En mer Caspienne, un investisseur danois mise sur l’élevage de truites
En mer Caspienne, un investisseur danois mise sur l’élevage de truites

En mer Caspienne, un projet inédit marque une rupture dans la stratégie halieutique du Kazakhstan. Une entreprise danoise a investi dans l’élevage de truites en pleine mer, ouvrant la voie à une aquaculture marine encore jamais pratiquée dans le pays. Cette initiative étrangère, lancée dans la région de Mangystau, ambitionne de transformer durablement un secteur resté jusqu’ici largement inexploité.

La mer Caspienne, nouveau territoire de l’aquaculture au Kazakhstan

Au large de la région de Mangystau, au Kazakhstan, un événement discret mais stratégique s’est produit en mer Caspienne. Pour la première fois, des cages marines destinées à l’aquaculture ont été installées afin d’y élever de la truite, une espèce proche du saumon. Le projet est porté par Organic Fish, une entreprise soutenue par des capitaux danois, et s’inscrit dans une logique d’investissement étranger visant à introduire des technologies aquacoles avancées au Kazakhstan.

La mer Caspienne n’a jamais été associée à l’aquaculture marine industrielle au Kazakhstan. Jusqu’à présent, l’élevage de poissons reposait presque exclusivement sur des installations continentales, principalement en eau douce. Toutefois, selon Kursiv, l’installation de cages en pleine mer constitue une première nationale et même régionale, puisque le projet est présenté comme le premier d’aquaculture marine en Asie centrale. Cette rupture est d’autant plus significative que la mer Caspienne est historiquement exploitée pour la pêche, et non pour l’élevage contrôlé.

Dans ce contexte, l’arrivée d’un acteur étranger change profondément la donne. Le gouverneur de la région de Mangystau, Nurdaulet Kilybay, a confirmé que ce projet visait explicitement à diversifier le complexe agro-industriel local. Ainsi, la mer Caspienne devient un nouvel espace productif, tout en servant de terrain d’expérimentation pour des méthodes d’aquaculture adaptées à des conditions marines spécifiques. Par conséquent, ce lancement ne se limite pas à une simple ferme piscicole, mais s’inscrit dans une stratégie de long terme pour moderniser le secteur halieutique national.

La mer Caspienne au cœur d’un investissement étranger en aquaculture

L’originalité du projet repose également sur son origine. Organic Fish bénéficie d’un investissement danois, apportant avec lui des technologies éprouvées dans l’élevage de salmonidés. Cette dimension étrangère est centrale, car l’aquaculture marine reste une activité nouvelle au Kazakhstan, tant sur le plan technique que réglementaire. De ce fait, le savoir-faire importé joue un rôle clé dans la viabilité du projet en mer Caspienne.

Sur le plan opérationnel, les infrastructures installées sont d’une ampleur inhabituelle pour le pays. Les cages marines déployées affichent un diamètre de 120 mètres et une profondeur de 25 mètres. Ces dimensions permettent de recréer des conditions proches du milieu naturel, tout en assurant un contrôle sanitaire strict. En outre, les cages ont été installées à environ 20 kilomètres au sud du port de Kuryk, un choix géographique qui limite l’impact côtier tout en facilitant la logistique maritime en mer Caspienne.

La mer Caspienne comme laboratoire d’un modèle aquacole inédit

Au-delà des infrastructures, le projet se distingue par ses objectifs de production. L’entreprise prévoit de produire jusqu’à 20 tonnes de truites avant la fin de l’année de lancement. Cette phase initiale, volontairement limitée, vise à tester la résistance des poissons et l’adaptation des équipements aux conditions spécifiques de la mer Caspienne. Par la suite, la montée en puissance devrait être progressive mais significative.

Les projections à moyen terme sont nettement plus ambitieuses. La capacité annuelle pourrait atteindre entre 300 et 1.600 tonnes dans les premières années d’exploitation. À plus long terme, Organic Fish envisage même une production pouvant aller jusqu’à 5.000 tonnes par an, selon les informations publiées par l’entreprise sur son site officiel. Ces volumes placeraient la mer Caspienne au cœur d’une nouvelle filière industrielle, susceptible de réduire les importations de poissons comme le saumon et de renforcer la sécurité alimentaire du pays.

En mer Caspienne, un investisseur danois mise sur l’élevage de truites

© Акимат Мангистауской области

La mer Caspienne et le transfert de technologies aquacoles

L’un des enjeux majeurs du projet concerne le transfert de compétences. Selon les informations présentées par Organic Fish, plus de 3.000 échantillons environnementaux ont été analysés avant le lancement afin d’évaluer la qualité de l’eau et la compatibilité écologique du site. Cette approche scientifique, encore peu répandue dans la région, témoigne de la volonté d’adapter les standards internationaux à la mer Caspienne, plutôt que d’y appliquer des modèles importés sans ajustement.

Par ailleurs, l’entreprise met en avant une gestion écosystémique de l’aquaculture. L’objectif est de limiter l’impact environnemental tout en optimisant la croissance des poissons. Cette stratégie est d’autant plus importante que la mer Caspienne constitue un écosystème fermé, particulièrement sensible aux perturbations industrielles. Ainsi, l’introduction de pratiques contrôlées pourrait servir de référence pour de futurs projets aquacoles dans la région.

La mer Caspienne face aux premiers résultats concrets

Les premières opérations de mise en production ont déjà livré des données tangibles. Environ 30.000 juvéniles de truite, représentant près de 6.000 kilogrammes de poissons, ont été libérés dans les cages marines lors de la phase de lancement. Ce volume initial constitue une étape clé pour valider la faisabilité technique de l’élevage en mer Caspienne, dans des conditions réelles.

Ces chiffres, bien que modestes à l’échelle industrielle, revêtent une importance symbolique forte. Ils confirment que la mer Caspienne peut accueillir des projets aquacoles structurés, au-delà de la pêche traditionnelle. En parallèle, les autorités locales soulignent que cette initiative pourrait créer de nouveaux emplois spécialisés et renforcer l’attractivité de la région de Mangystau pour d’autres investisseurs étrangers.

La mer Caspienne, pivot d’une stratégie économique plus large

Enfin, ce projet s’inscrit dans un cadre économique plus global. Pour les autorités kazakhstanaises, l’aquaculture marine représente un levier de diversification, alors que l’économie régionale reste largement dépendante des hydrocarbures. En ce sens, la mer Caspienne devient un espace stratégique, non seulement pour l’énergie, mais aussi pour l’agro-industrie et la production alimentaire à haute valeur ajoutée.

Le succès de cette première ferme pourrait ouvrir la voie à d’autres projets similaires. L’enjeu dépasse donc l’élevage de truites ou de saumon. Il s’agit de poser les bases d’une filière aquacole moderne, intégrée et compétitive, capable de s’inscrire durablement dans l’économie kazakhstanaise, tout en attirant de nouveaux capitaux étrangers autour de la mer Caspienne.

Par Rodion Zolkin
Le 12/23/2025

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