Le Tadjikistan pose un câble fibre optique vers la Chine, un projet stratégique susceptible de libérer le pays du contrôle historique de la Russie sur son accès internet.
Un tournant vers l’indépendance numérique
Le nouveau projet de câble reliant directement le Tadjikistan à la Chine suscite un grand intérêt. Cette initiative vise précisément à modifier le paysage télécoms du pays, en visant à sortir progressivement de la dépendance – que certains qualifient de monopole – imposée par les routes Internet passant par la Russie.
Le Tadjikistan dépend depuis longtemps de sentiers internet empruntant la Russie. Plusieurs études signalent que l’ensemble du trafic international, y compris celui de la région, « dépend quasi exclusivement des connexions via la Russie » pour accéder à l’internet mondial. Ce schéma limite la souveraineté numérique, renforçant la perception d’un monopole implicite.
Depuis 2018, la législation empêche les fournisseurs d’accès locaux d’acheter de la bande passante à l’étranger. Ils sont contraints de passer par Tajiktelecom à des prix dissuasifs, 4 à 5 fois supérieurs à ceux proposés par la Chine.
Le câble vers la Chine, une bouffée d’oxygène stratégique
Le projet en cours consiste à poser un câble optique de plus de 108 km dans les districts de Shamsiddin Shokhin et Darvaz. Selon Bakhtovar Abdusattorov de Tajiktelecom, cela « augmentera la capacité du canal internet, réduira les coûts et permettra aux opérateurs mobiles de proposer des services plus abordables ».
Le tracé empruntera le corridor Douchanbé–Koulyab–Darvaz–Rushan–Khorog–Kulma, ouvrant l’accès direct à la Chine, comme annoncé par les autorités dans le cadre du réseau de transport à grande vitesse qui inclut ces régions.
Accès à Internet au Tadjikistan : Tajiktelecom ne sera plus monopoliste
Ce câble pourrait fortement réduire les frais d’accès à internet au Tadjikistan. En offrant une route alternative, il brise la rente de monopole de Tajiktelecom. L’augmentation de concurrence entre FAI pourrait alléger les coûts finaux et améliorer la qualité des services, ce que réclament longuement les utilisateurs.
Politiquement, ce projet illustre le pivot technologique vers la Chine. Tout en diversifiant ses connexions, le Tadjikistan renforce ses partenariats en dehors du seul maillage russe. La Chine y voit une opportunité pour stabiliser ses liens régionaux, alors que le pays mise sur des corridors terrestres comme celui-ci pour renforcer sa présence numérique.
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