Le géant américain Nvidia a conclu un protocole d’accord d’envergure avec le Kazakhstan, marquant une étape décisive pour l’essor de l’intelligence artificielle en Asie centrale. L’accord, estimé à 2 milliards de dollars, prévoit la livraison d’accélérateurs de calcul avancés et la mise en place d’une infrastructure souveraine dédiée aux technologies IA.
Une coopération technologique centrée sur la souveraineté numérique du Kazakhstan
Le 6 novembre 2025, Nvidia a officialisé la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement du Kazakhstan, d’une valeur potentielle de 2 milliards de dollars. Ce partenariat stratégique vise à doter le pays d’une nouvelle génération de processeurs et de supercalculateurs conçus pour l’intelligence artificielle et l’analyse de données à grande échelle. Pour Nvidia, cette opération confirme son implantation croissante dans les économies émergentes désireuses d’accélérer leur transformation numérique. Pour le Kazakhstan, elle s’inscrit dans une politique de souveraineté technologique engagée depuis plusieurs années.
Le protocole d’accord signé à Astana prévoit la fourniture d’une gamme complète de puces Nvidia H200 et d’équipements connexes destinés à des centres de calcul haute performance. Ces infrastructures seront exploitées par Kazakhtelecom et par le ministère du Développement numérique. Un premier supercalculateur, d’une capacité d’environ deux exaflops, a déjà été livré au Kazakhstan. Construit sur la base des processeurs Nvidia H200, il servira à la fois aux institutions publiques, aux grandes entreprises et aux start-ups locales du secteur technologique.
Zhaslan Madiyev, ministre du Développement numérique, a salué cette étape comme « un levier stratégique pour renforcer la souveraineté numérique du Kazakhstan et consolider sa position de leader régional dans le développement de l’intelligence artificielle et l’attraction d’acteurs mondiaux ». Le projet s’inscrit dans la stratégie gouvernementale « Kazakhstan numérique », dont l’un des objectifs est de développer un écosystème national d’innovation, capable de concurrencer les puissances technologiques voisines.
Les équipements fournis par Nvidia doivent également soutenir la recherche en calcul scientifique, la modélisation climatique et la cybersécurité. Pour le groupe américain, il s’agit d’un marché clé, dans une région où la demande en puissance de calcul explose. L’accord confirme aussi la volonté du Kazakhstan de réduire sa dépendance vis-à-vis des infrastructures cloud étrangères, notamment européennes et américaines.
Kazakhtelecom déploie une « AI Factory » propulsée par Nvidia
La coopération entre Nvidia et Kazakhtelecom a donné naissance à la première « AI Factory » commerciale souveraine d’Asie centrale. Ce centre de calcul, basé à Almaty, affiche une performance estimée à 56,4 petaflops (FP16). Il repose intégralement sur des puces Nvidia H200 et des architectures optimisées pour les grands modèles de langage et les applications génératives.
Bagdat Mussin, le président du conseil d’administration de Kazakhtelecom, a expliqué : « Nous construisons une plateforme de nouvelle génération qui servira de fondement à la souveraineté numérique du Kazakhstan. En partenariat avec Nvidia, notre objectif est de donner aux secteurs public et privé les moyens de créer leurs propres solutions d’intelligence artificielle, de développer une expertise locale et de stimuler l’innovation nationale ».
Cette installation doit également héberger des programmes de formation à l’intelligence artificielle et favoriser l’émergence d’un écosystème de start-ups dans le domaine des modèles linguistiques et de la vision par ordinateur. D’après le ministère du Développement numérique, une trentaine d’entreprises kazakhstanaises seraient déjà candidates pour accéder à la puissance de calcul du centre, via un modèle d’abonnement cloud.
Au-delà des usages industriels, cette « AI Factory » doit aussi soutenir les universités et laboratoires du pays. Nvidia prévoit d’apporter une assistance technique continue et de déployer ses bibliothèques logicielles CUDA et TensorRT, renforçant ainsi la capacité du Kazakhstan à former des ingénieurs spécialisés dans l’IA avancée.
Un partenariat stratégique dans la course mondiale à l’intelligence artificielle
Pour Nvidia, ce contrat de 2 milliards de dollars illustre la volonté de diversifier sa présence géographique face à la demande mondiale en accélérateurs IA. Alors que les marchés américain et européen atteignent une certaine maturité, l’Asie centrale apparaît comme un nouveau relais de croissance. Le groupe californien souhaite faire du Kazakhstan un hub régional pour l’entraînement de modèles d’intelligence artificielle et le stockage de données à grande échelle.
Ce rapprochement pourrait également profiter à d’autres partenaires internationaux. Le Kazakhstan, qui a signé dans le même temps des protocoles d’accord avec Boeing et OpenAI, cherche à s’imposer comme un acteur incontournable de la transition numérique régionale. La combinaison de ces accords devrait générer plusieurs centaines d’emplois hautement qualifiés et renforcer la place d’Astana dans les échanges technologiques mondiaux.
Les analystes estiment que ces investissements massifs, s’ils se concrétisent, permettront au pays d’accélérer le développement de ses propres modèles linguistiques en kazakh et en russe, mais aussi de réduire sa dépendance aux fournisseurs étrangers de services cloud. Ils soulignent toutefois que des défis persistent : manque de main-d’œuvre qualifiée, coûts énergétiques élevés et nécessité de renforcer la cybersécurité des infrastructures critiques.
Pour Nvidia, enfin, cette implantation s’inscrit dans une stratégie globale d’expansion vers les marchés émergents. L’entreprise, déjà fournisseur clé des États-Unis et de l’Union européenne, voit dans le Kazakhstan un laboratoire régional capable d’expérimenter de nouveaux usages de l’IA dans l’énergie, la logistique et l’éducation. Le groupe n’a pas précisé le calendrier des livraisons, mais les premières installations devraient être pleinement opérationnelles d’ici 2026.
