Israël investit 1,38 milliard d’euros dans les infrastructures du Kazakhstan
Israël investit dans les infrastructures au Kazakhstan

Un pays d’Asie centrale attire l’attention d’un investisseur du Moyen-Orient. À la croisée des routes commerciales, un projet massif s’esquisse. Que vise réellement le fonds israélien au Kazakhstan ?

Israël investit lourdement dans les infrastructures kazakhstanaises

Le 13 août 2025, l’État kazakhstanais a reçu la visite d’un acteur inattendu. Le fonds israélien ValueLBH Fund, via son dirigeant Shimon Ben Hamo, a exprimé son intention d’investir 1,5 milliard de dollars américains – soit environ 1,38 milliard d’euros – dans des projets structurants au Kazakhstan. Un signal clair : l’État hébreu ne se limite plus aux marchés traditionnels. Mais pourquoi le Kazakhstan ? Et sur quels leviers ce fonds mise-t-il ?

C’est lors d’une rencontre à haute teneur stratégique entre Gabidulla Ospankulov, président du comité pour les investissements du ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan, et Shimon Ben Hamo, associé directeur de ValueLBH Fund, que l’annonce a été faite. L’objectif affiché ? Injecter des capitaux dans la construction de hubs logistiques, de corridors de transport et de complexes agro-industriels.

Derrière cette déclaration se cache une offensive économique bien calculée. « Le Kazakhstan est prêt à offrir aux investisseurs une large gamme de mesures de soutien de l’État », a fait savoir Gabidulla Ospankulov. Une déclaration stratégique qui entend séduire des investisseurs à fort potentiel comme ValueLBH.

Le Kazakhstan, un territoire stratégique pour Israël

Pourquoi un fonds israélien, historiquement tourné vers l’immobilier et la finance en Europe ou en Amérique du Nord, s’intéresse-t-il au Kazakhstan ? La réponse est logistique et géopolitique. Situé entre la Russie, la Chine et l’Iran, le Kazakhstan est devenu une plaque tournante régionale pour les flux de marchandises. « Le pays occupe une position stratégique au croisement de routes commerciales majeures », a rappelé Shimon Ben Hamo.

Et ce positionnement géographique n’est pas le seul atout. D’après le directeur du fonds, les infrastructures kazakhes permettent aussi de s’intégrer dans les chaînes logistiques mondiales et de développer une production locale à forte valeur ajoutée. C’est donc autant une tête de pont pour Israël vers l’Asie qu’un nouveau centre de production potentiel.

Vers des synergies énergétiques et agricoles

Mais l’ambition de ValueLBH ne s’arrête pas à la logistique. Les deux parties ont évoqué la création d’entreprises communes dans les domaines de l’énergie verte et de la transformation pétrolière. Le Kazakhstan, bien que producteur d’hydrocarbures, tente depuis plusieurs années de diversifier ses sources d’énergie.

Le fonds israélien, de son côté, se positionne comme un catalyseur technologique. Son expertise, notamment dans la gestion de projets agricoles et énergétiques, pourrait faire la différence. Cette complémentarité est d’autant plus stratégique que ValueLBH Fund est adossé à Value Base, l’une des principales institutions d’investissement en Israël.

Une coopération entamée dès 2024

Ce partenariat ne sort pas de nulle part. Dès août 2024, Shimon Ben Hamo avait rencontré Nurzhan Nurzhigitov, alors ministre kazakhstanais des Ressources hydriques. Les discussions portaient alors sur la construction et la modernisation de barrages, ainsi que sur des dispositifs de protection contre les crues.

Il s’agit donc d’une coopération progressive et élargie, qui prend aujourd’hui une tournure capitalistique beaucoup plus significative. Israël teste ici un modèle de diplomatie économique : faible médiatisation, forte structuration locale, appui sur des besoins concrets.

Avec cet engagement de 1,5 milliard de dollars, le fonds israélien ValueLBH s’ancre dans une région longtemps ignorée par les capitaux occidentaux. Le Kazakhstan, en retour, y voit une occasion de diversifier son économie, d’attirer de nouvelles technologies et de renforcer ses capacités logistiques et agricoles. Une alliance inattendue, mais fondée sur des intérêts mutuels bien identifiés. Si les promesses sont tenues, ce projet pourrait bien devenir un modèle d’intégration régionale entre Israël et l’Asie centrale.

Par Rodion Zolkin
Le 08/15/2025

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