Dématérialisation : un portail de gouvernement électronique lancé au Tadjikistan
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Le Tadjikistan vient de lancer son portail unifié de gouvernement électronique, une étape majeure qui marque l’entrée du pays dans l’ère de la dématérialisation des démarches administratives. Alors que la quasi-totalité de l’Asie centrale est en train de s’emparer de ces outils, Douchanbé s’aligne désormais sur le modèle kazakhstanais, où le portail eGov.kz fonctionne depuis près de vingt ans et sert déjà plus de 14,8 millions d’utilisateurs.

Un portail de gouvernement électronique conçu pour accélérer la numérisation au Tadjikistan

Le 19 novembre 2025, le gouvernement du Tadjikistan a annoncé la mise en service de HUKUMAT.TJ, le premier portail centralisé de gouvernement électronique au Tadjikistan. Ce lancement constitue une avancée stratégique pour un pays où l’accès aux services publics reposait encore largement sur le papier. Selon l’Agence d’Innovation et de Technologies Numériques, cette plateforme doit simplifier les démarches en ligne et renforcer la transparence administrative, dans un environnement régional où la digitalisation est devenue un enjeu prioritaire.

HUKUMAT.TJ marque une transformation profonde de l’administration tadjike, puisqu’il centralise pour la première fois un ensemble cohérent de services de gouvernement électronique au sein d’une seule interface. La plateforme, instituée par un décret présidentiel daté du 10 juillet 2025, regroupe dès son lancement environ 20 services en ligne, couvrant par exemple le transport, l’immobilier, l’état civil ou encore l’agriculture. Ce déploiement s’inscrit dans un contexte où le pays souhaite accélérer la dématérialisation tout en réduisant la dépendance aux procédures physiques. Pour appuyer cette transition, l’Agence d’Innovation et de Technologies Numériques affirme que « la plate-forme unifiée digitalisée simplifie l’accès des citoyens aux services gouvernementaux ».

Afin de rendre le gouvernement électronique facilement accessible, les autorités ont mis en œuvre un système d’identification via signature numérique ou mail, ce qui permet aux usagers de soumettre des formulaires, de télécharger des justificatifs et de recevoir directement dans leur compte personnel les résultats ou certificats numériques. La plateforme permet déjà de traiter plus de 280.000 demandes depuis sa version bêta, lancée en mars 2025. En outre, plus de 1,5 million d’utilisateurs se sont inscrits, un chiffre significatif dans un pays de moins de dix millions d’habitants. Bien que certains documents exigent encore un retrait physique pour des raisons juridiques, le gouvernement vise une administration entièrement dématérialisée d’ici 2030. Ce cap structurant illustre l’ambition de transformer en profondeur les usages, notamment dans un pays où les démarches publiques restent souvent perçues comme longues et fragmentées.

Une architecture connectée et un écosystème complet pour un gouvernement électronique

Le portail regroupe désormais 56 sites institutionnels, tandis que 22 institutions ont signé un accord pour migrer complètement leurs services vers HUKUMAT.TJ. Cette architecture en réseau permet de couvrir un large périmètre administratif et d’offrir une continuité numérique entre ministères, agences et autorités locales, ce qui constitue un élément central de tout modèle de gouvernement électronique moderne. Dès le lancement, 11 types de services publics sont accessibles, incluant le certificat de non-condamnation, les autorisations de vitres teintées, les actes de mariage, les notifications funéraires ou encore la procuration pour conduite. Ce socle initial est appelé à s’élargir progressivement, afin de créer une expérience utilisateur complète et intégrée, un point essentiel pour éviter la fragmentation numérique souvent observée dans les États engagés dans une numérisation rapide.

Le lancement de HUKUMAT.TJ s’accompagne également d’une innovation notable : la création d’un assistant conversationnel basé sur l’intelligence artificielle, baptisé Bonoor. Cet outil a démontré sa capacité à comprendre des requêtes vocales en langue tadjike, ce qui favorise une meilleure accessibilité pour les usagers moins familiers avec les démarches numériques. La plateforme est intégrée à 45 administrations, ce qui renforce la cohérence du système et permet un échange plus fluide des données internes. Ce modèle vise à rapprocher les citoyens des administrations en fluidifiant la gestion des dossiers, tout en répondant aux exigences actuelles de rapidité, de fiabilité et de transparence, éléments centraux pour la réussite d’un programme de gouvernement électronique. À terme, cette dynamique devrait réduire la bureaucratie, comme l’illustre déjà l’initiative soutenue par la SFI visant à améliorer les services dématérialisés aux entreprises.

Le Tadjikistan suit la voie du Kazakhstan, pionnier régional du gouvernement électronique

L’évolution actuelle du Tadjikistan s’inscrit dans une tendance régionale déjà bien établie, dont le Kazakhstan est le principal précurseur. Le portail kazakhstanais eGov.kz a été lancé le 12 avril 2006, d’abord comme une plateforme d’information avant de devenir un système opérationnel de gouvernement électronique doté de services interactifs complets. Le portail s’est progressivement étendu pour intégrer des signatures électroniques, un guichet unique en ligne et des fonctionnalités centralisées, qui constituent aujourd’hui un standard international. En 2025, les chiffres fournis par NITEC et la plateforme eGov.kz montrent que le Kazakhstan a déjà délivré plus de 26 millions de services en ligne depuis le début de l’année, tout en comptant plus de 14,8 millions d’utilisateurs enregistrés. Cette performance démontre la maturité d’un système devenu incontournable dans la vie administrative des citoyens kazakhstanais.

Le Tadjikistan cherche manifestement à s’inspirer de cette réussite, en créant à son tour une infrastructure unifiée soutenant la circulation numérique de l’information publique. Le Kazakhstan travaille désormais à une nouvelle version du portail, baptisée « eGov 3.0 », en préparation pour répondre aux exigences de la prochaine décennie.

L’histoire d’eGov.kz montre qu’un modèle de gouvernement électronique efficace repose sur trois piliers : une identification numérique fiable, une interconnexion généralisée des institutions et une montée en charge progressive des services. En reprenant ces principes, Douchanbé cherche non seulement à améliorer l’efficacité administrative, mais également à moderniser l’ensemble de ses services publics dans un contexte où la numérisation devient un levier essentiel de développement. Cette volonté d’alignement régional se traduit par le lancement de HUKUMAT.TJ, qui constitue la base d’un projet de transformation d’envergure pour les années à venir, même si l’État tadjik exclut pour l’instant toute conclusion prématurée sur sa maturité numérique.

Par Païsiy Ukhanov
Le 11/20/2025

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