Le 9 août 2025, à Washington, une signature hautement symbolique a réuni Ilham Aliyev, Nikol Pachinian et Donald Trump, en présence d’émissaires internationaux. Au cœur des discussions, la fin des hostilités entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Si l’annonce a suscité l’enthousiasme de dirigeants régionaux comme Kassym-Jomart Tokaïev et Shavkat Mirziyoyev, elle ne constitue pas encore un traité de paix, mais une étape significative sur ce chemin complexe.
Un accord qui n’en est pas tout à fait un
L’événement s’est matérialisé par la signature d’un mémorandum baptisé « Marche-route Trump pour la paix » (ou TRIPP), conçu comme un cadre de négociations et de garanties mutuelles. Mais aucun traité de paix n’a été signé, les parties ont seulement accepté un cessez-le-feu et la création d’un nouveau corridor de transport. Bakou insiste sur un passage extraterritorial reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, pendant qu’Erevan obtient des garanties de sécurité renforcées. Ces engagements restent conditionnés à des discussions ultérieures, notamment sur le statut des zones contestées.
Rencontre à Washington : réaction prudente mais positive de Kassym-Jomart Tokaïev
Dans un entretien téléphonique avec Ilham Aliyev le 10 août 2025, le président kazakhstanais, Kassym-Jomart Tokaïev, a salué « la décision constructive visant à stabiliser durablement la région » et rappelé que le Kazakhstan « soutiendra toute initiative favorisant un dialogue direct ». Cette position illustre le rôle de plus en plus affirmé d’Astana dans les médiations eurasiatiques, cherchant à équilibrer les influences russe, turque et occidentale.
Shavkat Mirziyoyev et l’ombre de la diplomatie ouzbèke
De son côté, le président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, a exprimé sa « conviction qu’un tel compromis, même partiel, ouvre la voie à une normalisation complète ». L’Ouzbékistan, bien que géographiquement éloigné du Caucase, voit dans cette détente un signal positif pour la coopération régionale et la sécurité des corridors commerciaux traversant l’Asie centrale.
Une étape encore fragile
Si les déclarations officielles évoquent un tournant, plusieurs observateurs soulignent les zones d’ombre. Le mémorandum signé à Washington n’a pas de valeur juridique contraignante, et les deux gouvernements doivent encore résoudre des différends constitutionnels internes. En Arménie, une partie de l’opposition accuse le gouvernement Pachinian d’avoir cédé sous pression internationale. En Azerbaïdjan, certains nationalistes dénoncent un accord qui ne garantit pas immédiatement le contrôle total des zones revendiquées.
Washington, acteur et arbitre
La présence de Donald Trump, revenu sur le devant de la scène diplomatique, n’est pas anodine. Washington cherche à renforcer son influence dans la région en utilisant le processus de paix comme outil de positionnement géopolitique. Cette implication américaine s’inscrit dans une rivalité ouverte avec Moscou, qui voit dans ce format une marginalisation de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
La signature du mémorandum TRIPP ne met pas fin au conflit arméno-azerbaïdjanais, mais elle marque une pause inédite dans les hostilités. Entre ambitions géopolitiques, intérêts économiques et fragilités internes, le chemin vers un véritable traité de paix reste semé d’obstacles. Dans les capitales régionales, d’Astana à Tachkent, on y voit cependant un jalon stratégique pour l’équilibre du Caucase.