Un entretien téléphonique entre Kassym-Jomart Tokaïev et Emmanuel Macron, qui a eu lieu le 23 août 2025, a mis en lumière deux narrations diplomatiques contrastées : d’un côté, le tweet présidentiel français insistant sur l’Ukraine, les transports et l’énergie ; de l’autre, le communiqué kazakhstanais soulignant la coopération économique et le cadre multilatéral.
Macron-Tokaïev : deux versions d’un même échange diplomatique
Le 23 août 2025, un entretien téléphonique entre Kassym-Jomart Tokaïev et Emmanuel Macron a révélé des divergences dans la communication officielle. Tandis que Paris mettait l’accent sur la dimension stratégique liée à l’Ukraine et aux secteurs des transports et de l’énergie, Astana privilégiait une approche axée sur la stabilité régionale et la coopération économique. Cette différence d’angle illustre les subtilités de la diplomatie contemporaine et la manière dont chaque capitale façonne le récit de l’entretien téléphonique.
Le communiqué d’Akorda, le palais présidentiel du Kazakhstan, précise qu’« à l’initiative de la partie française, il y a eu un entretien téléphonique entre le président Kassym-Jomart Tokaïev et le président Emmanuel Macron ». Les autorités d’Astana insistent sur la « dynamique positive des relations bilatérales », avec un accent sur la coopération commerciale, l’investissement et les échanges à la veille du 80ᵉ anniversaire de l’ONU. Cette mise en avant du multilatéralisme s’inscrit dans la stratégie du Kazakhstan de se présenter comme un partenaire équilibré, engagé dans le dialogue international.
Emmanuel Macron, lui a choisi d’utiliser son compte officiel pour publier un message en français, puis en kazakh. « Nous avons discuté du renforcement de notre partenariat stratégique, notamment dans les domaines des transports et de l’énergie », écrivait-il, avant d’ajouter avoir évoqué « la guerre d’agression que mène la Russie en Ukraine ainsi que les négociations en cours dans le Sud-Caucase ».
Entre économie et géopolitique régionale
Les autorités kazakhstanaises rappellent régulièrement que le volume du commerce bilatéral a atteint 5,5 milliards de dollars fin 2024, soit une hausse de 31% en un an, et que les investissements directs français cumulés depuis 2005 dépassent 20 milliards de dollars. Ces données chiffrées illustrent l’importance du partenariat économique, pilier de la diplomatie kazakhstanaise. Le communiqué officiel insiste donc sur la continuité de ce flux commercial, présenté comme un gage de stabilité.
Paris, pour sa part, a choisi de donner davantage de poids aux enjeux sécuritaires. En mentionnant l’Ukraine et le Caucase du Sud, le président français a placé l’entretien téléphonique dans une lecture plus large des équilibres régionaux. L’Ukraine y occupe une place centrale, rappelant l’implication constante de la France dans la diplomatie européenne face à Moscou.
La diplomatie du récit et l’art de l’équilibre
Cette divergence de traitement reflète deux traditions diplomatiques. D’un côté, Emmanuel Macron cherche à renforcer l’image de la France comme acteur sécuritaire global, en liant transports, énergie et guerre en Ukraine dans un même récit. De l’autre, Kassym-Jomart Tokaïev privilégie un discours institutionnel axé sur l’ONU, le commerce et la stabilité. Les différences dans la communication sur cet entretien téléphonique illustrent un équilibre délicat : Paris cherche à rallier, Astana à rassurer.
Il convient enfin de noter que les deux chefs d’État ont tenu à rappeler la continuité de leurs contacts depuis les visites croisées de novembre 2023 en France et au Kazakhstan. L’entretien téléphonique d’août 2025 s’inscrit donc dans une séquence diplomatique régulière, mais où chaque capitale ajuste son récit pour servir sa propre stratégie, entre priorité économique pour Astana et lecture géopolitique pour Paris.