Manuels « intelligents» : le Kazakhstan lance une expérimentation dans 34 écoles
manuels intelligents

L’arrivée des manuels intelligents marque une étape nouvelle pour l’enseignement au Kazakhstan : testés dès la rentrée 2025 dans des écoles pilotes, ces manuels numériques dotés d’intelligence artificielle promettent d’adapter les parcours d’apprentissage aux besoins de chaque élève, tout en ouvrant un débat sur la méthode d’évaluation et la protection des données.

Un manuel « intelligent » qui ajuste la difficulté des exercices

Le test grandeur nature débute officiellement à la rentrée expérimentale : depuis le 29 septembre 2025, 34 écoles pilotes au Kazakhstan participent à l’aprobation de nouveaux manuels et à l’intégration progressive de versions « intelligentes » qui personnalisent le travail scolaire.

Les manuels dits « intelligents » sont des ressources pédagogiques numériques conçues pour aller au-delà du simple texte imprimé. Concrètement, ils se présentent sous la forme d’applications ou de plateformes intégrées qui combinent contenus didactiques, exercices interactifs et modules d’analyse basés sur l’intelligence artificielle. Ainsi, un élève accède à un manuel numérique qui ajuste la difficulté des exercices en temps réel, propose des rappels ciblés et suit les progrès au fil des séances. Par ailleurs, ces manuels peuvent inclure des vidéos, des évaluations automatiques et des instruments analytiques destinés aux enseignants pour repérer les lacunes des élèves.

De fait, la version testée n’est pas un livre unique mais une suite logicielle. Elle intègre des algorithmes qui identifient les priorités d’apprentissage et proposent des parcours différenciés. En outre, le manuel conserve des pages de contenu textuel mais les complète par des tâches adaptatives et par des rapports d’activité fournis aux enseignants, de sorte que la relation pédagogique reste centrale, expliquent les responsables interrogés par les médias. Ces éléments ont été présentés comme des outils d’accompagnement dans la mise en œuvre des nouveaux programmes scolaires.

Un manuel qui s’améliore en cours de route

L’expérimentation des nouveaux manuels s’inscrit dans un calendrier officiel. D’abord, la phase d’expertise scientifique et pédagogique évalue la conformité des contenus ; ensuite, les versions viennent en correction ; puis elles sont testées dans des écoles pilotes ; enfin, les résultats sont discutés publiquement et soumis à examen par la commission disciplinaire, selon le processus décrit par les autorités éducatives. Concrètement, le pilote a commencé le 29 septembre 2025, et 34 écoles ont été sélectionnées pour piloter les manuels destinés à l’année scolaire 2026–2027 ; cette expérimentation couvre des disciplines telles que le russe, les mathématiques, l’histoire et la « digital literacy », suivant les disciplines annoncées par le ministère.

Ensuite, les données collectées pendant la phase pilote — scores, courbes de progression, points faibles collectifs — seront utilisées pour ajuster les contenus et la logique adaptative des manuels. Par ailleurs, les responsables ont indiqué que le travail est orchestré par le Centre républicain d’expertise et que les enseignants participant à la phase pilote recevront des instructions et un support technique, afin d’assurer une intégration pédagogique et non purement technique des manuels.

L’accompagnement par un professeur reste indispensable

Sur le plan pédagogique, les manuels intelligents promettent une individualisation accrue de l’enseignement. Concrètement, un élève confronté à des difficultés de compréhension se voit proposer des exercices de renforcement adaptés ; de même, un élève avancé reçoit des tâches de consolidation ou d’approfondissement, ce qui réduit l’ennui et améliore l’engagement. Ainsi, la personnalisation vise à rendre chaque séquence d’apprentissage plus efficace, en insistant sur la remédiation ciblée et la progression mesurable.

En outre, pour les enseignants, les manuels constituent un outil d’analyse : tableaux de bord, visualisations d’erreurs récurrentes et suggestions pédagogiques. Par conséquent, le temps de correction peut être partiellement automatisé, permettant aux professeurs de consacrer davantage d’efforts à l’accompagnement individuel des élèves. Toutefois, les observateurs notent qu’un accompagnement formation-action est indispensable ; autrement dit, la simple mise à disposition de manuels numériques ne suffit pas, il faut former les enseignants à l’usage pédagogique des données produites.

Contraintes, questions ouvertes et garanties demandées

Si les bénéfices pédagogiques sont mis en avant, la généralisation des manuels soulève des questions pratiques et éthiques. D’abord, la protection des données des élèves : puisque les plateformes collectent des traces d’apprentissage, il est impératif de sécuriser les informations et de définir des règles claires d’accès et de conservation, ont averti des experts et autorités. Ensuite, la fracture numérique : certaines écoles et certains élèves peuvent manquer d’équipements ou de connexions stables, ce qui limiterait l’efficacité des versions intelligentes ; par conséquent, l’État et les partenaires techniques devront prévoir des mesures d’équipement et de soutien technique avant toute diffusion massive.

Par ailleurs, la fiabilité des algorithmes et la neutralité des contenus demeurent des enjeux : il faudra garantir que les suggestions proposées par les manuels respectent les programmes nationaux et qu’elles ne substituent pas le jugement professionnel des enseignants. Enfin, la phase pilote permettra de mesurer l’impact réel sur les résultats des élèves et de vérifier si l’usage des manuels accroît ou non le taux de réussite par rapport aux méthodes traditionnelles, selon les critères fixés par le Centre d’expertise.

Illustration www.freepik.com.

Par Rodion Zolkin
Le 10/22/2025

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