négligeable de l’emploi et faussent la perception du marché du travail officiel. Plus de 30 % des employés pourraient ne pas contribuer pleinement au système de sécurité sociale, selon le ministère du Travail.

Par Païsiy Ukhanov
Le 12/24/2025

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