L’Ouzbékistan franchit une étape majeure dans sa transition énergétique : pour la première fois, les énergies renouvelables représentent près d’un quart de la production nationale d’électricité. Ce résultat historique confirme la montée en puissance des parcs solaires et éoliens du pays, fruit d’investissements soutenus et d’une volonté politique claire de réduire la dépendance au gaz naturel.
Transition « verte » : l’Ouzbékistan signe un record en matière de production d’électricité
Depuis le début de l’année 2025, l’Ouzbékistan connaît une transformation rapide de son secteur énergétique. Selon les données publiées le 22 octobre 2025 par le ministère de l’Énergie, les énergies renouvelables représentent désormais 23% du mix électrique national. Ce chiffre, inédit dans l’histoire du pays, illustre la réussite d’une politique engagée en faveur des technologies vertes. En moins de cinq ans, Tachkent est parvenue à hisser la production solaire et éolienne à un niveau comparable à celui des barrages hydroélectriques, tout en économisant des milliards de mètres cubes de gaz.
D’après les chiffres communiqués par le ministère, les centrales solaires et éoliennes ont généré plus de 9 milliards kWh d’électricité depuis le début de l’année. En y ajoutant la production hydraulique, la production totale issue des énergies renouvelables atteint 14,5 milliards kWh, soit 23% du total national. Ce volume d’électricité correspond à la consommation de près de 7,5 millions de foyers pendant dix mois, ou de 6 millions de ménages sur une année entière. En d’autres termes, les énergies renouvelables suffiraient à alimenter une ville de la taille de Tachkent durant un an.
La montée en puissance de la production verte s’explique par la mise en service accélérée d’une série de projets structurants. 17 centrales — dont 12 photovoltaïques et 5 parcs éoliens — sont désormais opérationnelles, pour une capacité installée de 4.682 MW. Ce réseau, encore embryonnaire il y a cinq ans, alimente aujourd’hui toutes les régions du pays.
Des retombées environnementales et économiques tangibles
L’impact de cette transition ne se limite pas aux chiffres de production. Les effets se font déjà sentir sur le plan économique et écologique. Le ministère de l’Énergie estime qu’en 2025, l’Ouzbékistan a économisé environ 2,7 milliards de m³ de gaz naturel grâce aux sources renouvelables. Cette économie équivaut à la consommation annuelle combinée de plusieurs provinces du pays. En parallèle, l’utilisation accrue des énergies renouvelables aurait permis d’éviter près de 4 millions de tonnes d’émissions de CO₂ et de polluants atmosphériques, confirmant l’alignement du pays sur les engagements climatiques pris dans le cadre de l’Accord de Paris.
Ces résultats offrent aussi un avantage stratégique : ils réduisent la pression sur les réserves de gaz, ressource encore dominante dans le mix énergétique national. En 2023, plus de 85% de l’électricité ouzbèke provenait du gaz naturel. Le basculement progressif vers les énergies renouvelables constitue donc un levier essentiel pour diversifier l’approvisionnement et libérer du gaz destiné à l’exportation, notamment vers la Chine et les pays voisins d’Asie centrale.
La baisse de la consommation de gaz permet aussi de réduire les importations de combustibles fossiles, contribuant à la stabilité budgétaire. Le gouvernement a calculé qu’à long terme, chaque milliard de kWh d’électricité produit par les renouvelables équivaut à une économie d’environ 300 millions de m³ de gaz. Un gain non négligeable dans un contexte de tensions sur les marchés énergétiques mondiaux.
Sur le plan industriel, ces progrès traduisent également la montée en compétence du pays. Plusieurs installations ont été réalisées en partenariat avec des groupes étrangers tels que Masdar (Émirats arabes unis) et ACWA Power (Arabie saoudite), deux acteurs majeurs du secteur des énergies renouvelables. Ces collaborations ont permis d’accélérer la mise en œuvre de projets de grande envergure, tout en transférant des savoir-faire technologiques aux entreprises locales.
Vers un avenir plus vert d’ici 2030
Au-delà du record de 2025, les autorités affichent des ambitions encore plus élevées. D’après les plans énergétiques actualisés, l’Ouzbékistan vise une part de 54% d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030. Cet objectif repose sur une stratégie d’investissement de long terme comprenant la construction de nouvelles centrales solaires d’une capacité totale de 4 GW, ainsi que plusieurs parcs éoliens totalisant 2 GW supplémentaires. Ces projets s’inscrivent dans la stratégie nationale « Green Energy 2030 », adoptée par décret présidentiel en 2022.
Le gouvernement prévoit également d’améliorer les infrastructures de stockage et de transport de l’électricité afin d’intégrer efficacement les flux intermittents. Des stations de batteries industrielles devraient voir le jour à Navoi et Boukhara, tandis que de nouvelles lignes à haute tension relieront les régions productrices à Tachkent et Samarcande.
Cette orientation s’accompagne d’une politique de soutien fiscal aux investisseurs étrangers, qui bénéficient d’exonérations douanières sur les équipements importés et de garanties d’achat d’électricité à long terme. L’État ouzbek s’efforce ainsi d’attirer davantage de capitaux privés vers les projets verts, en garantissant la rentabilité des infrastructures renouvelables.
Le pays cherche aussi à renforcer la coopération régionale. Les autorités envisagent d’exporter une partie de l’électricité verte vers le Kazakhstan et le Kirghizstan via de nouveaux interconnecteurs régionaux. Cette dimension transfrontalière positionne l’Ouzbékistan comme un futur pôle énergétique propre en Asie centrale.
Parallèlement, Tachkent multiplie les programmes de formation technique et universitaire. Les universités de Navoi et de Boukhara ont récemment ouvert des filières d’ingénierie en énergies renouvelables, soutenues par des institutions européennes dans le cadre du programme Erasmus+. Ces initiatives visent à former la main-d’œuvre locale nécessaire pour accompagner la montée en puissance du secteur.
Illustration www.freepik.com.
