Le 27 novembre 2025, le président de l’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev, a promulgué une loi instaurant une responsabilité pénale pour tout acte lié aux cigarettes électroniques. Importation, fabrication, vente, détention et transport deviennent désormais passibles de lourdes sanctions. Cette réforme marque un tournant majeur dans la politique ouzbèke en matière de vapotage, dans un contexte régional déjà largement engagé dans la restriction de ces produits.
Les cigarettes électroniques au cœur d’un durcissement pénal inédit en Ouzbékistan
Désormais, toute forme de circulation des cigarettes électroniques est strictement interdite sur l’ensemble du territoire ouzbek. Ainsi, l’importation, l’exportation, la vente, l’achat, le stockage et même la simple détention de dispositifs de vapotage, y compris les liquides, relèvent du champ pénal. Cette extension de l’interdiction a été intégrée à la loi existante encadrant déjà les produits du tabagisme, afin d’y inclure explicitement les dispositifs électroniques de délivrance de nicotine.
Cependant, ce durcissement ne se limite pas à une interdiction symbolique. En effet, les sanctions prévues sont particulièrement sévères. Les contrevenants s’exposent à des amendes comprises entre 123,6 et 206 millions de soms, soit environ entre 9.100 et 15.200 euros. En parallèle, les peines peuvent aller jusqu’à cinq années d’emprisonnement, ou encore des travaux d’intérêt général de deux à trois ans, voire une privation de liberté, selon la gravité et la récidive des faits.
Si la réponse juridique est aujourd’hui aussi radicale, c’est d’abord parce que les autorités ouzbèkes estiment avoir perdu la maîtrise du marché des cigarettes électroniques. Entre 2021 et 2023, près de 5,4 millions de dispositifs de vapotage ont été importés dans le pays. Ce chiffre représente une augmentation de 80% par rapport à la période 2018-2020. Cette progression rapide, combinée à
Les cigarettes électroniques requalifiées juridiquement comme produits du tabagisme
Juridiquement, la réforme repose sur une modification structurelle de la législation existante. La loi sur « la restriction de la distribution et de la consommation de l’alcool et des produits du tabagisme » a été amendée afin d’y intégrer les cigarettes électroniques comme une catégorie à part entière. Cette requalification permet de leur appliquer les mêmes interdictions que celles qui frappent déjà les produits du tabac traditionnels.
Dans cette logique, le vapotage n’est plus considéré comme une alternative ou un produit de substitution, mais bien comme une extension du tabagisme classique. Ce changement de paradigme juridique conforte la position des autorités sanitaires, qui estiment que les risques pour la santé publique sont désormais suffisamment documentés pour justifier une réponse pénale.a

© Freepik.com
Les cigarettes électroniques et la jeunesse, principal enjeu sanitaire
Les autorités ouzbèkes ont, à plusieurs reprises, justifié la sévérité de la loi par la popularité croissante des cigarettes électroniques auprès des jeunes. Selon les arguments avancés par les parlementaires, le vapotage s’est imposé dans les établissements scolaires, parfois même dès le collège, malgré les interdictions antérieures.
Dans ce contexte, la nouvelle législation poursuit un double objectif. D’une part, elle vise à tarir l’offre illégale par des sanctions dissuasives. D’autre part, elle entend envoyer un signal politique fort aux familles, aux éducateurs et aux réseaux de distribution. Pour les autorités, le tabagisme sous forme électronique représente désormais un risque aussi sérieux que la cigarette traditionnelle.
Les cigarettes électroniques dans une dynamique régionale de restriction
En adoptant ce dispositif pénal, l’Ouzbékistan ne fait pas figure d’exception en Asie centrale. Au contraire, il rejoint un mouvement régional déjà engagé contre les cigarettes électroniques. Le Kazakhstan, le Turkménistan et le Kirghizstan ont, ces dernières années, adopté eux aussi des textes très restrictifs sur le vapotage, souvent au nom de la prévention du tabagisme chez les jeunes générations.
Toutefois, la spécificité ouzbèke réside dans l’ampleur des sanctions. Peu de pays de la région ont, jusqu’ici, prévu des peines de prison pouvant atteindre cinq ans pour la simple circulation de cigarettes électroniques. D’un autre côté, la nouvelle loi prévoit également un mécanisme d’exemption. Une personne impliquée dans une infraction peut être dispensée de poursuites si elle se dénonce volontairement et remet les produits prohibés aux autorités. Cette disposition vise à accélérer l’assainissement du marché du vapotage tout en favorisant la coopération individuelle.
Cette réforme apparaît aussi comme un instrument de repositionnement politique. L’Ouzbékistan cherche, depuis plusieurs années, à moderniser son cadre sanitaire tout en se rapprochant des standards stricts adoptés ailleurs dans la région. La lutte contre les cigarettes électroniques devient ainsi un marqueur visible de cette transformation, profondément liée aux enjeux de tabagisme, de jeunesse et de contrôle des marchés illicites.
Illustration www.freepik.com.
