L’Ouzbékistan se lance dans une ambitieuse opération de restauration de ses pâturages, un volet essentiel à la fois de la sécurité alimentaire et de la préservation des écosystèmes, visant à renforcer durablement les bases de son élevage et à enrayer la dégradation des terres.
Un état des lieux alarmant des pâturages et de l’élevage
Début de novembre 2025, Tachkent a annoncé le lancement d’un projet national de restauration des pâturages qui devrait démarrer avant le 1 juillet 2026. Ce programme s’inscrit dans une stratégie globale liant sécurité alimentaire, gestion des terres et résilience environnementale. La moitié du territoire du pays, soit plus de 21 millions d’hectares, est consacrée aux pâturages, mais une part importante de ces terres est aujourd’hui détériorée en raison de l’érosion, du surpâturage et de la salinisation. Par ailleurs, le secteur de l’élevage, directement dépendant des pâturages, voit sa productivité contrainte par l’état des sols et des herbacées : pour inverser cette tendance, le projet prévoit le passage à de nouvelles pratiques de gestion des pâturages. En outre, la restauration ciblée des pâturages apparaît comme un levier clé pour la sécurité alimentaire nationale : en améliorant la ressource fourragère, l’Ouzbékistan anticipe une hausse de la production viande-laitière, un facteur essentiel pour son équilibre agri-alimentaire.
63 millions de dollars pour restaurer les pâturages en Ouzbékistan
L’État ouzbek a donné mandat au ministère de l’Agriculture et à d’autres organes publics de mettre en œuvre ce programme d’ici juillet 2026, avec un financement de 63 millions de dollars apportés par la Banque asiatique de développement (ADB).
Concrètement, les actions prévues porteront sur :
– le forage de nouveaux puits d’irrigation pour renforcer l’approvisionnement en eau des pâturages ;
– l’ensemencement de plantes fourragères (et d’espèces steppiques) pour restaurer la végétation ;
– le recours à des drones pour l’ensemencement des surfaces, afin d’accélérer la couverture végétale.
En parallèle, l’intervention prévoit des mesures de soutien à l’élevage : la construction de structures légères (réservoirs d’eau, hangars à fourrage) est autorisée sur les terres louées pour cultures fourragères, à condition de remplir des seuils-minima (par exemple : « minimum 60 têtes de gros ou 100 têtes de petit-bétail ») pour justifier l’aménagement.
Ce programme ne se limite pas aux pâturages : il s’inscrit dans un cadre plus large de restauration des écosystèmes, notamment des steppes et zones arides, renforcé par les engagements environnementaux de l’Ouzbékistan.
Préserver les écosystèmes steppiques et désertiques
La restauration des pâturages vise à renforcer l’appui à l’élevage et donc la sécurité alimentaire du pays : les objectifs affichés prévoient d’ici trois ans un cheptel de 445.000 têtes de gros bétail, 1.700.000 ovins et caprins et 10.300 000 volailles, tandis que la pisciculture doit atteindre 54.000 tonnes de production. Par ailleurs, la restauration des pâturages contribuera à la préservation des écosystèmes steppiques et désertiques, en améliorant la végétation, en freinant la salinisation des sols, et en réduisant les effets du changement climatique sur les zones vulnérables. Grâce à la mise en place d’une base de données et d’un système de suivi numérique pour le pilotage des pâturages, les autorités ouzbèkes entendent développer une gestion plus rationnelle et durable des sols.
En combinant restauration des pâturages, soutien à l’élevage, et gestion numérique des terres, le pays entend non seulement renforcer sa filière animale mais aussi renforcer la résilience de ses paysages face aux risques environnementaux.
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