Le 30 juillet 2025, les autorités douanières kazakhes ont annoncé une réforme majeure dans le traitement des déclarations de transit sur le Corridor central (ou Middle Corridor), réduisant le délai de déclaration de huit heures à seulement trente minutes. Ce progrès spectaculaire dans la fluidité des flux logistiques marque un tournant dans l’intégration du Kazakhstan aux chaînes de valeur eurasiatiques.

Un axe devenu central face aux bouleversements géopolitiques

Le Middle Corridor — officiellement appelé Corridor transcaspien de transport international (TITR) — relie la Chine à l’Europe via le Kazakhstan, la mer Caspienne, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. Alors que les routes via la Russie sont désormais soumises à des sanctions et à une insécurité accrue depuis 2022, cette alternative s’affirme comme l’itinéraire le plus stable et stratégique de la région.

Selon RailFreight.com, un conteneur traversant le Kazakhstan via ce corridor mettra seulement cinq jours, contre quatorze par le couloir mer Noire. En comparaison, les itinéraires maritimes classiques via le détroit de Malacca et Suez peuvent prendre jusqu’à 45 jours.

De la simplification douanière à la transformation logistique

La réforme dévoilée en juillet 2025 est fondée sur l’intégration complète des systèmes d’information entre la compagnie ferroviaire nationale KTZ, le Comité des douanes et l’Agence nationale des recettes. Grâce à un guichet unique numérique, les données des opérateurs ferroviaires sont désormais automatiquement transmises aux douanes dès l’arrivée du train.

Derrière cette réforme, une volonté claire : faire du Kazakhstan un hub logistique eurasiatique de premier plan. En 2022, plus de 1,5 million de tonnes ont transité par le corridor central, un chiffre en hausse de 150 % par rapport à 2021. L’objectif annoncé par KTZ est de doubler ce volume d’ici cinq ans, porté par la digitalisation, la modernisation des terminaux comme celui d’Aktau, et les partenariats sino-kazakhs.

À ce titre, l’accord signé en mars 2023 avec le port de libre-échange de Xi’an, en Chine, a permis à KTZ d’implanter une station logistique kazakhe en Chine continentale, renforçant l’interconnexion des chaînes d’approvisionnement.

Le Kazakhstan, architecte d’une logistique nouvelle génération

L’Union européenne, confrontée à la fermeture partielle de ses routes d’approvisionnement russes, a intensifié son soutien au développement du Middle Corridor. Un plan d’investissement de 10 milliards d’euros est actuellement à l’étude pour soutenir les infrastructures ferroviaires, maritimes et numériques le long du tracé.

En misant sur l’automatisation, l’interconnexion régionale et les partenariats logistiques orientés vers la Chine et l’Europe, le Kazakhstan se positionne comme l’un des piliers d’une Eurasie post-russe. Le Premier ministre Alikhan Smailov, architecte de plusieurs accords logistiques bilatéraux, a d’ailleurs insisté lors du dernier forum d’Aktau sur le fait que « la logistique est désormais un outil de souveraineté et de sécurité économique ».