Le Kirghizstan s’apprête à franchir une étape majeure en ouvrant la porte à l’Internet par satellite. Dès le 6 octobre 2025, un projet pilote autorisera des opérateurs internationaux à offrir une connexion Internet via des systèmes satellitaires non géostationnaires.
Internet par satellite au Kirghizstan : tous les opérateurs internationaux sont les bienvenus
Depuis des années, le défi de connecter les zones montagneuses et rurales du Kirghizstan retarde son développement numérique. Le 6 octobre 2025, le président Sadyr Japarov a signé un décret instituant un projet pilote d’Internet par satellite sur une durée d’un an (jusqu’au 5 octobre 2026).
Ce projet ambitionne de diversifier l’accès à l’Internet dans les zones isolées et d’établir un cadre réglementaire pour l’exploitation des connexions satellitaires. Tous les opérateurs internationaux de satellite qui respectent les conditions techniques et réglementaires fixées pourront participer. L’objectif officiel est de « réduire le fossé numérique, accélérer la transformation digitale et créer des conditions favorables à l’innovation dans les télécoms ». Cette démarche ne se fait pas dans un vide juridique : auparavant, un groupe intersectoriel avait été mandaté dès juillet 2025 pour identifier les obstacles législatifs à l’Internet par satellite.
La couverture Internet reste insuffisante au Kirghizstan
À l’heure actuelle, Internet au Kirghizstan reste majoritairement terrestre, via le mobile ou la fibre. Fin 2024, le pays comptait environ 7,1 millions d’utilisateurs actifs, soit une progression de 2,4% sur un an. En janvier 2024, 79,8% de la population, soit 5,41 millions de personnes, utilisaient Internet. On estime d’ailleurs que les citoyens du Kirghizstan consacrent en moyenne 2,43% de leur revenu à l’Internet mobile.
Cela dit, malgré une bonne pénétration, l’infrastructure accuse des limites : la vitesse fixe moyenne s’établit autour de 55 Mbps, et la vitesse mobile à environ 31 Mbps — des performances inférieures à la moyenne mondiale. Par ailleurs, le pays occupe le 71ᵉ rang dans l’indice « Digital Quality of Life », notamment pénalisé par son infrastructure insuffisante.
Parallèlement, le gouvernement a décidé de nationaliser l’accès au trafic Internet international pour une période d’un an, de 15 août 2025 à 14 août 2026. Le décret attribue à l’entreprise publique « ElCat » le monopole temporaire sur le transit international, obligeant les opérateurs privés à transférer leurs contrats. Cette mesure vise, selon les autorités, à « optimiser la gestion de l’infrastructure numérique et améliorer la qualité de communication ».
Internet par satellite, un coup de pouce pour le développement du Kirghizstan
Le projet pilote d’Internet par satellite ouvre un nouveau chapitre dans la stratégie numérique nationale. Il pourrait permettre de relier les vallées reculées, de soutenir l’e-éducation, la télémédecine et l’accès aux services publics numériques dans des zones jusque-là isolées.
Sur le plan compétitif, l’ouverture aux opérateurs internationaux pourrait stimuler l’innovation et encourager des modèles hybrides (satellite + réseaux terrestres). Si le pilote réussit, les autorités kirghizes pourront proposer une régulation durable répartissant les rôles entre opérateurs terrestres et satellitaires. Cependant, le succès dépendra de la clarté réglementaire : l’État devra publier les conditions techniques exactes du décret, assurer la transparence du monopole du trafic international et garantir un cadre favorable à l’investissement.
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