Depuis fin novembre 2025, les femmes entrepreneures du Kirghizstan peuvent accéder à des crédits à un taux préférentiel annuel de 12%. Cette initiative, portée par le Fonds de développement de l’entrepreneuriat, s’inscrit dans une politique plus large de soutien aux femmes actives dans l’économie réelle, au moment où l’entrepreneuriat féminin progresse rapidement dans le pays.
Des crédits à taux préférentiel pour les entreprises manufacturières et de services
Au Kirghizstan, Les femmes sont placées cette fois au centre du dispositif financier. Des crédits à taux préfrentiel sont exclusivement accessibles aux femmes exerçant dans les secteurs de la production et des services. Toutefois, le mécanisme ne s’arrête pas à l’entreprise individuelle : les personnes morales peuvent également candidater, à condition que le capital investi par les femmes représente au moins 50% du capital social. Ainsi, les femmes peuvent bénéficier de ces financements aussi bien comme travailleuses indépendantes que comme associées dans des structures plus larges.
Cependant, ce choix sectoriel n’est pas anodin. La production et les services constituent aujourd’hui deux piliers majeurs du développement économique du Kirghizstan. En ciblant ces branches, l’État et ses partenaires cherchent à maximiser l’impact économique direct sur les femmes, tout en stimulant l’emploi local. En outre, cette orientation correspond à la réalité du terrain : une grande partie des femmes entrepreneures kirghizes évoluent précisément dans ces secteurs, notamment dans l’agroalimentaire, l’artisanat, la logistique légère et les services à la population.
Du point de vue des conditions financières, les femmes bénéficient d’un cadre relativement accessible. Les montants de crédit s’échelonnent de 50.000 à 3.000.000 de soms, soit environ de 530 à 31.900 euros. La durée maximale de remboursement est fixée à trois ans. Ce cadre permet donc aux femmes de financer aussi bien de petits investissements de démarrage que des projets d’expansion plus ambitieux. Par ailleurs, le taux annuel unique de 12% reste sensiblement inférieur aux taux commerciaux classiques observés dans le pays, ce qui réduit de manière concrète le poids de l’endettement pour les femmes.
Des femmes soutenues par un dispositif financier structuré et international
Les femmes bénéficient ici d’un appui financier qui repose sur une architecture bien identifiée. Le programme repose sur une enveloppe globale de 44 millions de soms, soit environ 468.000 euros. Cette somme est répartie équitablement entre deux contributeurs : 22 millions de soms, soit environ 234.000 euros, proviennent de la Banque asiatique de développement, tandis que 22 millions supplémentaires sont issus des fonds propres du Fonds de développement de l’entrepreneuriat.
Ce montage financier traduit une convergence d’intérêts entre acteurs nationaux et partenaires internationaux. D’un côté, les autorités kirghizes affirment leur volonté de renforcer l’autonomie économique des femmes. De l’autre, une institution financière régionale s’associe à cet objectif en apportant des ressources ciblées sur l’entrepreneuriat féminin. Ainsi, les femmes deviennent un levier stratégique du développement économique, au-delà du simple soutien social.
Par ailleurs, ce programme ne constitue pas une expérimentation isolée. Il s’inscrit dans la continuité de plusieurs politiques publiques menées depuis plusieurs années pour accroître la place des femmes dans l’économie formelle. Les autorités cherchent à corriger des déséquilibres persistants dans l’accès au crédit bancaire. Historiquement, les femmes rencontrent plus de difficultés à réunir les garanties exigées par les établissements financiers traditionnels. En abaissant le seuil d’entrée et en adaptant les critères, ce programme vise donc à répondre à un frein structurel bien identifié.
Des femmes déjà nombreuses à bénéficier de ces crédits en 2025
Les femmes ne se sont pas contentées d’une simple annonce. Les chiffres publiés montrent que le dispositif est déjà entré dans une phase opérationnelle. Depuis début 2025, 253 femmes ont déjà bénéficié de ces crédits pour développer ou élargir leur activité. Le montant total accordé atteint 478.435.900 soms, soit environ 5,09 millions d’euros.
Ces données traduisent une dynamique rapide. En moyenne, chaque bénéficiaire a donc reçu près de 1,89 million de soms, soit environ 20.000 euros. Ce niveau d’investissement correspond directement aux besoins d’expansion de petites et moyennes entreprises portées par des femmes. Il s’agit le plus souvent d’achats d’équipements, de modernisation d’outils de production, ou encore de renforcement des capacités logistiques.
Cependant, au-delà des chiffres bruts, c’est la portée sociale du programme qui retient l’attention. En soutenant financièrement les femmes, l’État agit aussi sur l’emploi familial, la stabilité des revenus et l’intégration des entrepreneures dans les chaînes économiques locales. Dans de nombreuses régions, l’activité des femmes constitue la principale source de revenus du foyer. En conséquence, chaque crédit accordé aux femmes produit un effet multiplicateur sur l’économie locale, tout en renforçant la résilience des ménages.
Des femmes au cœur d’un levier de transformation économique durable
Les femmes sont désormais clairement identifiées comme un levier central du développement économique au Kirghizstan. En facilitant l’accès au financement, les autorités créent les conditions d’une montée en puissance progressive des entrepreneures sur l’ensemble du territoire. Ce mouvement dépasse la seule logique de soutien ponctuel : il s’agit bien d’un changement structurel de la place des femmes dans l’économie nationale.
Ce dispositif s’inscrit également dans une transformation sociétale plus profonde. Depuis plusieurs années, les femmes accèdent davantage à l’éducation économique, à la formation professionnelle et à l’accompagnement à la création d’entreprise. Le crédit à 12% agit ainsi comme un prolongement concret de ces politiques publiques. Les femmes formées peuvent désormais transformer leurs projets en activités rentables, sans être freinées par des conditions d’emprunt trop lourdes.
Enfin, cette dynamique concerne aussi l’image des entrepreneures dans la société kirghize. En soutenant publiquement les projets portés par les femmes, l’État contribue à légitimer leur rôle économique. Les femmes ne sont plus seulement perçues comme des actrices secondaires du tissu productif, mais bien comme des cheffes d’entreprise capables d’innover, d’employer et d’exporter. À moyen terme, cet appui financier pourrait ainsi modifier durablement l’équilibre économique entre les genres au Kirghizstan.
