Tachkent étend ses artères. En ce mois d’août 2025, les autorités annoncent la construction d’un prolongement de métro de 8 kilomètres destiné à relier la capitale existante au Nouveau Tachkent, futur quartier à la surface gigantesque. Pour ce projet, 110 millions de dollars seront mobilisés. Une annonce à fort potentiel… mais aux contours encore mouvants.
Un prolongement stratégique du métro de Tachkent
Le métro de Tachkent, qui transporte déjà près de un million de passagers par jour via 50 stations réparties sur quatre lignes, s’apprête à voir naître un prolongement inédit. Cette nouvelle ligne de 8 kilomètres, dotée dans un premier temps de trois stations, partira de la station existante Dustlik et s’étendra jusqu’aux abords du Nouveau Tachkent.
Le coût total s’élève à 110 millions de dollars, répartis entre 11 millions versés en 2025 et 99 millions en 2026, selon les précisions publiées le 14 août 2025 par Upl.uz. La capacité de la ligne est estimée à 230.000 passagers par jour, avec un potentiel d’extension à 21 kilomètres et neuf stations supplémentaires.
Parmi les sociétés participantes figurent le turc XVAV YAPI SANAYI VE TIC. A.S., en charge de l’investissement principal, mais aussi le russe Mosinzhproekt, qui a confirmé sa participation via Kursiv le 15 août 2025, et le conglomérat Dogus Holding, également mobilisé. À noter que le projet n’a pas fait l’objet d’un appel d’offre public.
Nouveau Tachkent : une mégapole urbaine conçue pour deux millions d’habitants
Le Nouveau Tachkent — en ouzbek Yangi Toshkent — ne se limite pas à une simple extension urbaine. Il s’agit d’un projet colossal couvrant 25.000 hectares à l’est de la ville actuelle, situé entre les rivières Chirchik et Karasu, conçu pour accueillir jusqu’à 2,5 millions d’habitants. Ce chiffre a été confirmé dans les documents du Ministère de l’Investissement, de l’Industrie et du Commerce, datés du 12 juin 2025.
La ville reposera sur des principes écologiques affirmés : 25% de la surface totale sera consacrée à des espaces publics ouverts, 200.000 arbres seront plantés, des ponts piétons et des canaux gravitationnels y seront intégrés. Le transport public occupe une place centrale dans le plan directeur. Le masterplan confié aux cabinets Cross Works et BuroHappold a été présenté lors de l’Expo 2025, soulignant l’ambition durable du projet.
La densité visée est de 100 habitants par hectare, assurant un équilibre entre population, infrastructures et qualité de vie. Chaque quartier sera connecté à des services éducatifs, culturels ou administratifs. Un « jumeau numérique » pilotera en temps réel l’évolution urbaine et ses ressources.
Un métro comme colonne vertébrale d’une ville en devenir
L’extension du métro vers le Nouveau Tachkent ne répond pas seulement à un impératif de mobilité. Elle anticipe les besoins d’une ville entière en cours de genèse. L’intégration du métro dans le plan directeur est l’un des leviers de sa viabilité. Une des stations sera implantée à proximité du futur complexe olympique, structurant la zone Est.
L’estimation du coût au kilomètre pour les sections souterraines s’élève à 8 millions de dollars, soit environ 7,3 millions d’euros, selon les sources officielles ouzbèkes. Le projet comprend à la fois des sections souterraines et des portions à ciel ouvert ou en tranchée.
Ce métro vise donc autant à désengorger la capitale existante qu’à préparer la desserte du Nouveau Tachkent, appelé à devenir un centre administratif, technologique et résidentiel. Cette ligne deviendra « l’épine dorsale du réseau futur, autour duquel se grefferont les autres formes de mobilité douce ».
Pas un projet, une stratégie : l’urbanisme selon Tachkent
Derrière la vitrine des chiffres, c’est une véritable stratégie d’aménagement national qui se dessine. En reliant la capitale actuelle à une zone entièrement nouvelle, le gouvernement affirme sa volonté de déconcentrer la population, moderniser les infrastructures, verdir le tissu urbain et attirer des investisseurs étrangers. Le tout, sous supervision présidentielle.
Les documents du gouvernement ouzbek publiés sur new.gov.uz le 9 août 2025 insistent sur la nécessité d’une construction « réfléchie, antisismique, durable, orientée services publics ». Ces directives donnent un cadre réglementaire clair aux entreprises participantes.
Enfin, le caractère international du projet — impliquant des entreprises russes, turques, ouzbèkes — souligne l’enjeu géopolitique : Tachkent s’affirme comme un hub régional dans l’Asie centrale en transition.