Au Kazakhstan, l’accès direct de la police aux caméras des boîtes de nuit s’impose progressivement comme un nouvel outil de prévention, destiné à renforcer la sécurité publique, à fluidifier les interventions et à restaurer un climat de confiance dans les établissements de divertissement les plus fréquentés du pays.
Boîtes de nuit et accès policier direct aux caméras : un tournant sécuritaire assumé
Le 25 septembre 2025, une proposition parlementaire majeure a relancé le débat sur la sécurité des boîtes de nuit au Kazakhstan, en prévoyant un accès en ligne des forces de l’ordre aux systèmes de caméras des établissements de divertissement, une évolution présentée par les autorités comme un levier structurant pour l’ordre public et la prévention des violences nocturnes.
D’abord, la question des boîtes de nuit s’est imposée au cœur de l’agenda sécuritaire national à la faveur d’une initiative portée par la sénatrice Bibigoul Jeksenbaï, qui a saisi officiellement le gouvernement pour exiger des standards de sécurité renforcés dans les établissements de divertissement. Ainsi, selon la parlementaire, il devient indispensable d’imposer un accès en ligne de la police aux caméras, de généraliser la surveillance humaine, cependant aussi de rendre obligatoires l’alarme incendie et les sorties de secours, tandis que la responsabilité personnelle des propriétaires est désormais placée au centre du dispositif. « Il est nécessaire d’introduire des normes de sécurité obligatoires : l’accès en ligne de la police aux caméras de vidéosurveillance, la sécurité, l’alarme incendie, les issues d’évacuation et la responsabilité personnelle des propriétaires pour la vie et la santé des visiteurs », a ainsi déclaré la sénatrice Bibigoul Jeksenbaï. Dès lors, les boîtes de nuit ne sont plus seulement perçues comme des espaces de loisirs, mais aussi comme des lieux stratégiques pour la prévention des infractions.
Ensuite, les chiffres étayent l’ampleur des enjeux liés aux boîtes de nuit. Entre janvier et août 2025, le numéro d’urgence 102 a enregistré 45.992 plaintes concernant des violations dans les bars, clubs et restaurants du pays. Parmi ces appels, 2.718 provenaient directement des boîtes de nuit, 2.269 des restaurants et 6.582 des cafés. Or, même si les établissements nocturnes ne concentrent pas l’ensemble des signalements, toutefois leur visibilité médiatique et leur fréquentation massive en font des points de vigilance prioritaires. Par conséquent, l’ouverture des flux vidéo aux forces de l’ordre est présentée comme une réponse pragmatique, car elle permet une réaction immédiate, tandis que la dissuasion technologique agit en amont sur les comportements à risque.
Boîtes de nuit : une vidéosurveillance dopée à l’intelligence artificielle
Dans ce contexte, les boîtes de nuit d’Almaty servent désormais de laboratoire grandeur nature pour tester les nouveaux dispositifs de vidéosurveillance connectée. De fait, depuis octobre 2025, 12 établissements pilotes ont été équipés de systèmes de vidéo-analyse intégrant des algorithmes aptes à détecter bagarres, mouvements de foule suspects et comportements agressifs. En outre, ces outils incluent des fonctions de reconnaissance faciale, ce qui permet une identification instantanée des individus recherchés. Selon la police d’Almaty, ces technologies offrent une capacité d’anticipation inédite, car elles transmettent en temps réel les alertes aux centres opérationnels. « Depuis le lancement du système dans ces établissements, aucun crime n’a été enregistré. Dans le même temps, les algorithmes ont permis d’identifier et d’interpeller des personnes recherchées », a déclaré Arystangani Zapparov, chef du département de la police d’Almaty. Ainsi, les boîtes de nuit deviennent un terrain privilégié d’expérimentation des outils de sécurité du futur.
Cependant, cette réussite annoncée dépasse le simple cadre des boîtes de nuit. Car, parallèlement, le ministère de l’Intérieur souligne que les systèmes de vidéosurveillance dotés d’intelligence artificielle ont déjà permis l’interpellation de centaines de personnes recherchées à l’échelle nationale. « Au Kazakhstan, plusieurs centaines de personnes en fuite ont pu être arrêtées grâce aux systèmes de vidéosurveillance équipés d’intelligence artificielle », a fait savoir le département de l’informatisation du ministèrede l’Intérieur. Dès lors, les boîtes de nuit apparaissent non seulement comme des lieux de prévention locale, mais également comme des maillons essentiels d’un réseau national de sécurité connectée. En conséquence, la technologie, longtemps cantonnée aux espaces publics classiques, s’étend désormais aux espaces festifs, ce qui modifie profondément l’approche de l’ordre public.
Boîtes de nuit et déploiement massif des caméras à l’échelle nationale
Par ailleurs, la question des boîtes de nuit s’inscrit dans une stratégie bien plus vaste de déploiement massif des caméras de vidéosurveillance au Kazakhstan. Un objectif ambitieux est désormais affiché par les autorités : atteindre un ratio de 15 caméras pour 100 habitants, ce qui représenterait, à terme, près de 3.000.000 de caméras sur l’ensemble du territoire national. Or, le pays dispose déjà d’un socle technologique conséquent, avec environ 1,4 million de caméras installées dans les lieux publics, dont 386.000 sont actuellement connectées aux centres opérationnels de la police. Ainsi, les boîtes de nuit ne constituent qu’un volet spécifique d’un maillage beaucoup plus large, mais leur intégration à ce réseau global marque une évolution structurelle de la surveillance urbaine.
De plus, à l’échelle municipale, la dynamique se confirme. La ville d’Almaty a ainsi annoncé l’installation de 8.000 caméras supplémentaires d’ici la fin de l’année 2025. Dans ce contexte, les boîtes de nuit, en tant que pôles de fréquentation nocturne dense, figurent logiquement parmi les sites prioritaires de ce futur renforcement. En outre, dans plusieurs régions, des communiqués officiels publiés sur le portail gouvernemental font état de 3.562 caméras opérationnelles, certaines intégrant déjà des éléments d’intelligence artificielle. Dès lors, la logique d’extension est claire : généraliser la surveillance, connecter les flux, centraliser l’analyse et garantir une intervention rapide. Par conséquent, l’intégration des boîtes de nuit dans cette architecture nationale apparaît comme l’aboutissement d’un mouvement engagé depuis plusieurs années.
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