Secours aériens au Kazakhstan : un avion transforme l’évacuation d’urgence
avion d'évacuation médicale

À quoi ressemble un hôpital volant quand il survole les steppes kazakhes ? À bord d’un appareil ultramoderne, les patients ne voyagent plus : ils sont déjà pris en charge. Mais le Kazakhstan va-t-il vraiment rattraper les standards occidentaux de la médecine d’urgence en vol ?

Un avion sanitaire nouvelle génération livré le 13 août 2025

Le 13 août 2025, le ministère de la Santé du Kazakhstan a annoncé l’entrée en service d’un avion sanitaire Bombardier Challenger CRJ200, entièrement rééquipé pour les missions d’urgence médicale. Cette annonce marque un tournant dans la stratégie nationale de modernisation des secours héliportés et aéroportés. Les avions obsolètes, quant à eux, sont désormais entièrement retirés du service.

Cette réforme s’inscrit dans une dynamique amorcée dès février 2025 par la ministre de la Santé Akmaral Alnazarova, qui avait souligné que cette transformation permettrait d’« améliorer la sécurité des vols, élargir la couverture géographique des évacuations et rendre l’aide médicale urgente plus accessible aux habitants des régions isolées ».

Des secours aériens optimisés pour transporter plus et plus vite

Le Bombardier Challenger CRJ200, appareil à réaction canadien, a été modifié en profondeur pour servir d’avion sanitaire. Il est désormais équipé de deux modules médicaux Spectrum Aeromed, de systèmes d’oxygénation, d’alimentation en énergie pour les équipements de survie, ainsi que d’un système de filtration et de régulation de pression.
Grâce à ces ajustements, il peut accueillir 4 patients allongés, jusqu’à 35 patients assis, ou encore une équipe de 12 spécialistes de la transplantation, ainsi que les organes à transplanter. Ce niveau de capacité place cet avion parmi les plus performants au monde dans le domaine de la médecine d’urgence en vol.

Avec une vitesse de croisière estimée à 860 km/h et une portée supérieure à 3.000 km sans ravitaillement, il permet des évacuations médicales rapides entre les régions reculées du Kazakhstan, voire depuis l’étranger.

L’appui de Kazaviaspas : hélicoptères, avions et logistique de secours

La modernisation ne s’arrête pas là. La société publique Kazaviaspas, chargée des secours aériens, a récemment acquis six hélicoptères (modèles MI‑8 et Ka‑32) et deux avions L‑410NG. Ces turbopropulseurs tchèques, livrés en mars et mai 2025 par OMNIPOL, sont dotés de capacités multirôle : évacuations médicales, transport de matériel humanitaire, missions de surveillance aérienne ou d’interventions en zone de catastrophe. Leur configuration sanitaire comprend des modules bio-contaminés et des équipements pour patients lourds. Leur prix unitaire est estimé à 5,5 millions d’euros. Le L‑410NG peut décoller sur des pistes de 500 mètres, non revêtues, un atout considérable dans un pays aussi vaste et peu densément peuplé.

Kazakhstan contre Europe : qui maîtrise le ciel des secours ?

Le Kazakhstan cherche à s’aligner sur les normes occidentales. Mais les écarts restent sensibles. En Europe, les services d’ambulance aérienne utilisent des jets tels que les Learjet 45XR (capables de 830 km/h sur 3.800 km), des AW139 (hélicoptères bimoteurs) ou encore des H145. Ces appareils sont équipés d’unités de soins intensifs mobiles, parfois de modules IsoPod pour transporter des patients infectieux, comme ceux utilisés par European Air Ambulance. En Norvège, la flotte nationale inclut le Beech King Air B200, piloté par des services publics intégrés. Au Royaume-Uni, une mission d’ambulance héliportée coûte en moyenne 4.100 euros, financée par des dons.

À ce jour, le Kazakhstan n’affiche pas un tel niveau de spécialisation. Mais il compense par l’introduction d’un avion de grande capacité comme le CRJ200, et une flexibilité opérationnelle grâce aux L‑410NG, mieux adaptés aux réalités topographiques du pays.

Quels effets sur les patients ? Moins d’heures, plus de vies

Au-delà des chiffres, la réforme vise une finalité simple : sauver plus vite. Grâce au CRJ200, les temps d’évacuation depuis les régions extrêmes comme Mangistaou ou le sud du Kazakhstan sont divisés par deux, selon le ministère.

Les patients nécessitant des greffes ou des soins intensifs critiques peuvent être transférés d’une zone rurale vers Almaty ou Astana en moins de trois heures, contre six à huit auparavant. Les hélicoptères permettent quant à eux de rejoindre un hôpital en moins de 45 minutes, même depuis des zones non accessibles par la route.

En déployant un avion médical de nouvelle génération, le Kazakhstan accélère la transformation de ses secours aériens. Si les standards européens ne sont pas encore atteints dans leur globalité, la modernisation est en marche, tangible, et fondée sur une logique d’efficacité territoriale. La polyvalence des nouveaux appareils et leur configuration médicale avancée constituent une réponse directe à un besoin vital : ne pas laisser la distance décider du pronostic vital.

Par Païsiy Ukhanov
Le 08/15/2025

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