Au Kazakhstan, la restitution des actifs mal acquis a franchi une étape majeure en 2025. Plus de 1,3 trillion de tenges ont déjà été recouvrés, et une partie de ces fonds a été réinjectée dans des projets publics essentiels, révélant l’ampleur de la lutte contre la corruption et les oligopoles.
Les actifs restitués ont servi à des projets concrets au bénéfice des Kazakhstanais
Le 20 septembre 2025, le procureur général du Kazakhstan a présenté un bilan détaillé de la restitution des actifs mal acquis. Cette notion, introduite par la loi adoptée en 2022, recouvre les biens accumulés illégalement par des groupes oligopolistiques au détriment de l’État et de la population. La campagne menée depuis deux ans a permis de récupérer des centaines de milliards de tenges et d’amorcer une réaffectation de ces ressources au bénéfice de la société.
« Plus de 1.300 milliards de tenges ont été récupérés auprès des grands acteurs du marché qui avaient illégalement retiré des actifs, dont environ 850 milliards de tenges ont été versés au budget de l’État », a fait savoir Berik Asylov, procureur général du Kazakhstan. Ces fonds n’ont pas été laissés en réserve : environ 375 milliards de tenges ont déjà servi à financer des projets concrets, notamment la construction de 207 systèmes de distribution d’eau, 177 établissements médicaux ainsi que 14 écoles et infrastructures sportives. Ces réalisations s’inscrivent dans une logique de redistribution sociale directe, un élément central de la politique actuelle de lutte contre la corruption.
En parallèle, les acteurs économiques concernés se sont engagés à réinvestir environ 5,2 trillions de tenges dans l’économie nationale. Ces accords, rendus publics lors du même point presse, constituent une nouvelle étape dans le processus de restitution, qui combine sanctions financières et mécanismes de réinjection volontaire.
Kazakhstan : la restitution d’actifs mal acquis, une campagne de grande envergure depuis 2022
Le terme d’actifs mal acquis ne se limite pas à des biens immobiliers ou à des comptes bancaires saisis. Au Kazakhstan, il désigne un ensemble de richesses obtenues grâce à des pratiques monopolistiques, des détournements ou des privatisations opaques ayant enrichi une minorité. Ces actifs comprennent aussi des participations dans des entreprises, des infrastructures ou des fonds transférés à l’étranger, souvent via des sociétés écrans.
C’est pour faire face à cette réalité que le parlement du Kazakhstan a adopté une loi spécifique en 2022, permettant à la justice de lancer des actions ciblées contre les détenteurs d’actifs soupçonnés d’avoir été acquis illégalement. Le dispositif est appuyé par des mécanismes internationaux. Ainsi, en août 2025, Interpol a publié un premier « silver notice », un outil destiné à faciliter l’échange d’informations entre pays membres concernant les biens suspects, y compris les devises numériques.
Cette coopération illustre la difficulté de tracer des flux financiers souvent déplacés hors du territoire national. Les estimations varient selon les périodes : en avril 2025, le gouvernement avait évoqué environ 1,2 milliard de dollars de restitution, tandis que 2,4 milliards de dollars seraient recouvrés sur l’ensemble de la campagne. Ces divergences reflètent la complexité du suivi et de la valorisation des actifs récupérés.
Du comité de restitution à la protection des investisseurs
Au-delà de ce bilan chiffré, c’est aussi la transformation institutionnelle du Comité de restitution des actifs mal acquis qui fait l’actualité au Kazakhstan cette semaine. Il faut savoir que le Comité a été aboli en tant que tel pour être fusionné avec le Comité de protection des droits des investisseurs. Depuis 2023, cette structure a déjà obtenu des résultats notables : 937 litiges réglés, assistance apportée à 1.732 investisseurs, 370 inspections illégales stoppées, plus de 1.000 décisions administratives annulées et 307 fonctionnaires sanctionnés. La nouvelle mission affichée est de renforcer la confiance des investisseurs tout en poursuivant la lutte contre la corruption. « Notre objectif est de créer un climat d’investissement clair et prévisible pour chaque investisseur. Je suis convaincu que le Comité pour la protection des droits des investisseurs permettra de faire passer le travail à un niveau supérieur », a déclaré Berik Asylov.
L’Office du Procureur du Kazakhstan suit actuellement plus de 1.500 projets d’investissement représentant une valeur totale de 87 trillions de tenges. Ces chiffres démontrent que la restitution des actifs mal acquis ne se limite plus à une opération punitive : elle est désormais intégrée à une stratégie de modernisation du climat des affaires et de sécurisation des flux financiers au Kazakhstan.