À Almaty, l’ouverture de l’exposition «ASSM: une exposition dédiée aux inégalités de genre et aux droits des femmes» a marqué un moment fort dans le débat national sur les violences faites aux femmes. Réalisée par la photographe kazakhstanaise Saule Adilbekova, cette installation immersive confronte le public à une réalité glaçante : au Kazakhstan, les inégalités de genre restent profondément enracinées, et les violences qui touchent les femmes demeurent un problème majeur de société.
L’origine du projet : représenter l’invisible
Comme le raconte le média kazakhstanais Kursiv, l’exposition met en scène l’histoire d’une femme qui devient progressivement victime de son propre conjoint, un récit inspiré de situations réelles observées dans les centres d’aide et les associations pour les femmes en danger. L’objectif de Saule Adilbekova est clair : montrer que la violence domestique ne commence jamais par un acte spectaculaire, mais par une série de micro-agressions souvent normalisées. En créant cette œuvre, la photographe souhaite briser le silence, donner un visage à celles qu’on n’entend pas et rappeler l’urgence de protéger les femmes contre toutes les formes de violence.
Une expérience immersive qui dérange pour sensibiliser
Le parcours débute dans une pièce apaisante, puis se transforme en un espace de plus en plus sombre et oppressant. Chaque salle illustre une étape d’un cycle de violences : la manipulation, la perte d’autonomie, la menace, puis l’agression.
Cette montée en tension émotionnelle vise à permettre aux visiteurs de ressentir, ne serait-ce qu’un instant, ce que vivent des milliers de femmes au Kazakhstan. De nombreux visiteurs témoignent d’une expérience bouleversante et salutaire.
Selon les informations présentées lors de l’exposition, la violence domestique demeure un fléau national. Les inégalités de genre persistent dans de nombreux domaines : accès à la justice, soutien psychosocial, dépendance économique ou encore pression sociale. L’exposition rappelle également que les femmes victimes se heurtent souvent à un manque de reconnaissance institutionnelle et à des stéréotypes profondément ancrés.
Objectif : provoquer une prise de conscience collective
Pour ses organisateurs, cette initiative artistique vise à secouer les consciences et à encourager un changement réel. Elle invite à réfléchir à ce que vivent les femmes, à analyser les mécanismes de domination et à comprendre que la violence est un phénomène systémique. L’exposition est également pensée comme un support pédagogique pour les écoles, les associations et les professionnels de l’accompagnement.
L’événement a été rendu possible grâce à la mobilisation d’artistes, de sociologues, de juristes et de bénévoles. Tous partagent le même constat : la société civile kazakhstanaise joue un rôle crucial dans la défense des droits des femmes. Leur engagement contribue à faire émerger des débats publics, à soutenir les victimes et à promouvoir une culture de l’égalité.
Un espace de dialogue où la parole des femmes est valorisée
Des tables rondes, ateliers et discussions sont organisés en parallèle de l’exposition. Les intervenantes — psychologues, activistes et spécialistes des droits humains — insistent sur la nécessité d’écouter les femmes, de mieux accompagner les victimes et d’agir en amont. L’exposition devient ainsi un espace de rencontre où les femmes peuvent partager leurs expériences et trouver un soutien collectif.
Les organisateurs rappellent que l’égalité entre les femmes et les hommes reste un chantier prioritaire. Les discriminations, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles, renforcent la vulnérabilité des femmes face à la violence. Cette exposition contribue à déjouer les mythes persistants et à souligner que la sécurité des femmes doit être un impératif national.
En donnant une dimension visuelle et émotionnelle aux violences subies par les femmes, Saule Adilbekova espère encourager les autorités à renforcer les dispositifs d’aide et à améliorer la législation. L’art devient ainsi un levier politique puissant, capable d’influencer l’opinion publique et de nourrir les débats institutionnels.
Dans un pays où les sujets liés aux droits des femmes restent parfois tabous, cette exposition offre un espace où l’on peut enfin nommer les violences, comprendre leur mécanisme et reconnaître les victimes. En rendant visible l’invisible, elle pousse chacun — familles, institutions, communautés — à s’interroger sur son rôle dans la construction d’un environnement plus sûr pour les femmes.
Illustration www.freepik.com.
