Un Code de l’eau adopté en Ouzbékistan : que contient-il ?
Un Code de l’eau adopté en Ouzbékistan : que contient-il ?

Face aux sécheresses récurrentes, l’Ouzbékistan adopte un nouveau Code de l’eau qui redéfinit la gestion de la ressource. Ce texte, inédit dans son ambition, entend garantir la sécurité hydrique nationale et enrayer les pénuries, alors que le pays dépend de canaux vieillissants et d’une agriculture gourmande en irrigation.

Un Code de l’eau pour encadrer les usages et protéger la ressource en Ouzbékistan

Le président de l’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev, a promulgué le nouveau Code de l’eau. Ce texte, qui entrera en vigueur le 31 octobre 2025, marque un tournant pour l’Ouzbékistan, confronté depuis des décennies à une raréfaction de l’eau et à une forte pression agricole. Il s’agit d’un instrument juridique destiné à encadrer l’utilisation rationnelle et la protection des ressources hydriques.

Le Code de l’eau se présente comme un document fondateur. Il vise non seulement à garantir l’approvisionnement durable des populations et de l’économie, mais aussi à protéger les écosystèmes face au changement climatique. L’eau y est définie comme un bien national, dont la gestion doit répondre à des objectifs de durabilité et de préservation.

La loi introduit une distinction claire entre usages généraux et usages spéciaux. Les premiers couvrent des besoins essentiels — boire, se laver, abreuver le bétail ou encore pratiquer la pêche récréative — sans obligation de licence. Les seconds, plus intensifs, nécessitent un permis. Cette classification répond à une nécessité : limiter la surexploitation des nappes et canaux, tout en garantissant aux citoyens un accès équitable.

Gouvernance et sanctions : vers une gestion plus stricte de la ressource hydrique

Le nouveau cadre prévoit aussi la mise en place de conseils de l’eau. Un Conseil national auprès du Cabinet des ministres, mais aussi des instances régionales et de bassins, auront la charge de coordonner la gestion de la ressource. Cette gouvernance centralisée mais déclinée à plusieurs niveaux doit améliorer la répartition entre régions, souvent marquées par des tensions liées aux pénuries.

Au-delà de la régulation, le texte introduit un volet coercitif. Des amendes proportionnelles à la gravité des infractions sont prévues : 20% de la valeur de base pour un dépassement de 1.000 m³, 30% sans contrat, 5 % en cas d’absence de compteur, et jusqu’à 40 % en cas de prélèvement sans permis. En cas de récidive, la sanction est multipliée par cinq. La valeur de base fixée au 1er août atteint 412.000 soms (environ 33 dollars). Ces mesures visent à inciter les entreprises agricoles et industrielles à mesurer et limiter leurs prélèvements, dans un pays où près de 90 % de l’eau est utilisée pour l’irrigation.

Moderniser l’irrigation pour répondre aux pénuries d’eau

Au-delà des principes, le Code de l’eau s’inscrit dans une stratégie nationale de modernisation des infrastructures hydriques. L’adoption d’un programme 2025-2028 prévoyant la rénovation de 2 500 km de canaux, la remise en culture de 460 000 hectares et l’équipement de 1,4 million d’hectares en technologies économes, dont 300 000 ha en irrigation goutte à goutte. Ce plan doit permettre d’économiser 10 milliards m³ d’eau dès 2025 et jusqu’à 14 milliards m³ en 2028.

Cette dimension chiffrée illustre la volonté des autorités de passer de la réglementation à l’action. En effet, de nombreux canaux hérités de l’époque soviétique accusent de lourdes pertes par infiltration et évaporation. Leur rénovation, combinée à l’introduction de techniques modernes, apparaît comme la seule réponse possible pour enrayer la spirale de la rareté. Ainsi, l’Ouzbékistan entend réduire les pénuries et sécuriser l’approvisionnement des villes comme des campagnes.

Par Païsiy Ukhanov
Le 08/19/2025

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