À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, le Kazakhstan mettra fin à l’une des mesures fiscales les plus avantageuses pour les automobilistes : l’importation de véhicules électriques sera désormais soumise à la TVA. Ce revirement marque un tournant pour un marché encore naissant, mais en pleine expansion, où les exonérations ont largement contribué à stimuler la demande ces dernières années.
Fin du régime fiscal préférentiel pour les véhicules électriques
Jusqu’à présent, au Kazakhstan, les particuliers pouvaient faire importer des véhicules électriques sur le territoire sans payer ni droits de douane ni TVA. Cette exemption, instaurée par décision de la Commission économique eurasiatique, a permis à des milliers de conducteurs d’acquérir plus facilement une voiture électrique, alors que les prix d’achat restent nettement plus élevés que ceux des modèles à moteur thermique. Mais cette mesure cessera de s’appliquer fin 2025, et tous les importateurs seront soumis à un taux de TVA désormais relevé à 16%. Cette hausse s’inscrit dans la réforme globale du Code fiscal du Kazakhstan, qui entrera en vigueur début 2026 et portera le taux standard de TVA de 12 à 16%.
L’exonération de droits de douane, elle, pourrait rester en place sous certaines conditions, notamment si le véhicule n’est pas destiné à la revente hors du Kazakhstan et est déclaré dans le cadre des règles de l’Organisation mondiale du commerce. Mais cet avantage sera loin de compenser le surcoût lié à la TVA. Le texte du nouveau Code ne prévoit aucune exception pour les véhicules électriques, malgré les discussions engagées par plusieurs associations du secteur en faveur du maintien d’incitations fiscales ciblées.
Ce changement intervient alors que le marché des véhicules électriques connaît une progression rapide dans le pays. D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, près de 17.976 voitures électriques étaient immatriculées au Kazakhstan en août 2025, contre un peu plus de 12.000 en février 2025. En l’espace de quelques mois, le parc a donc crû de près de 50%, témoignant d’un réel appétit pour cette technologie, en particulier dans les grandes villes comme Almaty et Astana. L’amélioration de l’offre de modèles et l’arrivée de réseaux de recharge plus denses ont aussi contribué à ce décollage.
Jusqu’ici, plusieurs avantages fiscaux soutenaient cette dynamique : en plus de l’exemption de TVA et de droits de douane, les véhicules électriques sont dispensés de taxe de transport, ne paient pas de redevance environnementale à l’importation et bénéficient de frais d’immatriculation réduits de moitié par rapport aux véhicules thermiques d’occasion. Ces mesures cumulées rendaient l’achat d’une voiture électrique nettement plus accessible, surtout pour les importations de seconde main en provenance d’Asie ou d’Europe. Leur disparition partielle pourrait donc ralentir les ventes, surtout chez les particuliers les plus sensibles au prix d’achat.
La TVA aura un impact sensible sur la facture
Pour les acheteurs, l’impact pourrait être immédiat. Sur un véhicule électrique coûtant l’équivalent de 30.000 dollars, l’ajout d’une TVA de 16% représentera près de 4.800 dollars supplémentaires, soit plusieurs centaines de milliers de tenges au taux actuel. Ce surcoût pourrait freiner l’élan actuel du marché, à moins que d’autres incitations ne viennent amortir le choc. Des acteurs du secteur plaident déjà pour des subventions à l’achat ou des crédits d’impôt afin de compenser la future taxe. D’autres suggèrent de renforcer les infrastructures de recharge et les avantages d’usage, comme la gratuité du stationnement ou des péages, pour rendre l’électromobilité plus attractive malgré un prix d’entrée plus élevé.
Pour l’État, cette réforme s’inscrit dans une logique de « normalisation » fiscale. Depuis plusieurs années, les autorités cherchent à élargir l’assiette de la TVA et à réduire le nombre d’exemptions, dans le but de renforcer les recettes publiques. Le nouveau Code fiscal, qui entrera en vigueur en même temps que la fin de l’exonération pour les véhicules électriques, abaisse aussi le seuil de chiffre d’affaires obligeant une entreprise à s’enregistrer à la TVA, et augmente les obligations déclaratives pour les importateurs. Autrement dit, la fin de cet avantage n’est pas un geste ciblé contre les véhicules électriques, mais s’inscrit dans un mouvement plus large de durcissement des règles fiscales.
Reste à savoir si ce virage fiscal freinera la transition du parc automobile kazakhstnais vers l’électrique. Car malgré une croissance rapide, la part des véhicules zéro émission reste marginale dans un pays où dominent encore largement les moteurs thermiques, souvent anciens et très polluants. Sans soutien spécifique, le risque est réel de voir le marché se contracter dès 2026, au moment même où il commençait à prendre son envol.