Le Kazakhstan a officiellement adhéré à la Convention des Nations unies contre la cybercriminalité, un texte adopté en décembre 2024 et ouvert à la signature le 25 octobre 2025 à Hanoï, au Vietnam. Ce traité, considéré comme le premier cadre mondial destiné à lutter contre la criminalité numérique, marque une nouvelle étape dans la coopération internationale face à la montée des menaces dans le cyberespace. Pour le Kazakhstan, il s’agit d’un engagement politique et stratégique fort : celui de renforcer la sécurité numérique nationale tout en participant à la construction d’un ordre numérique plus sûr.
Mieux enquêter sur les infractions commises en ligne
La cérémonie de signature, organisée par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a réuni plus de 70 États, selon les chiffres publiés par l’organisation. La convention, qui entrera en vigueur après sa ratification par au moins quarante pays, vise à harmoniser les législations nationales et à établir des mécanismes de coopération judiciaire et policière dans les affaires de cybercriminalité. Pour l’ONUDC, il s’agit d’un « tournant historique », puisqu’elle permettra « de mieux enquêter sur les infractions commises en ligne, d’échanger rapidement des preuves électroniques et de protéger les victimes dans le monde entier », a expliqué la directrice exécutive de l’agence, Ghada Waly.
L’adhésion du Kazakhstan s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation de son cadre juridique et de renforcement de sa cybersécurité nationale. Depuis plusieurs années, le pays multiplie les initiatives pour protéger ses infrastructures critiques et lutter contre les attaques informatiques visant ses institutions et ses entreprises. Selon le ministère kazakhstanais du Développement numérique, les incidents liés à la cybercriminalité ont augmenté de près de 30% en un an, en particulier dans les secteurs bancaire et énergétique. En rejoignant la convention de l’ONU, le gouvernement espère bénéficier d’un accès facilité aux échanges d’informations, à l’assistance technique et à la formation des enquêteurs spécialisés.
Cybercriminalité : le Kazakhstan prévoit de mettre à jour sa législation nationale d’ici peu
Le texte adopté à Hanoï définit un ensemble d’infractions liées à la cybercriminalité, comme l’accès non autorisé à des systèmes informatiques, la manipulation de données, la fraude en ligne, le vol d’identité numérique ou encore la diffusion d’images intimes sans consentement. Il prévoit également la mise en place d’un réseau mondial de coopération « 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 » pour faciliter la collecte et le partage de preuves électroniques entre États. Ce mécanisme, déjà expérimenté dans certaines régions, vise à réduire le délai de réponse face aux attaques transfrontalières, où chaque minute compte.
Pour le Kazakhstan, cette adhésion symbolise aussi un rapprochement avec les standards internationaux. Les autorités espèrent que cette harmonisation juridique rendra les enquêtes plus efficaces et renforcera la confiance entre les partenaires étrangers. Le Kazakhstan entend « adapter rapidement sa législation pénale afin d’assurer une pleine conformité avec les obligations internationales prévues par la convention ». Cela passera notamment par l’actualisation du Code pénal et la création d’unités spécialisées au sein des forces de l’ordre.
Vers une coopération internationale plus étroite pour contrer les nouvelles formes de criminalité
Cependant, si la convention a reçu un large soutien, elle suscite également certaines réserves. Plusieurs organisations de défense des droits numérique craignent que certaines dispositions ne soient utilisées par des États pour justifier une surveillance accrue des communications en ligne. Les critiques pointent le caractère jugé « trop vague » de certaines définitions d’infractions, qui pourraient menacer la liberté d’expression ou permettre des abus dans la collecte de données. Ces inquiétudes, bien que réelles, ne remettent pas en cause le consensus sur la nécessité d’un instrument international commun : la cybercriminalité est désormais l’une des principales menaces pour la stabilité mondiale, avec des pertes estimées à plus de 8.000 milliards de dollars par an, selon Cybersecurity Ventures.
À Hanoï, le Kazakhstan a insisté sur la dimension collaborative de son engagement. Le représentant du pays auprès des Nations unies a déclaré que cette signature constituait « un pas décisif vers une coopération plus étroite entre les États pour contrer les nouvelles formes de criminalité », rappelant que « les frontières numériques n’existent plus » et que « seule une action collective peut endiguer la prolifération des attaques informatiques ». Cet engagement est d’autant plus crucial que le pays ambitionne de devenir un hub numérique en Asie centrale, tout en garantissant la sécurité de ses réseaux et la protection des données de ses citoyens.
Pour la communauté internationale, l’entrée du Kazakhstan dans la Convention de l’ONU contre la cybercriminalité représente donc un signal positif. Elle renforce la légitimité du texte et témoigne de la volonté des États émergents de s’impliquer dans la gouvernance numérique mondiale. Mais au-delà de la signature symbolique, le véritable défi réside désormais dans la mise en œuvre : renforcer les capacités nationales, assurer la formation des magistrats et des enquêteurs et trouver l’équilibre entre efficacité sécuritaire et respect des libertés individuelles.
