De Gaza à Tachkent : l’Ouzbékistan accueille sans condition les réfugiés palestiniens
réfugiés palestiniens

Le 15 août 2025, les autorités ouzbèkes ont annoncé une série de mesures humanitaires en faveur des réfugiés palestiniens. Dans un contexte international tendu, marqué par la poursuite du conflit au Proche-Orient, l’initiative a retenu l’attention des observateurs. Il ne s’agit plus seulement de solidarité symbolique, mais d’actions tangibles et coordonnées.

L’Ouzbékistan ouvre ses droits aux réfugiés palestiniens

Le chiffre est modeste, mais le signal est fort : 47 réfugiés palestiniens ont obtenu la citoyenneté ouzbèke. Annoncée par le ministère des Affaires étrangères de l’Ouzbékistan, la mesure s’inscrit dans un programme humanitaire élargi initié en mars 2024. Les bénéficiaires, principalement des familles ayant fui la bande de Gaza à la suite des bombardements de l’automne 2023, se sont vu accorder l’ensemble des droits réservés aux citoyens : accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi et à l’habitat.

Une décision rare, soulignée par les autorités comme un acte de responsabilité éthique. « Nous ne restons pas spectateurs face à la souffrance humaine », a affirmé un porte-parole du ministère.

Aide financière, logistique et médicale : une mobilisation inédite

Outre les naturalisations, l’Ouzbékistan a acheminé une aide humanitaire de 500.000 dollars américains, soit environ 460.000 euros, destinée à des camps de réfugiés situés au Liban, en Jordanie et dans les Territoires palestiniens. Cette assistance prend la forme de fournitures médicales, de nourriture et de vêtements. Elle est coordonnée par l’Agence ouzbèke de développement international (UzAID) en collaboration avec le Croissant-Rouge ouzbek.

L’intervention ne s’arrête pas à l’envoi de colis. Le 10 août 2025, des équipes médicales ouzbèkes spécialisées en traumatologie ont été dépêchées dans des hôpitaux libanais, dans le cadre d’un accord bilatéral d’urgence. Une opération discrète, mais déterminante pour des milliers de civils blessés.

Un dispositif national structuré autour d’une task force interinstitutionnelle

L’accueil des Palestiniens sur le sol ouzbek repose sur une structure étatique spécifique, activée lors d’une réunion exceptionnelle du gouvernement le 14 août 2025. Présidée par le Premier ministre, cette réunion a débouché sur la création d’une task force réunissant plusieurs ministères : Intérieur, Santé, Affaires sociales, Éducation. Ce mécanisme permet de centraliser les décisions et de coordonner les efforts des administrations. Plusieurs ONG locales sont également mobilisées pour assurer la traduction, l’insertion et le suivi sanitaire des réfugiés.

Une diplomatie affirmée en faveur de la Palestine

L’engagement ouzbek ne date pas d’hier. Dès 1994, le pays reconnaît l’État de Palestine et abrite depuis 2009 une ambassade palestinienne à Tachkent. En novembre 2023, le président Shavkat Mirziyoyev annonçait un don de 1,5 million de dollars à l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.

Plus récemment, le 11 novembre 2024, lors du Sommet arabe-islamique de Riyad, il déclarait : « Nous soutenons la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ». Une position qui tranche dans une région où la neutralité est souvent la règle.

Une politique étrangère discrète mais offensive

Alors que de nombreux pays hésitent à accueillir des réfugiés en provenance de Gaza, l’Ouzbékistan multiplie les gestes. Naturalisation, aide directe, présence médicale, voix diplomatique claire : autant de signaux convergents vers une stratégie humanitaire structurée. Le pays semble vouloir gagner en stature internationale, en misant sur un positionnement éthique et multilatéraliste.

Par Païsiy Ukhanov
Le 08/16/2025

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