Le Kazakhstan s’apprête à franchir une étape décisive dans l’adoption des cryptomonnaies. Les paiements en actifs numériques devraient bientôt être possibles directement dans les commerces physiques, via les terminaux bancaires. Une évolution majeure du règlement des achats, portée par les autorités et les grandes plateformes privées, qui positionne le pays comme l’un des laboratoires fintech les plus avancés d’Asie centrale.

Au Kazakhstan, les cryptomonnaies bientôt intégrées aux terminaux bancaires pour les paiements du quotidien dans les commerces

Le 27 novembre 2025, les autorités kazakhstanaises ont confirmé un projet attendu depuis plusieurs mois : l’intégration progressive des cryptomonnaies comme moyen de paiement dans les commerces physiques. Cette décision s’inscrit dans une stratégie nationale plus large de modernisation du système financier, alors que les banques, les plateformes d’échange et les acteurs du paiement multiplient les initiatives convergentes pour simplifier le règlement des achats du quotidien.

Cette innovation repose d’abord sur une évolution technique de grande ampleur. Les autorités kazakhstanaises ont confirmé que les terminaux des banques de second rang allaient être adaptés afin d’intégrer directement les outils des plateformes de cryptomonnaies. Cette transformation permettra, à terme, d’utiliser des actifs numériques pour le règlement des achats de biens et de services dans les commerces physiques. Ce virage technologique constitue un changement structurel pour le système de paiement du pays, traditionnellement centré sur les cartes bancaires classiques. Cette intégration ouvre la voie à un usage quotidien des cryptomonnaies, bien au-delà du simple investissement spéculatif.

Ce chantier s’inscrit dans le cadre du programme CryptoCity, une initiative nationale visant à bâtir une infrastructure complète dédiée aux cryptomonnaies. L’objectif est clair : permettre aux citoyens de régler leurs achats comme ils le feraient avec une carte bancaire, tout en utilisant des actifs numériques. Le sénateur Miras Zakiyev, responsable du Comité Finances et Budget, a expliqué que le projet s’appuie sur des expériences internationales et sur une modernisation ciblée des infrastructures existantes. « Lors de l’élaboration du projet, l’expérience internationale a été étudiée. Des travaux sont en cours pour adapter les terminaux des banques afin d’intégrer les outils des bourses de cryptomonnaies », a-t-il déclaré au média kazakhstanais Kursiv.

Dans cette configuration, le rôle des banques demeure central. Les établissements ne serviront pas seulement de relais techniques, mais aussi de garants de la conformité réglementaire. Le règlement des achats en cryptomonnaies reposera ainsi sur une articulation étroite entre technologies privées et cadre public. Les autorités ont également précisé que des mémorandums de coopération ont été signés avec des acteurs majeurs du paiement numérique, dont Freedom Pay et Yandex Kazakhstan, afin de rendre cette transition opérationnelle sans obliger chaque commerce ou chaque banque à entrer dans un dispositif expérimental lourd de type sandbox. Ce modèle hybride, à la fois ouvert et encadré, favorise l’extension rapide des paiements en cryptomonnaies dans les commerces.

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Les cryptomonnaies soutenues par les grandes plateformes pour transformer le règlement des achats

Au-delà de l’État et des banques, les grandes plateformes internationales jouent un rôle moteur dans cette dynamique. Binance Kazakhstan, filiale locale du géant mondial de l’échange de cryptomonnaies, étudie activement l’intégration de paiements via QR code dans les infrastructures existantes. Cette solution permettrait aux clients de régler leurs achats en quelques secondes depuis leur portefeuille numérique, simplement en scannant un code au moment du paiement. Toujours dans un entretien à Kursiv, Nurkhat Kushimov, représentant de Binance Kazakhstan, a confirmé cette orientation stratégique : « Binance dispose de son propre outil, Binance Pay. Nous sommes prêts à nous intégrer dans le système existant et à coopérer avec les banques ». Cette approche pragmatique favorise la diffusion rapide des cryptomonnaies dans le tissu commercial.

Cette évolution ne concerne pas seulement les paiements directs en actifs numériques. Le Kazakhstan a également validé le principe des cartes de paiement adossées à des portefeuilles de cryptomonnaies, via des plateformes officiellement agréées. Dans ce schéma, les cryptomonnaies sont converties au moment de l’achat sur le marché de l’AIFC, la place financière internationale du pays, avant que le commerçant ne reçoive un paiement en monnaie fiduciaire. Cette structure garantit à la fois la conformité réglementaire et la simplicité d’usage pour le client. L’utilisateur conserve ainsi l’expérience classique du paiement par carte, tout en utilisant ses avoirs en cryptomonnaies pour ses achats quotidiens.

Cette pluralité de solutions techniques témoigne d’une stratégie souple visant à multiplier les points d’entrée vers les cryptomonnaies. Paiement par QR code, règlement via terminal bancaire, cartes de paiement crypto : chaque canal répond à des usages différents au sein des commerces. Cette diversification renforce l’attractivité des actifs numériques auprès d’un public plus large, y compris des consommateurs peu familiers avec la blockchain. En facilitant le règlement des achats dans un cadre sécurisé, le Kazakhstan cherche clairement à transformer l’image des cryptomonnaies, désormais perçues comme un instrument de paiement à part entière et non plus seulement comme un actif financier alternatif.

Banques, commerces et cryptomonnaies : un écosystème de règlement en pleine structuration

L’un des aspects les plus innovants de ce projet réside dans la coopération étroite entre banques, plateformes privées et autorités de régulation. Traditionnellement, l’intégration des cryptomonnaies aux structures bancaires se heurte à des obstacles réglementaires importants. Au Kazakhstan, les autorités ont choisi une approche progressive et coordonnée. Les terminaux bancaires sont au cœur du dispositif, ce qui permet d’ancrer l’usage des cryptomonnaies dans les pratiques existantes des commerces. Chaque règlement s’effectuera dans un environnement maîtrisé, combinant rapidité des transactions et respect des normes financières.

Les mémorandums signés avec les opérateurs de paiement constituent un levier déterminant pour accélérer le déploiement. En autorisant l’intégration des cryptomonnaies sans passer systématiquement par la sandbox de la banque centrale, les autorités facilitent l’entrée rapide des nouveaux services dans les commerces. Cette flexibilité contraste avec l’approche plus prudente observée dans de nombreux autres pays. Elle révèle une volonté d’expérimentation à grande échelle, tout en maintenant un contrôle strict sur les flux financiers et la conformité des opérations. Le règlement des achats en cryptomonnaies devient ainsi un terrain d’innovation réglementée, favorable à l’émergence de nouveaux modèles économiques.

À moyen terme, cette structuration pourrait profondément modifier les habitudes de consommation. Les commerces bénéficieraient d’un élargissement des moyens de règlement, tandis que les banques consolideraient leur rôle d’intermédiaires de confiance entre le monde des cryptomonnaies et l’économie réelle. Pour les utilisateurs, l’intérêt réside dans la fluidité des paiements et dans la possibilité d’utiliser leurs actifs numériques sans démarches complexes. En combinant infrastructure bancaire, solutions privées et supervision publique, le Kazakhstan pose les bases d’un écosystème de paiement innovant, capable d’intégrer durablement les cryptomonnaies dans la vie économique quotidienne.