Conversion des déchets médicaux en chaleur : l’Ouzbékistan innove
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En Ouzbékistan, la première usine valorisant les déchets médicaux en énergie thermique vient d’être inaugurée à Tachkent, marquant une avancée inédite dans la gestion écologique des déchets médicaux grâce à la technologie américaine, tout en s’inscrivant dans une politique nationale « zéro déchet ».

Une prouesse technologique au service de l’environnement

Le 25 août 2025, à Tachkent, la société américaine Sayar a inauguré la première usine ouzbèke de production de chaleur issue de la combustion de déchets médicaux, dans le cadre du décret présidentiel n° 263 du 17 juillet 2024 visant à promouvoir une gestion plus durable des déchets médicaux dans le pays.

Dans un contexte où la gestion des déchets médicaux constitue un enjeu environnemental et sanitaire majeur, cette usine pilote baptisée ECO‑300, implantée à l’hôpital infectiologique n° 16 du district de Chilanzar, constitue une innovation notable. Elle repose sur une installation capable de brûler jusqu’à 300 kg de déchets par heure à des températures allant de 950 à 1150 °C, tandis qu’un système de purification multi-étapes (réacteur catalytique, solution alcaline, filtres à manches et à absorption) garantit l’émission d’un air épuré.

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Dès cette phase initiale (2024–2025), le projet a mobilisé 7 M USD d’investissements pour examiner annuellement 6.000 t de déchets médicaux des régions de Tachkent, Samarkand et Bukhara, générant ainsi jusqu’à 20 GWh de chaleur à destination principalement des infrastructures hospitalières. Ce procédé permet de détruire virus et toxines tout en réduisant le coût énergétique des établissements.

Une efficacité mesurée et un impact tangible

Si la capacité théorique de l’usine s’élève à 6 t de déchets médicaux brûlées en 20 heures par jour, actuellement elle en traite 3 t/j, ce qui reflète une phase d’opération progressive. Le volume total national de déchets médicaux générés s’élève à environ 90.000 t/an, auparavant majoritairement envoyées en décharge.

Outre l’impact environnemental, cette installation a un effet social positif avec la création de 60 emplois directs et la production de cendres limitées à 5‑10% du volume initial, sécurisant ainsi leur gestion.

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Valoriser les déchets en énergie, une vraie tendance

À l’échelle nationale, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation énergétique des déchets. Déjà en octobre 2024, l’Ouzbékistan avait annoncé un programme de 1,3 milliard de dollars pour construire jusqu’à huit centrales de valorisation des déchets solides ménagers (non médicaux), capables de traiter près de 4,7 millions de tonnes par an et de produire 2,1 milliards de kWh d’électricité à l’horizon 2027.

Plus récemment, un projet similaire porté par Shanghai SUS Environment dans la région de Samarkand, avec un engagement de 150 M USD, permettra de traiter 1 500 t/j de déchets et générer 240 millions de kWh/an d’électricité, d’ici à 2027.

À l’international, plusieurs pays ont déjà mis en service des usines similaires : aux États-Unis, en Europe ou au Japon, des centrales incinérant des déchets médicaux produisent chaleur ou électricité tout en permettant de réduire les risques biologiques hautement critiques. Toutefois, l’usine ECO-300 représente une première en Asie centrale, tant par son cadre structurel que par le modèle public-privé engagé.

Par Rodion Zolkin
Le 09/01/2025

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